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Peut-on dire que le désir est spécifiquement humain ?

Publié le 13/12/2005

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Nous pouvons, d'une manière générale, désirer des objets qui ne nous sont d'aucune utilité immédiate. Autrement dit le désir semble pouvoir être absolument gratuit. Or cette gratuité ne se rencontre pas chez l'animal. Le singe a par exemple conscience que la branche peut lui servir d'appui, c'est-à-dire qu'elle peut lui remplit une fonction. En d'autres termes, la conscience de la branche ne permet de nier qu'elle est l'objet d'un besoin. A l'inverse l'homme désire des objets d'une parfaite inutilité : l'exemple le plus frappant est la pratique de l'art. L'homme est capable de désirer peindre ou jouer de la musique de manière totalement désintéressée. Ce critère de la possible gratuité du désir nous permet de le distinguer radicalement du besoin : par définition, le besoin ne peut pas être gratuit. Or, de plus la gratuité d'une pratique est un caractère spécifiquement humain. Le désir, lorsqu'il est désintéressé, est donc spécifiquement humain.

Analyse du sujet :

  • Le sujet prend la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre par « oui « ou « non « en conclusion.
  • La notion centrale est celle de désir, sur laquelle il s'agit de s'attarder. Tout désir est désir de quelque chose : il y a un objet du désir, qu'il faut entendre au sens large, et non seulement au sens d'un objet matériel qu'il s'agirait de posséder (par exemple : désirer être heureux). L'objet du désir a pour caractéristique de manquer et d'être source de satisfaction.
  • En cela, le désir est proche du besoin. Pourtant, ils diffèrent sur un point essentiel : le besoin, au contraire du désir, disparaît lorsqu'il est satisfait, alors que le désir peut ne jamais se satisfaire, ou du moins renaître dès qu'il est satisfait. Le désir est démesuré ou infini.

Problématisation :

Il s'agit de déterminer si le désir est spécifiquement humain ou peut se rencontrer chez d'autres « entités «, comme par exemple les animaux. D'où notre premier problème : peut-on, au sein de la notion de désir, dévoiler un de ses caractères qui serait à la fois spécifiquement humain ?

Il s'agira donc, premièrement, de déterminer ce qui caractérise le désir, deuxièmement, de s'assurer que ce trait est spécifiquement humain.

 

« Pour Spinoza , « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à fairequelque chose ».

Le désir est le terme générique englobant tous « les efforts,impulsions, appétits et volitions de l'homme ».

Il constitue l'essence del'homme parce qu'il est le mouvement même par lequel ce dernier s'efforce depersévérer dans son être.

Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservationde son être et susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui luisemble bon, ce qu'il aime.

En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui luiparaît faire obstacle au maintien de son être ou entraîner sonamoindrissement.

Ainsi « chacun désire ou tient en aversion nécessairementpar les lois de sa nature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».

Le désir est doncune disposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.

Cependant ce quel'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pasnécessairement ce qui lui est vraiment utile.

C'est que communément «chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais »,non selon sa droite raison.

Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, estune « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donccause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoi les hommes, en croyantobserver leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en faitnuisible. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

»(Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. Si nous admettons que la conscience est un caractère spécifiquement humain, alors le désir l'est aussi. Transition : La conscience, au sens d'une conscience de soi qui se réfléchit, est exclusivement humaine.

Pourtant, rien n'indiqueque les animaux ne possèdent pas une forme moindre de conscience.

Par exemple, le singe semble avoir conscienceque la branche peut lui servir d'appui.

Si ce dont il a conscience ne s'exprime dans aucun langage, il reste impossibled'affirmer que l'ustensilité de la branche n'est pas au moins éprouvée par le singe. II – la conscience suffit elle à affirmer que le désir est spécifiquement humain ? La conscience est, selon Heidegger, « sa propre ouverture au monde ».

Elle est ce rapport qui constitue l'hommecomme homme (comme sujet) et le monde comme monde (comme objet).

En ce sens, l'animal possède égalementune conscience, mais selon une modalité qui nous est inconnue (puisque nous ne pouvons pas entrer dans uneconscience animale).

Il est toutefois en rapport avec le monde.

Aussi, rien ne permet d'affirmer que la manière dontl'animal se rapporte au monde n'inclut pas la possibilité du désir. La limite du critère de la conscience est précisément le fait qu'on ne puisse rien dire d'une éventuelle conscienceanimale.

Cette caractéristique ne permet donc pas de trancher.

La seule spécificité du désir humain que nouspouvons affirmer sans risques, n'est qu'il peut se formuler dans un langage, alors que l'animal ne peut jamais rendrecompte de ses désirs.

Mais, encore une fois, il peut en avoir conscience. III – la possible gratuité de l'objet du désir Il semble bien qu'il faille abandonner le critère de la conscience, qui nous est apparu insuffisant.. »

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