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peut on etre en conflit avec sois même

Publié le 26/09/2013

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Introduction Comme l’affirmaitHegel dans l’Esthétique, les animaux vivent en paix « avec les choses qui les entourent « : ils n’éprouvent pas leur monde comme étant incomplet ou décevant, ils ne s’irritent pas des limites que la nature leur a imposées, ils n’éprouvent pas l’altérité du monde comme une adversité dont il faut triompher. Rien ne leur paraît impossible, parce que rien au fond ne leur est possible : une vache ne regrette pas de ne pas pouvoir voler, parce qu’elle se contente d’être ce qu’elle est, de prélever dans l’altérité de quoi assurer sa subsistance, et de l’anéantir par la digestion. « Ce canard n’a qu’un bec, et n’eut jamais envie/ Ou de n’en plus avoir ou bien d’en avoir deux «, ainsi que l’écrivait Richepin dans son poème Oiseaux de passage, et il faut y voir négativement une description de l’homme : l’homme est cet être qui ne se contente jamais de son propre être, qui n’est jamais satisfait de son propre monde bref, cet être de désir qui exige toujours plus et autre chose que ce qu’il a. L’homme, en d’autres termes, se heurte en permanence à l’altérité sous la double figure de l’adversaire et de l’obstacle : les choses m’apparaissent d’emblée comme ce qui résiste à ma volonté, et qu’il faut transformer ou dépasser ; autrui est toujours susceptible de se dresser entre l’objet de mon désir et moimême, soit parce qu’il ne veut pas ce que je veux, soit au contraire parce qu’il convoite exactement la même chose. Être un homme, par conséquent, c’est voir son existence fondamentalement inquiétée par l’altérité, c’est entrer en conflit avec cette dernière.Qu’on soit par définition en conflit avec ce qui n’est pas soi et pas de l’ordre du soi (avec le nonmoi, comme le nommait Fichte), cela alors n’est guère douteux ; mais pour autant, peuton être en conflit avec soimême ? À première vue, cela semble impossible, si tant est qu’il ne saurait y avoir 28 Sujet 2 de conflit qu’entre deux termes qui s’opposent et se heurtent : quel sens y auraitil à dire qu’en moi, quelque chose s’oppose à moi ? Et pourtant, à en croire Hegel, les animaux ne vivent pas qu’en paix « avec les choses qui les entourent «, mais également et surtout « avec euxmêmes «. L’animal en effet ne connaît ni la morsure du remords, ni la crainte de l’avenir ; il n’est pas exposé à l’angoissante possibilité de choisir, et donc par làmême de se tromper ; étant d’emblée tout ce qu’il est, il ne risque pas de passer à côté de luimême, de devenir ce qu’il ne voulait surtout pas être ou de manquer sa vie – toutes possibilités constitutives au contraire de l’existence humaine à tel point que chacun redoute toujours qu’elles ne se réalisent ou pire, qu’elles ne se soient déjà et silencieusement réalisées. Ces expériences que tous nous avons faites, faisons ou ferons, supposent donc qu’il y a en moimême une part d’altérité, que je ne suis pas une pure « mêmeté « identique à soi, sans contradiction ni relief ; et effectivement, il est clair que nos désirs sont euxmêmes contradictoires, que nous pouvons en même temps vouloir tout et son contraire, que deux alternatives peuvent se présenter à nous comme également désirables, lors même qu’elles sont exclusives l’une de l’autre ; clair également, que nous vivons quotidiennement le conflit déchirant (voire désespérant) qui oppose ce que nos désirs ordonnent et ce que le devoir moral commande. Mais si l’homme est ainsi en quelque sorte la contradiction faite homme, la question se retourne : pouvonsnous seulement résorber la tension, et cesser ainsi d’être en conflit avec nousmêmes ? De la contradiction des app&ea...

« comme le nommait Fichte), cela alors n'est guère douteux ; mais pour autant, peuton être en conflit avec soimême ? À première vue, cela semble impossible, si tant est qu'il ne saurait y avoir 28 Sujet 2 de conflit qu'entre deux termes qui s'opposent et se heurtent : quel sens y auraitil à dire qu'en moi, quelque chose s'oppose à moi ? Et pourtant, à en croire Hegel, les animaux ne vivent pas qu'en paix « avec les choses qui les entourent », mais également et surtout « avec euxmêmes ».

L'animal en effet ne connaît ni la morsure du remords, ni la crainte de l'avenir ; il n'est pas exposé à l'angoissante possibilité de choisir, et donc par làmême de se tromper ; étant d'emblée tout ce qu'il est, il ne risque pas de passer à côté de luimême, de devenir ce qu'il ne voulait surtout pas être ou de manquer sa vie - toutes possibilités constitutives au contraire de l'existence humaine à tel point que chacun redoute toujours qu'elles ne se réalisent ou pire, qu'elles ne se soient déjà et silencieusement réalisées. Ces expériences que tous nous avons faites, faisons ou ferons, supposent donc qu'il y a en moimême une part d'altérité, que je ne suis pas une pure « mêmeté » identique à soi, sans contradiction ni relief ; et effectivement, il est clair que nos désirs sont euxmêmes contradictoires, que nous pouvons en même temps vouloir tout et son. »

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