Peut-on être heureux sans être libre ?
Publié le 15/11/2011
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Kant, dans Les morales du devoir, montre que le bonheur n’est pas accessible à l’homme… On peut donc se demander ce qui l’empêche d’atteindre cet idéal. Pour Jean-Paul Sartre, il s’agit en somme d’un paradoxe : « l’homme est condamné à être libre « ; cela signifie qu’il dispose d’une liberté infinie, absolue, laquelle le rend entièrement responsable de ses choix. Sartre réfute donc le déterminisme, car, selon lui, l’homme a toujours le choix et, du coup, la possibilité de donner un sens à sa vie ! Il est donc faux de dire qu’il est déterminé par les circonstances, par son histoire personnelle etc., puisqu’il décide lui-même du coefficient d’adversité des choses, c’est-à-dire de son sort : « C’est notre liberté qui cons-titue les limites qu’elle rencontrera par la suite « ; être libre, c’est être en accord avec ses convictions. Pourtant, malgré sa liberté absolue, l’homme n’accède pas au bonheur absolue.
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pouvait exiger n’importe quel divertissement, tandis qu’un paysan, à la même époque était obligé de se tuer à latâche pour survivre ; ce paysan, pourtant, jouissait d’une certaine liberté, mais elle était insuffisante pour lui donnerdu bonheur.
Quel intérêt alors à être libre ?Si le bonheur ne dépend pas de la liberté, existe-t-il un intérêt à être libre ? d’autant qu’on peut souffrir de saliberté, les héros des tragédies le prouvent : ils sont libres de choisir mais quel choix ! ils ne peuvent s’y résoudremais y sont, en quelque sorte, forcés par le destin, d’où un certain paradoxe, ce qui démontre bien le véritablecaractère de la liberté ; en effet, pour les stoïciens, être libre, c’est accep-ter l’inéluctable déterminisme : touteaction humaine dépend des événements qui la précèdent, la notion de libre arbitre est donc réfutée.
Le bonheurrepose, lui, sur une sagesse, c’est-à-dire une résignation… il faut subir et accepter ce que l’on ne peut éviter, etdès lors, nous serons heureux.
Ainsi les moralistes condamnent-ils le désir car il place l’homme hors de son bonheurnaturel pour des choses superflues ou vaines.
Cela explique bien qu’un prisonnier, par exemple, peut être heureux enprison tandis que le gar-dien de cette dernière, forcé à aller travailler tous les jours, ne connaît pas le bonheur, nonpar manque de libertés, mais parce qu’il n’accepte pas ce qui lui arrive.
« Vivons heureux en attendant la mort ! »disait Pierre Desproges ; car oui, nous savons ce qui nous attend ; et il vaut mieux penser à autre chose plutôt quede se morfondre sur son destin : celui qui craint d’aller travailler parce qu’il n’aime pas son métier sera malheureuxtandis que s’il évite d’y penser ou s’il l’accepte, il pourra se consacrer au bon-heur.
Celui du prisonnier dépend deson environnement, soit de l’état de la prison et de ses conditions de vie ; cela dit, s’il est en prison, il ne doit cettepeine qu’à son forfait, et il est plus ou moins facile de l’accepter puisqu’il n’est en prison que par sa faute.
De touteévidence, chaque homme est libre d’être heureux et de trouver le bonheur, quels que soient son environnement etles situations auxquelles il doit faire face puisqu’il est censé, pour être heureux, les accepter.
C’est la seule libertédont il dispose et son bonheur ne peut être que par elle ! Or, chaque individu jouit de cette liberté mais aucun n’esttotalement heureux.
Le bonheur existe-il alors ? Cette unique liberté nuit-elle au bonheur ?
Kant, dans Les morales du devoir, montre que le bonheur n’est pas accessible à l’homme… On peut donc sedemander ce qui l’empêche d’atteindre cet idéal.
Pour Jean-Paul Sartre, il s’agit en somme d’un paradoxe : « l’hommeest condamné à être libre » ; cela signifie qu’il dispose d’une liberté infinie, absolue, laquelle le rend entièrementresponsable de ses choix.
Sartre réfute donc le déterminisme, car, selon lui, l’homme a toujours le choix et, du coup,la possibilité de donner un sens à sa vie ! Il est donc faux de dire qu’il est déterminé par les circonstances, par sonhistoire personnelle etc., puisqu’il décide lui-même du coefficient d’adversité des choses, c’est-à-dire de son sort :« C’est notre liberté qui cons-titue les limites qu’elle rencontrera par la suite » ; être libre, c’est être en accord avecses convictions.
Pourtant, malgré sa liberté absolue, l’homme n’accède pas au bonheur absolue.
Il faut donc enconclure que sa totale liberté l’empêche d’être heureux, comme si le bonheur ne résultait en fait que d’un hasard, unhasard dont l’homme ne peut profiter, car il est condamné à faire lui-même de sa vie ce qu’elle est… Sommes nousdonc heureux d’être libre ? il semble que l’homme soit malheureux parce qu’il n’est pas libre de refuser sa liberté ; ilne peut accuser la fatalité et n’a, de fait, aucune excuse !… Par exemple, si l’on en croit Sartre, un juif déporté àAuschwitz ne doit s’en prendre qu’à lui-même de se trouver en pa-reil endroit ; car si le régime nazi l’a envoyé là-bas, cela n’est dû qu’à une série de choix malencon-treux de sa part, laquelle série a fait, non son bonheur, maisson malheur ; mais comment aurait-il pu prévoir ce qui allait se passer ? le problème est là, il ne le savait pas.L’homme est donc responsable de ses actes mais il ignore leurs conséquences futures ; aussi ne peut-il atteindre lebonheur que grâce à un hasard indépendant de sa volonté, c’est-à-dire contingent, mais il semble possible que lanature humaine et le bonheur soient incompatibles et qu’on ne puisse être heureux qu’en n’étant pas libre.
Existe-ilun homme qui n’ait jamais fait un mauvais choix ? Et l’homme a-t-il une idée précise de sa conception du bonheur ?car si son choix était mauvais, l’autre aurait-il été meilleur ? Une chose est sûre : si l’homme connaît le bonheur,celui-ci sera éphémère, car l’homme cherche toujours à améliorer ce qui n’a pas vo-cation à l’être.
Nous avons montré que le malheur, pour l’homme, consiste à désirer ce qui n’est pas à sa por-tée.
Pour être à peuprès heureux, il doit se contenter de ce qu’il a ; en effet, c’est par le caractère vain du désir que l’homme s’égare.Ainsi pourra-t-il disposer d’une liberté à sa mesure et celle-ci lui permet-tra de disposer d’un certain bonheur… Maisla liberté n’est pas essentielle au bonheur : l’homme, pour combler son ennui, doit se divertir ; toutefois, elle peutconstituer un avantage, bien qu’un individu sans libertés soit lui aussi à même d’éprouver le bonheur ; il suffitd’accepter ce qui nous arrive, cela n’étant pas le fruit de notre volonté.
Or, pour Sartre, l’homme dispose d’uneliberté infinie et n’a donc aucune excuse quant aux événements qu’il doit subir.
Il pourrait donc faire en sorted’éprouver le bonheur mais comme il ignore les conséquences de ses choix, il erre dans sa vie à l’aveuglette et soitne touche jamais le bonheur, soit il le détruit avant d’en profiter, simplement parce qu’il ignore l’avoir atteint..
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