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Peut on maîtriser le temps ?

Publié le 06/12/2005

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temps

 

  • Sens des termes:

 

     On : pronom indéfini, les hommes en général.

     Peut-on :

 

-    est-il possible ;

-    est-il légitime.

La primauté sera accordée à l'idée de possibilité.

   Maîtriser :  soumettre à sa domination.  Dominer. Assujettir.

Se rendre maître de. Tenir sous sa suprématie, etc.

   Temps :

-   changement perpétuel transformant le présent en passé ; milieu indéfini (sur le modèle de l'espace) dans lequel les

événements se déroulent.

      Le sens du sujet est, stricto sensu, le suivant : est-il possible de dominer et de se soumettre le temps, conçu soit comme changement perpétuel transformant le présent en passé, soit comme milieu indéfini où les événements se déroulent ?

      Vous parvenez ainsi à la question fondamentale, c'est-à-dire au problème soulevé par le sujet : le temps peut-il être un instrument authentique dans l'édification de moi-même ?

      Quel plan choisir ? Ce type de sujet semble appeler la structure par thèse, antithèse et synthèse (unifiant les deux dimensions opposées). Voici ce plan :

 

  • A.  Thèse. Le temps n'est pas maîtrisable.

Le temps est manque d'être et irréversibilité (non

maîtrisable).

Le temps contient ma mort (non maîtrisable).

Néanmoins, je ne vis pas seulement le temps comme un principe de dégradation, mais comme la face de ma liberté.

Examen d'une autre dimension.

  • B.    Antithèse. Le temps peut être maîtrisé.

Perspective individuelle : je puis agir, donc maîtriser le temps ; cf. aussi la mémoire.

Perspective historique : l'espèce humaine, par le travail, fait du temps, la marque de sa liberté. Temps = puissance de

l'espèce humaine.

Perspective scientifique : le temps de la science. Néanmoins, la flèche du temps ne s'élimine pas facile­ment. Ne peut-on envisager une synthèse totale où le temps perdu serait temps retrouvé ?

  • C. Synthèse. Le temps retrouvé de l'œuvre d'art.

Par l'œuvre d'art, l'impuissance elle-même devient l'or­gane d'une maîtrise spirituelle. Ex. : la victoire proustienne.

La réponse à la question du sujet sera la suivante : le temps peut être un instrument authentique de l'édification de moi-même.

temps

« L'espèce humaine agit, elle aussi, comme le fait l'individu.

Elle transforme le monde et imprime sur lui sa marque.

Sinous envisageons ce temps historique, celui dans lequel se déroule l'histoire humaine, il semble qu'ici encore nouspuissions le dompter, le maîtriser.

L'espèce humaine agit sur la dimension de l'avenir ; le temps semble donc ce parquoi l'humanité se réalise.

Si, sur le plan individuel, il paraît l'instrument d'une édification, cela est vrai égalementau niveau historique et collectif. Bien entendu, cette maîtrise collective n'est possible que parce que l'homme a transformé l'irréversibilitétemporelle en un milieu indéfini, analogue à l'espace.

Aussi faut-il dire ici un mot du temps objectif.

Le temps est,en effet, également, une forme divisible : ce temps spatialisé apparaît comme celui de la science.

Or, à cetroisième niveau, scientifique cette fois-ci, il semble que la maîtrise du temps ne soit nullement une utopie commele montre l'examen des réalisations de la science.

Telle est bien la signification de la physique depuis Galilée : elle a nié, comme l'ont montré de nombreux philosophes scientifiques, la flèche du tempset s'est efforcée d'établir des lois intemporelles.

Les lois de la physique classique nient ainsi la flèche du temps etdécrivent l'éternité objective du monde.

Elles maîtrisent dès lors l'irréversibilité temporelle puisque la véritéscientifique est alors étrangère au temps du devenir.

En maîtrisant le temps, la science permet une création durabledans les choses et une action collective rationnelle. Ainsi le temps semble maîtrisable individuellement par le projet et la mémoire, collectivement par le travail etl'histoire et scientifiquement grâce aux lois scientifiques de la physique.

L'homme, par cette triple action, paraîtdominer ce qui était impuissance et maîtriser son maître.

Ainsi l'esclave devient-il le « maître du maître ».Néanmoins, cette triple maîtrise et cette triple victoire ne sont-elles pas illusoires ? La mort et l'irréversibilité nesemblent pas être complètement éliminées.

Même l'analyse de la science moderne paraît consacrer un retour del'irréversible.

La flèche du temps ne s'élimine pas facilement.

Ne peut-on rêver d'une maîtrise plus totale et plusprofonde que celle que nous venons de décrire ? C.

Synthèse.

Le temps retrouvé de l'oeuvre d'art. Sans doute nous faut-il ici revenir sur le sujet éventuel de la maîtrise du temps.

Peut-on maîtriser le temps ?Telle était la question de l'intitulé.

Le on examiné jusqu'ici s'est révélé porteur de multiples visages.

Le sujet de lamaîtrise, ce fut l'homme de science, l'espèce humaine, etc.

Ne pourrait-on le comprendre sous une nouvelle forme,assurant précisément la synthèse des points de vue opposés ? N'y a-t-il pas, justement, un sujet humain faisant du temps la matière même de sa substance et de son travail,ressaisissant le temps et le maîtrisant par une pleine résurrection en recréant sa continuité originelle, cette duréeanéantie et pourtant à jamais présente ? Ce sujet qui considère le temps en sa substance, qui le prend commepoint de départ et qui, en même temps, le domine, le maîtrise, le pétrit de clarté, d'intelligence et de raison de tellesorte qu'il édifie ainsi un univers affranchi de l'ordre du temps corrupteur, c'est, bien entendu, l'artiste.

En sonoeuvre, l'homme n'est plus livré au temps, mais délivré et affranchi.

Le temps, dans ces conditions, se transmute enéternité.

Est-il totalement maîtrisé ? Disons que l'obstacle (la temporalité évanescente) devient organe d'uneoeuvre qui se joue du temps et le défie : un passage s'effectue de l'irréversible à l'éternel.

On peut parler, sinond'une maîtrise totale du temps, tout au moins d'une victoire relative ; ainsi, en écrivant La Recherche, PROUST fera du temps perdu une durée d'éternité aboutissant à la joie absolue.

C'est l'art qui permet de ressaisir la duréeanéantie, d'en faire la matière d'un monde infiniment plus réel que le nôtre, de maîtriser l'irréversibilité pour enextraire le pur diamant, « la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie, par conséquent, réellement vécue ».

Eneffet, le temps de l'écriture est un autre temps : une durée transparente, éternelle, contenant la vraie vie. Telle est l'ultime maîtrise, la délivrance dernière, celle qu'accomplit le récit de PROUST , mais que réalisent aussi le grand musicien ou le peintre.

Chez MAHLER , chez WAGNER et tant d'autres, le temps destructeur devient résurrection, le cours du devenir, joie ineffable.

Peut-on maîtriser le temps ? L'oeuvre d'art, produit des plusgrandes puissances spirituelles, tend à dominer le temps, sa substance même.

L'esprit prend alors pour objet letemps perdu et le métamorphose en temps retrouvé.

Par l'oeuvre d'art, l'impuissance elle-même se transmute en lamatière d'une maîtrise spirituelle. III.

Conclusion. Le problème était de savoir si le temps peut être un instrument dans l'édification de la personne.

Nous répondronsaffirmativement à cette question.

Par l'interrogation qu'il suscite, le temps ouvre à la construction spirituelle de soipar soi.

Il semble donc possible et légitime de maîtriser le temps, cet élément irrationnel de notre vie.. »

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