Peut-on être trop libre ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
bien veux-tu dire ? La liberté, répondis-je.
En effet, dans une cité démocratique tu entendras dire que c'est le plus beau detous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saura habiter ailleurs que dans cette cité (...).
Or (...) n'est-ce pas le désirinsatiable de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l'obligation de recourirà la tyrannie ? (...).
Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elles'enivre de ce vin pur au delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et nelui font pas large mesure de liberté, elle les châtie (...).
Et ceux qui obéissent aux magistrats elle les bafoue et les traited'hommes serviles et sans caractère.
Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ontl'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants.
N'est-il pas inévitable que dans une pareille citél'esprit de liberté s'étende à tout ? (...).
Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la fin l'anarchie gagnejusqu'aux animaux ? (...).
Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme descitoyens tellement ombrageuse qu'à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ? Et ils enviennent à la fin, tu le sais, à ne plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoir absolument aucun maître.
Jene le sais que trop, répondit-il.
Eh bien ! mon ami, c'est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à latyrannie.
» Le rapport total que l'individu entretient avec sa propre liberté est mis en question dès que cet individu prend part à unevie communautaire, parce que cette vie met en place certaines règles entravant la liberté des individus pour permettre uneliberté minimale commune.
Dans un tel cadre, on peut être trop libre, par rapport à la norme édictée par la communautépour son propre bien.
Platon souligne ainsi les dangers d'un excès de liberté pour une communauté politique.Il faudrait trouver alors un moyen de résorber la tension existant entre la liberté individuelle et la liberté permise par lesystème politique auquel on appartient.
* L'éducation de la liberté : une liberté correctement exercée n'est pas trop libre, elle tombe toujours juste Kant « J'avoue que je ne puis me faire à ces façons de parler dont se servent même des gens fort sages : « Tel peuple » (en traind'élaborer sa liberté et ses lois) « n'est pas mûr pour la liberté » ; « les serfs de tel grand seigneur ne sont pas encore mûrspour la liberté » ; « les hommes, d'une manière générale, ne sont pas encore mûrs pour la liberté de croyance ».
Mais danscette hypothèse, la liberté n'arrivera jamais, car on ne peut mûrir pour la liberté qu'à la condition préalable d'être placé danscette liberté ; il faut être libre afin de pouvoir user comme il convient de ses facultés dans la liberté).
Il est certain que lespremiers essais seront grossiers et qu'ordinairement même ils se relieront à un état de choses plus pénible et plus dangereuxque celui où l'on vit sous les ordres d'autrui, mais aussi sous sa prévoyance ; seulement, on ne peut mûrir pour la raison quepar des essais personnels.
» Un des moyens de résorber la tension évoquée en fin de seconde partie est peut-être d'envisager la liberté comme unefaculté en exercice permanent et non comme une faculté que l'on possède une fois pour toutes.
La liberté est alors à la foisdonnée et interrogée en permanence, et ceci dans le domaine de l'individu comme dans celui de la communauté.
Elle n'estcertes pas protégée contre d'éventuels excès, mais l'évaluation permanente dont elle est l'objet permet de l'ajuster.
De cettemanière, elle n'est jamais condamnée sur l'argument de l'excès et est exercée en permanence par chacun.
Conclusion Le sujet met en jeu une tension existant entre la liberté comprise comme faculté strictement individuelle et la liberté prisedans un système communautaire, ce système définissant des cas dans lesquels on est « trop libres ».
Un des moyens derésorber cette tension, au lieu de condamner simplement des excès de liberté, consiste à promouvoir dans le domainepolitique un exercice permanent de la liberté, de la même manière que les stoïciens arrivent à l'indépendance de l'âme parun exercice de la raison..
»
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