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Peut-on étre insensible a la beauté ?

Publié le 27/02/2008

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Mais l'homme dont l'initiation est ancienne ou qui s'est laissé corrompre a peine à remonter d'ici-bas, dans l'autre monde, vers la beauté absolue, quand il contemple sur terre une image qui en porte le nom. Aussi, loin de sentir du respect à sa vue, il cède à l'aiguillon du plaisir et, comme une bête, il cherche à la saillir et à lui jeter sa semence, et dans la frénésie de ses approches il ne craint ni ne rougit de poursuivre une volupté contre nature. Mais celui qui a été récemment initié, qui a beaucoup vu dans le ciel, aperçoit-il en un visage une heureuse imitation de la beauté divine ou dans un corps quelques traits de la beauté idéale, aussitôt il frissonne et sent remuer en lui quelque chose de ses émotions d'autrefois ; puis, les regards attachés sur le bel objet, il le vénère comme un dieu, et, s'il ne craignait de passer pour frénétique, il lui offrirait des victimes comme à une idole ou à un dieu. »   On pourrait envisager cependant des défaillances de ce jugement reconnaissant universellement la beauté, et cela constitue un premier moyen de critiquer la position kantienne. La sensibilité à la beauté serait alors une faculté susceptible de s'émousser, de s'altérer, si bien que l'on pourrait la perdre de vue et devenir incapable de la pratiquer. On pourra interroger à ce titre la notion de « corruption » que Platon met en avant dans son texte ; on pourrait alors être insensible à  la beauté, il suffirait pour cela que nous ayons laissé notre nature se corrompre.     * Il faut concevoir un couple beauté/sentiment plutôt qu'un couple beauté/jugement    Hume   « La différence (...) est très vaste entre le jugement et le sentiment. Tout sentiment est juste, parce que le sentiment n'a référence à rien au-delà de lui-même et qu'il est partout réel où l'homme en est conscient. Mais toutes les déterminations de l'entendement ne sont pas justes, parce qu'elles portent référence à quelque chose au-delà d'elles-mêmes, c'est-à-dire, à la réalité, et qu'elles ne sont pas toujours conformes à cette norme.

Demander si l’on peut être insensible à la beauté, c’est, semble-t-il, postuler qu’il existe une beauté en soi – l’usage de l’article défini « la « produit cette impression. On pourra alors demander si la sensibilité à la beauté objective est une faculté commune à tous, par exemple. Mais on pourra alors montrer que cette conception d’une beauté objective est limitée, que la beauté d’un objet est tributaire d’un jugement du sujet qui l’appréhende – partant, demander si l’on peut-être insensible à « la « beauté n’aurait pas vraiment de sens, car le concept de beauté ne se prêterait pas à une compréhension aussi figée. Il faudrait alors envisager plusieurs types de sensibilités, plusieurs types de beauté, et, surtout, un lien créateur entre la sensibilité et la beauté. On pourrait alors s’interroger sur la notion de « goût «, qui renvoie, en esthétique, à une capacité à porter un jugement sur la beauté d’une œuvre d’art et aux processus par lesquels nous portons ce jugement – cette notion de goût pouvant être élargie dans son application, pour les besoins du sujet, à tous les objets potentiellement concernés par la notion de beauté.

« seulement pour lui mais pour tous et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété d'objets ; il dit donc : lachose est belle, et s'il compte sur l'accord des autres avec son jugement de satisfaction, ce n'est pas qu'il ait constatédiverses reprises cet accord mais c'est qu'il l'exige.

Il blâme s'ils jugent autrement, il leur dénie le goût tout en demandantqu'ils en aient ; et ainsi on ne peut pas dire : chacun son goût.

Cela reviendrait à dire : il n'y a pas de goût, c'est-à-dire pasde jugement esthétique qui puisse légitimement prétendre l'assentiment universel.

» On peut commencer par mettre en avant un concept très fort de la beauté, qui dépasserait la question de la sensibilitéindividuelle et renverrait à une faculté universelle.

Le jugement qui attribuerait la beauté ne serait pas un jugementd'agrément, mais répondrait à une faculté de reconnaissance universelle de la beauté.

L'insensibilité à la beauté serait alorsun non-sens pour l'esprit humain.

* L'insensibilité à la beauté comprise comme une défaillance humaine Platon « Il faut pardonner ces longueurs au souvenir et au regret de ces visions célestes.

Je reviens à la beauté.

Nous l'avons vuealors, je l'ai dit, resplendir parmi ces visions ; retombés sur la terre nous la voyons par le plus pénétrant de tous les senseffacer tout de son éclat.

La vue est, en effet, le plus subtil des organes du corps ; cependant elle ne perçoit pas la sagesse ;car la sagesse susciterait d'incroyables amours si elle présentait à nos yeux une image aussi claire que celle de la beauté, etil en serait de même de toutes les essences dignes de notre amour.

La beauté seule jouit du privilège d'être la plus visible etla plus charmante.

Mais l'homme dont l'initiation est ancienne ou qui s'est laissé corrompre a peine à remonter d'ici-bas,dans l'autre monde, vers la beauté absolue, quand il contemple sur terre une image qui en porte le nom.

Aussi, loin desentir du respect à sa vue, il cède à l'aiguillon du plaisir et, comme une bête, il cherche à la saillir et à lui jeter sa semence,et dans la frénésie de ses approches il ne craint ni ne rougit de poursuivre une volupté contre nature.

Mais celui qui a étérécemment initié, qui a beaucoup vu dans le ciel, aperçoit-il en un visage une heureuse imitation de la beauté divine oudans un corps quelques traits de la beauté idéale, aussitôt il frissonne et sent remuer en lui quelque chose de ses émotionsd'autrefois ; puis, les regards attachés sur le bel objet, il le vénère comme un dieu, et, s'il ne craignait de passer pourfrénétique, il lui offrirait des victimes comme à une idole ou à un dieu.

» On pourrait envisager cependant des défaillances de ce jugement reconnaissant universellement la beauté, et cela constitueun premier moyen de critiquer la position kantienne.

La sensibilité à la beauté serait alors une faculté susceptible des'émousser, de s'altérer, si bien que l'on pourrait la perdre de vue et devenir incapable de la pratiquer.

On pourra interrogerà ce titre la notion de « corruption » que Platon met en avant dans son texte ; on pourrait alors être insensible à la beauté,il suffirait pour cela que nous ayons laissé notre nature se corrompre.

* Il faut concevoir un couple beauté/sentiment plutôt qu'un couple beauté/jugement Hume « La différence (...) est très vaste entre le jugement et le sentiment.

Tout sentiment est juste, parce que le sentiment n'aréférence à rien au-delà de lui-même et qu'il est partout réel où l'homme en est conscient.

Mais toutes les déterminationsde l'entendement ne sont pas justes, parce qu'elles portent référence à quelque chose au-delà d'elles-mêmes, c'est-à-dire, àla réalité, et qu'elles ne sont pas toujours conformes à cette norme.

(...) Au contraire, un millier de sentiments différents,excités par le même objet, sont justes, parce qu'aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet.

Il marqueseulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit, et si cette conformitén'existait pas réellement, le sentiment n'aurait pu selon toute possibilité exister.

La beauté n'est pas une qualité inhérenteaux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit reçoit une beauté différente.Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté ; et tout individu devrait êtred'accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres.

» Une seconde piste critique, qui invaliderait les positions platonicienne et kantienne, serait de faire la promotion dusentiment et non du jugement pour poser le problème de la sensibilité ou de l'insensibilité à la beauté.

Le texte de Humepermet d'envisager une approche perspectiviste de la beauté, la beauté serait une qualité que l'on attribuerait aux choses enfonction de notre sentiment, et il serait abusif de rechercher une universalité quelconque dans ce processus.

Le sujet seraitalors remis en question dans ses termes même : demander si l'on peut être insensible à la beauté, en effet, ce seraitméconnaître le processus par lequel l'individu attribue la beauté à un objet.

Conclusion. »

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