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Peut-on être maître de sa destinée?

Publié le 11/03/2005

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Épicure a délivré les hommes d'une explication mythologique et irrationnelle du monde. Les dieux ne sont pour rien dans notre destin. Les hommes ne sont pas soumis à leurs caprices. La raison est une faculté pensante et, dès que l'homme a compris que l'univers est composé d'atomes et de vide, il ne croit plus à la fatalité. Il sait qu'il appartient à la bonne disposition de son âme de choisir une vie accomplie dans la tranquillité de l'âme. Il lui appartient de distinguer avec mesure les plaisirs que peuvent lui apporter le réel bonheur.  [Il ne saurait y avoir de hasard dans la trame du monde. Dieu a ordonné le monde et a mis dans notre esprit suffisamment d'intelligence pour que nous connaissions sa puissance.]  Dieu a établi les lois de la natureComment peut-on expliquer par les seules lois du hasard l'harmonie et la perfection du monde ? Le hasard n'est pas explicatif.

• Réfléchir à partir des deux sens de « destinée « que Maurice Blondel dégage dans son livre L'Action.  En un premier sens (que l'on peut identifier à celui de « destin «), il écrit que « ce terme équivoque désigne le développement nécessaire de la vie, indépendamment de toute intervention de l'homme dans la trame des événements qui se déroulent en lui et en dehors de lui. «  En un second sens, le mot destinée désigne « la façon personnelle dont nous parvenons à nos fins dernières, selon l'usage même de la vie et l'emploi de nos volontés «.  • Que peut-on penser sous le terme « maître « ici ?

« sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui sedésagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade),puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ». Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cetteâme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plussubtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mortsurvient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposerpuisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que lereste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absencede sensation. » En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la sourcede toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de toutmal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d' Épicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition dessensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de laconscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais quec'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagessematérialiste. La modération des désirs. Maintenant que nous avons vu les deux conditions négatives du bonheur, cad les pensées et les craintes qu'ilfaut éliminer pour pouvoir jouir de la vie, il nous faut encore définir positivement comment atteindre le bonheur.Un peu de réflexion nous montre qu'il est absurde de désirer des plaisirs inaccessibles, ou qui ont desconséquences fâcheuses et se paient de plus grandes souffrances, comme les plaisirs de la gourmandise qui,pratiqués à l'excès, finissent par nous rendre affreusement malades.

Il convient donc de modérer ses désirs,d'opérer un tri entre eux.

Mais jusqu'à quel point ? Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels etaussi ceux qui ne sont pas nécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.

Mais qu'est-ce quiest naturel dans les désirs humains ? Et surtout, qu'est-ce qui est absolument nécessaire à notre bonheur ?Epicure ne donne pas de réponse très précise, mais il nous dit qu'il faut savoir se contenter de peu.

Ainsi, celui qui désire des mets raffinés risque fort d'être déçu et malheureux s'il n'a pas toujours les moyens de seles offrir, ou si le cuisinier rate son plat, ou si mille autres ennuis viennent l'en priver.

Avoir des désirs de luxenous expose à souvent souffrir.

Il faut donc les éliminer.

En revanche, celui qui ne désire que des nourritures« naturelles », un peu de pain par exemple, trouvera facilement à se satisfaire, et peut même en retirer un trèsvif plaisir s'il a vraiment faim et soif.

En outre, le sage qui ne désire rien de plus pourra tout de même, s'il estinvité à un banquet, jouir de la nourriture succulente.

De tels plaisirs ne sont nullement interdits, à conditionde ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.

Il faut donc passer ses désirs au crible de saraison et éliminer impitoyablement tous ceux qui ne sont pas naturels et nécessaires, tous ceux qui sont vains,artificiels, superflus ou excessifs .

alors nous serons sages et nous atteindrons l'ataraxie, l'état d'absence detrouble de l'âme, cad le bonheur.

En effet, ce sont les angoisses, les passions, les désirs inassouvis quitroublent notre âme, nous font souffrir et nous empêchent d'être heureux.

Se délivrer de tout cela, c'est déjà être heureux, de même qu'il faut penser que le plaisir se trouve déjà dans l'absence de souffrance.

Nousvoyons qu' Épicure redéfinit le plaisir (et corrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, qui n'aperçoit de plaisir que dans un excitation positive des sens ou de l'esprit.

Nous voyons aussi quelle est lavraie nature de l'hédonisme d' Épicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même sic'est dans de tout autres buts. Épicure a délivré les hommes d'une explication mythologique et irrationnelle du monde.

Les dieux ne sont pour riendans notre destin.

Les hommes ne sont pas soumis à leurs caprices.

La raison est une faculté pensante et, dès quel'homme a compris que l'univers est composé d'atomes et de vide, il ne croit plus à la fatalité.

Il sait qu'il appartientà la bonne disposition de son âme de choisir une vie accomplie dans la tranquillité de l'âme.

Il lui appartient dedistinguer avec mesure les plaisirs que peuvent lui apporter le réel bonheur.. »

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