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Peut-on donner un sens au travail?

Publié le 14/02/2005

Extrait du document

travail
    Proposition de plan :   1- le travail : une nécessité aliénante : Si la finalité du travail c'est la survie, si le travail est pur alimentaire, s'il vise simplement à satisfaire les besoins, alors il est absurde. Conception de la Grèce antique. Le travail, expression de la misère de notre condition, asservissement à la nécessité, tâche aliénante réservée aux esclaves. Ceux-ci sont considérés comme les instruments qui libèrent de la nécessité du travail. Pour préserver sa liberté et pour s'épanouir, il ne faut pas travailler car le travail détourne des autres activités, il empêche de devenir humain (avoir le temps de s'instruire, de philosopher, de s'occuper de la politique etc. ). Thèse confirmée par la technique moderne : les machines accomplissent les tâches répétitives ou aliénantes et l'homme peut se consacrer à autre chose. Il est libéré. Distinction entre le loisir (otium) qui a sa fin en lui-même et le travail (negocium) qui est une production en vue de produire quelque chose. Aristote : le travail est l'activité humaine la plus proche de l'animalité.

 

Analyse du sujet :

  • Peut-on : implique une capacité. On s’interroge ici sur la possibilité de donner un sens au travail. Le sens n’est donc pas inhérent au travail mais lui vient de l’extérieur. C’est le regard que l’on porte sur le travail qui lui donne son sens.
  • Sens : = à la fois signification et direction. Le sens du travail, c’est le message que le travail incarne et les valeurs qu’il transmet. De plus, qui dit sens dit but, fin ultime visée. Le sens c’est ce qui justifie l’existence ou le bien fondé d’un élément particulier, ici, le travail.
  • Travail : racine latine : trepalium, instrument de torture. Cette notion est vaste et évolue selon les époques historiques. Le travail définit un large panel d’activités humaines socialement rentables : il peut désigner une activité professionnelle rémunérée autant que l’apprentissage de l’écolier. C’est une activité qui transforme la nature et qui est productrice de valeur. Elle joue un rôle économique et social en tant qu’elle met les hommes en relation. Le terme « travail « est donc problématique en soi : puisqu’il désigne plusieurs activités sociales, on peut s’interroger sur sa signification propre, qui varie selon son sens, c’est-à-dire en fonction de ce qui est entendu par ce mot. Il s’agit donc de définir plus précisément ce concept au cours de l’analyse.

Problématique :

Le sens du travail s’élabore par rapport à l’homme. Si la fin visée par le travail est bonne, c’est-à-dire bénéfique pour l’homme en tant qu’elle contribue à son élévation, alors on peut donner un sens au travail. Le sens du travail dépend de sa finalité.

De plus, la question du sens du travail est en rapport avec sa nécessité. Il est nécessaire d’établir une distinction entre travailler pour vivre et travailler pour bien vivre. De ce point de vue, on peut se demander si et en quel sens le travail est nécessaire à l’homme.

 

travail

« Le travail constitue la meilleure des polices.C'est dans « Aurore », dans un paragraphe intitulé « les apologistes dutravail », que Nietzsche déclare que le travail constitue la meilleure despolices.On connaît Nietzsche par ses attaques contre la religion et la morale,par son projet de création de nouvelles valeurs, mais on oublie souventsa critique de la société de son temps, société du commerce, du travail,de ce l'on nommera « culture de masse ».

Dans une optique strictementopposée au socialisme, méprisé par Nietzsche, il s'agit d'unedénonciation en règle du nivellement des valeurs, de la promotion de lamédiocrité.« Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur la‘bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans leslouanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir lapeur de tout ce qui est individuel […] on vise toujours sous ce nom ledur labeur du matin au soir - qu'un tel travail constitue la meilleure despolices.

»NIETZSCHE comprend la société de son temps (mais la nôtre correspondà ses analyses) comme celle du culte de l'activité, du travail, ducommerce.

Derrière cette boulimie d'activité se cache toujours le mêmebut : la sécurité « et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinitésuprême ».Or le danger, pour la foule, réside toujours dans l'individualité.

Le travail et son culte imposent une fatiguetelle, une dépense d'énergie, si immense, que toute cette force est soustraite « à la réflexion, à la méditation,à la rêverie, aux soucis, à l'amour, à la haine, il présence constamment à la vue un but mesquin et assure dessatisfactions faciles et régulières.

»La sécurité, c'est la routine et le nivellement.

Le gaspillage des forces à des buts mesquins au lieu d'unepensée du risque.

Le monde moderne est l'anti « il faut vivre dangereusement ».

Le travail et le commerceimposent le manque de distinction entre les choses, les activités et les valeurs, l'incapacité à s'affirmer par soi-même et la nécessité de tout juger selon autrui.

Or tout cela signifie refuser l'individu, l'individualité, tout cequi est grand ou seulement soi-même. « On assiste aujourd'hui […] à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme toutautant que la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez lesRomains.

»Les sociétés antiques étaient des sociétés antagonistes, polémiques, où l'on se battait pour s'affirmer, se fairevaloir comme individualité.

Le monde moderne est un monde de commerçants et de travailleurs.Le commerçant est celui qui taxe « d'après les besoins du consommateur, non d'après ses propres besoins lesplus personnels ».

Cela est d'autant plus dramatique que ce type d'estimation est appliqué à l'art et auxsciences, à la politique.

« A propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, afin de fixerpour lui-même la valeur d'une chose.

» C'est abaisser toute création au rang de marchandise, tout fruit de laculture à celui d'objet de vente, toute réussite d'un individu à une valeur d'échange.Le travailleur est celui qui s'abêtit en gaspillant ses forces au lieu de se former lui-même, de devenir une œuvreDès « Aurore », NIETZSCHE voyait le modèle de la société moderne dans la culture américaine, une non-cultureen vérité, une « sauvagerie » dans l'aspiration à l'or et la frénésie au travail.Les textes sont on ne peut plus explicites et scandent la mort de la haute culture, de l'individu, de laméditation et de l'art.« On a maintenant honte du repos et on éprouverait presque un remords à méditer […] Car la vie, devenuechasse au gain, oblige l'esprit à s'épuiser sans trêve au jeu de dissimuler, duper […] la véritable vertu consistemaintenant à faire une chose plus vite qu'une autre […] le goût de la joie s'appelle déjà ‘besoin de repos'.

» («Gai Savoir », $329).Le culte du travail et la valorisation de l'argent imposent une activité continuelle : on se détermine face àautrui en s'oubliant, et le loisir ne peut plus être ce qu'il signifiait pour les Grecs, « le temps libre », maisseulement l'indice de la nécessité du repos.

Nul rapport véritable à soi—même et encore moins aux autres n'estpossible dans une telle société.Cette société est régie par la nécessité, cad par l'absence de distinction et de reconnaissance.

« On veutvivre et l'on doit se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette situation inévitable et qui achète l'ouvrier.»Mais elle est surtout une incompréhension de ce qu'est le travail véritable, cad celui par lequel on se forme.Pour les hommes modernes « le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ilspeu difficiles dans leur choix, pourvu qu'ils aient de gros bénéfices […] Chasser l'ennui à tout prix est vulgaire,comme de travailler sans plaisir ».L'individu, par opposition à l'homme de la masse, est celui qui travaille par plaisir, cad qui peut s'imposer la plusdure, la plus pénible des activités, pourvu qu'elle représente une valeur à ses yeux, et qui refusera detravailler, quelle que soit la pression sociale, si la tâche à effectuer est indigne.

C'est celui qui sait endurer ettravail et ennui pour leur valeur intrinsèque.

L'homme du commun ne travaille que pour le gain, et refuse l'ennui; sa vertu consiste non dans l'éducation de soi-même, mais dans l'affairisme.Que la société moderne, celle des marchands et des travailleurs, interdise toute culture véritable, cela semontre à ce que devient l'art pour elle.

L'art n'a plus comme fonction que de tromper l'ennui ou de plonger dans. »

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