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Peut-on expliquer un événement historique ?

Publié le 05/02/2004

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Cela implique qu'ils soient d'abord isolés, repérés, « découpés » dans le flux des choses, ce pour quoi interviennent de multiples instruments, d'observation ou de mesure, qui sont bien des théories matérialisées. Le fait scientifique est ainsi, dès sa constitution, pris dans un réseau de scientificité qui le rend mieux connaissable. [B. La répétitivité]Il est surtout nécessaire, pour qu'un fait s'inscrive dans quelque recherche scientifique que ce soit, qu'il soit conçu comme répétitif. Par principe, la science ne s'intéresse ni aux « exceptions », ni aux événements « miraculeux », d'autant plus surprenants qu'ils ne se produiraient qu'une fois. Elle abandonne volontiers de tels phénomènes aux pseudo-sciences qui ne seront jamais à court d'hypothèses ou de commentaires à leur sujet, et s'intéresse uniquement aux phénomènes susceptibles de se répéter. [C. La loi]Par définition, la science cherche à découvrir les lois auxquelles obéis-sent les phénomènes qui lui semblent problématiques. Et une loi formule un fonctionnement universel, qui ne peut en effet concerner qu'un nombre a priori infini de phénomènes semblables. On imagine mal ce que pourrait être une loi énoncée pour expliquer un phénomène n'apparaissant qu'une seule fois ! Ce pourrait être une considération plus ou moins fondée ou farfelue, mais en aucun cas une loi, puisqu'elle serait par principe invérifiable.

« victimes).Cette singularité de l'événement signifie que, par-delà des ressemblances générales – celles qui justifient l'usaged'un nom commun –, deux famines, deux révolutions ou deux traités de paix nécessitent des « explications » àchaque fois aussi singulières que les événements eux-mêmes. [C.

Conditions et régularités]Dans de telles conditions, la découverte d'une « cause » de l'événement semble devoir être aussitôt abandonnée, sil'on admet qu'il n'y a de cause que répétitive.

On la remplacera donc par l'analyse des conditions qui ont rendupossible un événement, et l'on essaiera bien sûr de hiérarchiser ces conditions en montrant que, en l'absence decelle que l'on tiendra pour fondamentale, les autres n'auraient pu faire apparaître l'événement tel qu'il a eu lieu.De même, si l'on s'en tient à la conception classique de la loi, sa découverte semble vouée à l'échec dans le récithistorique ; mieux vaut alors considérer l'existence de régularités repérables dans divers secteurs et àcertains niveaux de l'existence historique (démographique, économique...).

Mais on doit préciser que de tellesrégularités, même si certains préfèrent malgré tout les nommer lois, ne permettent aucune prévision (faute de quoile présent lui-même ne nous réserverait jamais aucune surprise, puisqu'il serait connu d'avance).

Plus radicalement,ces régularités sont en fait invérifiables (et donnent à toutes les explications un caractère hypothétique), puisqueimpossibles à expérimenter, en sorte que, du point de vue de Popper, l'histoire ne saurait être une science.

Il n'enreste pas moins qu'elle explique les événements, c'est-à-dire qu'elle leur confère une certaine intelligibilité.

SUPPLEMENT: « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» POPPER L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succès scientifique ouvreplus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il n'y a rien qui vaillevraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences commel'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marxpeuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la découverte scientifique »propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifiqued'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère dedémarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pourtoutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, aumoyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doitpouvoir être réfuté par l'expérience.

»A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était lecaractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant entirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellementvalides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » etdoit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer une règle universelleà partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience,est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissionsavoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.

»Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigencesauxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, êtresynthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxième lieu, il devrasatisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devra représenter unmonde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de quelque autremanière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre monde del'expérience.

»La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilementtestés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » parl'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse.Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreusesobservations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié parl'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un systèmefaisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

»Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique,puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'est pas vertumais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories commele marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité des phénomènes qui se. »

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