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Peut-on dire qu'il existe une logique des événements historiques ?

Publié le 12/01/2004

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La raison de ma conduite est une peur infondée, mais une raison tout de même. Ainsi, tout événement posséderait une cause, une raison d'être ; par la suite, beaucoup d'auteurs se sont demandés si l'on devait parler de cause au sens strict (si on a un événement donné, un autre s'ensuit nécessairement) ou bien de motif, au sens où l'histoire devait s'intéresser à la psychologie des personnages historiques. II - Hegel et la raison dans l'histoire Ainsi, tout événement possède une raison d'être et en ce sens on peut dire qu'il existe une logique des évènements historiques. Toutefois, le terme même de logique possède un sens large, qui renvoie à l'idée globale de progrès, c'est-à-dire à l'enchaînement sensé et raisonné d'événements. D'un tueur qui laisse derrière lui des indices afin de transmettre un message, on dit qu'il suit une logique ou bien on s'exclame : « Il y a une logique dans tout cela ! ». C'est cette idée que prône Hegel quant à l'histoire, en disant qu'elle permet le développement progressif de la raison (logos). La logique des événements historiques ne se réduit plus aux raisons particulières qui les lient, mais au plan d'ensemble, à l'idée générale à laquelle ils renvoient. Ainsi, pour Hegel, l'histoire n'est qu'une libération progressive de la raison ou de l'esprit, une manière pour lui de se rendre conscient de lui-même. Par exemple, la Révolution française est un moment de la vie de l'esprit, où l'individu s'émancipe et se libère et où les institutions sociales et politiques tendent à s'accorder avec cette liberté. Evidemment, dans le détail, il existe des retards et les individus poursuivent des buts particuliers, mais il ne s'agit-là, dit Hegel, que d'une ruse de la raison.

Pendant très longtemps l'histoire n'a fait que s'écrire. Ce n'est que tardivement que le mot en vient à désigner «la réalité historique «. D'où l'ambiguïté du terme d'« histoire « qui désigne aussi bien les événements eux-mêmes que le récit des événements. L'histoire en tant que science historique n'est jamais que la connaissance que l'on peut avoir de la réalité historique. Il s'agit donc de penser l'histoire à la fois comme mode d'être et comme conscience de ce mode. Comment l'existence humaine peut-elle être considérée comme historique ? Comment l'histoire peut-elle se constituer comme connaissance voire comme science ?

« déploie et s'affirme. SUPPLEMENT: Le déroulement de l'histoire est rationnel. « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Hegel, La Raison dans l'histoire (1830). • Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possible de donner une vision systématique.Ainsi, chaque peuple exprime une étape du déploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va del'Est (Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne).

Ce processus est dialectique: de la rencontre et dela confrontation entre les cultures adviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époqueprécédente.

C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers un but) qui mène, selon Hegel, à la prise deconscience de soi de l'Esprit du monde.• Le travail de l'historien-philosophe, c'est donc, pour Hegel, la saisie des processus rationnels à l'oeuvre dansl'histoire de l'humanité, en insérant tous les événements dans un processus censé être nécessaire et ordonné parune fin prédéterminée. « RIEN DE GRAND NE S'EST ACCOMPLI DANS LE MONDE SANS PASSION.

» La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moins mauvaise.

Le romantisme allemand et, enparticulier, Hegel restituent à la passion toute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dansl'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après sa mort à partir de manuscrits del'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cet intérêt nous l'appelons passionlorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutesles fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.

En ce sens, nousdevons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Qui acontemplé les ruines de Carthage, de Palmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur la caducité des empires et deshommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas comme devant la tombe desêtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières:c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée.

»L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plus grandes et lesplus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur despeuples, la sagesse des États et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie despassions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnelsque par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voirl'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalitérationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

LaRaison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « latragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre souscette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté».Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, héros ou grandshommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts, figurent la réalité del'Esprit et constituent la vie même de l'absolu .« L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.

Mais sontravail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avait trouvé sajouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Ce qu'était son œuvredevient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dresse chaquefois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée, pour s'élever à uneforme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps, soumis au jugement, mourantdans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel, mais vivant et présent dans le monde »,de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pour se réaliser dans sa vérité et dans sa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que les passionssont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: la réalisation de l'Esprit ou deDieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts, cache sous des grands mots des actionségoïstes et tâche de tirer son épingle du jeu.

Et la passion, ce n'est jamais que l'activité humaine commandée pardes intérêts égoïstes et dans laquelle l'homme met toute l'énergie de son vouloir et de son caractère, en sacrifiant àses fins particulières et actuelles toutes les autres fins qu'il pourrait se donner: « Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut, d'intentionségoïstes, en ce sens que l'homme met toute l'énergie de sa volonté et de son caractère au service de ses buts enleur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifiant tout le reste.

». »

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