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PEUT-ON JUSTIFIER CERTAINES INEGALITES ?

Publié le 21/03/2005

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  Transition : Ainsi il semble que certaines inégalités dès qu'elles sont justifiables en vue de l'utilité générale sont justifiables dans la mesure où elles visent le bien commun. Au pire elles peuvent donner droit à une désobéissance civile pour faire appel au sens moral de la communauté. Cependant, si l'on peut justifier au niveau de la société certaines inégalités, n'est-ce pas ne pas tenir compte de l'individu et ne pas saisir l'expérience d'injustice découlant de l'inégalité ?     II - Inégalité, sentiment d'injustice et individu   a) Le problème principal se situe en effet dans la non-reconnaissance justement de l'individu dans sa spécificité et dans son expérience de l'injustice dans la théorie rawlsienne de la justice. L'individu est sacrifié en vue de l'utilité de la majorité. Dès lors, en définissant la justice à partir du droit de la liberté, cela revient à affirmer que les différentes représentations du bien ne sont acceptables que dans la mesure où elles sont conformes à l'égal respect de ces libertés individuelles. Et en ce sens comme le remarque à juste titre Emmanuel Renault dans l'Expérience d'injustice, il y a une priorité du juste sur le bien. Or pour que l'on prenne en considération vraiment l'expérience de l'injustice d'où vient l'inégalité il ne faut pas seulement poser les exigences d'une justice sociale mais bel et bien une théorie de la reconnaissance qui seul peut rendre compte et pallier ce sentiment d'injustice. En ce sens, c'est bien l'existence individuel qu'il faut placer au coeur du discours et non plus seulement l'utilité de la totalité. Et c'est en ce sens que l'inégalité peut être comprise comme un pendant à une théorie de la reconnaissance développant ainsi une critique politique.

L’inégalité est tout d’abord l’expression d’un concept numérique : celui de l’absence d’égalité entre deux rapports ou deux objets. L’un des deux a une qualité ou une quantité supérieure par rapport à l’autre ce qui en fait un facteur d’individuation et de différenciation. Or pour nous, l’inégalité peut se comprendre de deux manières : soit comme inégalité naturelle c’est-à-dire celle relativement à la forme de notre corps, notre âge, notre longévité etc. soit comme inégalité sociale et politique c’est-à-dire celle relevant de privilèges octroyés ou d’injustices. Ainsi l’inégalité, pour nous doit-elle se comprendre notamment à l’aune d’une conception de la justice sociale principalement, c’est-à-dire à travers le prisme de la morale, de la politique et du droit. En effet nous insisterons plus particulièrement sur le second aspect de la définition de l’inégalité. La justice sociale peut être définie comme la tentative de conciliation de l’égalité juridique des individus avec les inégalités sociales et économiques. Dans ce cas l’inégalité se comprend comme un défaut de justice. Or force est de constater que nos sociétés sont traversées par de nombreuses inégalités notamment socio-économiques. Mais comment rendre compte de ces inégalités, voire comment les justifier dans la mesure où certaines structurent littéralement notre mode vie comme l’est le couple employeur-employé dans une structure capitaliste : est-ce le fruit du hasard ou la conséquence d’une volonté politique ? Mais surtout comment expliquer des différences de droits entre les citoyens si comme le précise la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen « tous les hommes naissent libres et égaux en droit « ?

            Ainsi, si dans un premier temps nous essaierons de voir et de comprendre comment des inégalités sont possibles au sein de nos sociétés (1ère partie) nous serons sans doute amener à en apprécier les enjeux pour l’individu (2nd partie) et dès lors d’envisager les conséquences au niveau de la compréhension du contrat social (3ème partie).

 

« appel au sens moral de la communauté.

Cependant, si l'on peut justifier au niveau de la société certaines inégalités,n'est-ce pas ne pas tenir compte de l'individu et ne pas saisir l'expérience d'injustice découlant de l'inégalité ? II – Inégalité, sentiment d'injustice et individu a) Le problème principal se situe en effet dans la non-reconnaissance justement de l'individu dans sa spécificité etdans son expérience de l'injustice dans la théorie rawlsienne de la justice.

L'individu est sacrifié en vue de l'utilité dela majorité.

Dès lors, en définissant la justice à partir du droit de la liberté, cela revient à affirmer que les différentesreprésentations du bien ne sont acceptables que dans la mesure où elles sont conformes à l'égal respect de ceslibertés individuelles.

Et en ce sens comme le remarque à juste titre Emmanuel Renault dans l'Expérience d'injustice , il y a une priorité du juste sur le bien.

Or pour que l'on prenne en considération vraiment l'expérience de l'injustice d'où vient l'inégalité il ne faut pas seulement poser les exigences d'une justice sociale mais bel et bien unethéorie de la reconnaissance qui seul peut rendre compte et pallier ce sentiment d'injustice.

En ce sens, c'est bienl'existence individuel qu'il faut placer au cœur du discours et non plus seulement l'utilité de la totalité.

Et c'est en cesens que l'inégalité peut être comprise comme un pendant à une théorie de la reconnaissance développant ainsi unecritique politique.b) Nous pouvons définir en effet l'inégalité vécu au point de vue individuel, c'est-à-dire l'expérience d'injusticecomme une individualisation d'un manque de reconnaissance en vertu d'un horizon d'attentes sociales normatives.

Orla théorie de la reconnaissance comme le développe Emmanuel Renault dans l'Expérience d'injustice remonte effectivement aux attentes normatives fondamentales sur lesquelles repose notre vie éthique et morale, conditionqui, lorsqu'elles sont durablement insatisfaites, sapent tout ce qui fait la valeur de l'existence et c'est pourquoi lathéorie de la justice comme équité est insatisfaisante.

La théorie de la reconnaissance dépasse le juste encomprenant sa forme morale et politique comme par exemple la reconnaissance du travail à travers l'estime de soi.La théorie de la reconnaissance ne donne pas non plus prise à la critique positiviste du droit dans la mesure où ellene cherche pas à définir une conception de la vie réussi, donc à faire référence à un idéal, mais bien plutôt à définirune conception de la vie non dégradée et cela raison du fait que le sentiment d'inégalité ne s'ancre pas dans ledépit de ne pas se réaliser mais dans une dégradation des conditions sociales.c) Et c'est en ce sens qu'on peut dire en référence à Emmanuel Renault dans l'Expérience d'injustice que le sentiment d'injustice dérivant de l'inégalité peut donner place à une critique politique passant par une psychologiemorale, donc établir une volonté de reconnaissance de soi qui passe principalement par le respect, l'estime etl'identité non pas en vertu d'une justice idéale mais comme simple application du droit de la personne le plus souventface aux divers discriminations, autrement dit, une revendication de dignité, de dignité de la personne humaine.

Lerenvoi à un ordre de justice supérieur est en fait symptomatique d'un manque de reconnaissance.

L'inégalité et levécu d'injustice qu'elle développe est donc la mise en exergue d'un conflit entre un horizon d'attente relativement àdes normes sociales et ces mêmes normes sociales.

C'est pourquoi l'inégalité doit être compris dans une dynamiquenormative faisant référence à des revendications et comme rejet des situations injustes.

Transition : En ce sens, si du point de vue de l'ensemble de la société prise abstraitement il apparaît possible de justifiercertaines inégalités selon l'utilité qu'elles ont pour le bien commun, il n'en reste pas moins que ces inégalités sontinjustifiables du point de concret et si l'on se place à l'échelle du vécu de l'individu notamment à travers sonsentiment d'injustice.

C'est pourquoi une théorie de la reconnaissance doit remplacer une théorie de la justice.Cependant, même au point de vue contractualiste on peut se demander si une inégalité est justifiable.

III – Pacte social et égalité a) En effet, dans le chapitre I, 6 du Contrat social , Rousseau énonce le principe définissant le pacte social : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volontégénérale; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisibledu tout.» Ainsi personne n'a intérêt a rendre onéreux pour autrui toutedécision dans la mesure où il en fera aussi les frais et risque à terme aussi demettre à bas le pacte social.

En effet, « la condition étant égale pour tous,nul n'a intérêt de la rendre onéreuse aux autres.

» L'aliénation est sansréserve et crée un corps politique que l'on nomme cité ou république.

L'égalitéentre les citoyens est alors parfaite.

L'inégalité ne peut pas être comprisedans le contrat social au risque sinon d'être caduc étant donné qu'il sera plusou moins avantageux pour certain.b) Comme le précise Rousseau dans le Contrat social au chapitre I, 6 le pacte repose sur le principe d'égalité entre les citoyens, l'inégalité ne peutdonc pas être de mise.

Suivant ce principe d'égalité : « chacun se donnant àtous ne se donne à personne ; et comme il n'y a pas un associé sur lequel onn'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent de toutce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce qu'on a.

» En ce sens, il estimpossible de justifier l'existence d'une inégalité car l'union ne serait pasparfaite et il serait alors légitime que les citoyens soumis à cette inégalitécherchent à ne pas obéir à la loi injuste.

Vouloir justifier une inégalité c'est. »

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