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Peut-on ne pas craindre la mort ?

Publié le 19/12/2005

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Epicure met en cause cette imagination trompeuse.   II-                On peut ne pas craindre la mort : le matérialisme d'Épicure               Pour Épicure, il est évident que l'on peut ne pas craindre la mort, il n'y a même aucune raison de la craindre. Il l'explique dans sa Lettre à Ménécée. Sa conception est atomiste : le corps est un agrégat d'atomes qui au moment de la mort se décompose. Il affirme que « la mort n'est rien pour nous » car au moment de la mort, nous ne sommes plus, nous ne ne sentons plus rien. Aussi n'avons-nous pas à craindre de souffrir. Il n'y a pas d'expérience de la mort. Le bonheur ne doit pas être compromis par la crainte de la mort.   III-             On peut ne pas craindre la mort : l'espérance de Socrate               Pour Socrate, on ne sait pas ce qu'est la mort. Or, en la craignant, on fait comme si on savait ce que c'était.

« La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort «, affirmait le médecin français Bichat. Selon cette conception, la vie et la mort sont deux forces qui s’opposent et sont en lutte jusqu’au moment où la seconde prend le dessus sur la première, c’est-à-dire, jusqu’au moment de la mort. Peut-on ne pas penser à ce moment et surtout peut-on ne pas le craindre ? La mort est une question existentielle très présente dans la pensée philosophique ainsi que dans la pensée populaire. Elle est tantôt objet de terreur et d’effroi, tantôt vénérée et même fêtée, personnifiée. Dans les deux cas, on peut affirmer qu’elle suscite une certaine crainte, si l’on se réfère à l’étymologie du terme. En effet, la crainte peut être traduite par deux mots connotés différemment en latin : timeo et vereor. L’un signifie plutôt la peur et l’autre le respect, la crainte respectueuse. Nous nous demanderons si nous pouvons faire abstraction de cette crainte quelle qu’elle soit.

Peut-on ne pas craindre la mort ? Cette question nous engage sur une double problématique : est-on capable de ne pas craindre la mort et est-ce possible ?

L’homme a une tendance naturelle à se poser des questions métaphysiques auxquelles il ne peut pas répondre et à craindre l’inconnu. Cette crainte est d’une part résolue par l’explication matérialiste d’Epicure. Selon lui, nous n’avons pas à craindre la mort car là où est la mort, nous ne sommes plus. Or, notre imagination nous conduit à des craintes infondées. D’autre part, le sentiment de crainte envers la mort est transformé en espoir par Socrate. Pour lui, la mort est un moyen d’approcher le monde des Idées, tout comme « philosopher c’est apprendre à mourir «.

« comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, niavec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doitêtre pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joiesqui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais leplus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. III- On peut ne pas craindre la mort : l'espérance de Socrate Pour Socrate, on ne sait pas ce qu'est la mort.

Or, en la craignant, on fait comme si on savait ce que c'était. Dans L'Apologie de Socrate (29a), celui-ci affirme : « Personne, en effet, ne sait ce qu'est la mort (...) et on la craint, comme si l'on était sûr que c'était le plus grand des maux ».

Pour Socrate, la mort est au contraire un bienpuisqu'elle délivre l'âme du corps.

« Le corps est la prison de l'âme », écrivait Platon.

Une fois délivrée du corps,l'âme peut accéder plus facilement aux Idées, c'est-à-dire à la vérité.

En ce sens, Socrate nomme la mort un« raccourci qui nous mène au but ».

Dans la mesure où la philosophie est une voie d'accès au monde des Idées, ilsemble bien que l'on puisse affirmer avec Socrate que « philosopher c'est apprendre à mourir ».

La mort doit doncêtre abordée de façon sereine.Socrate sait qu'il risque mais doit-il pour autant la craindre ? En craignant la mort, les hommes confondent lacertitude d'être mortel avec le savoir de ce qu'est la mort; ils croient savoir ce qu'en réalité, ils ne savent pas.Confusion préjudiciable car elle aurait pu conduire Socrate à réviser son discours et préférer la vie.

Son intégrité va consister à agir conformément à ce qu'il sait et non à ce qu'il ne sait pas.

On devine, au-delà del'ignorance socratique, le véritable savoir de Socrate: faire le bien.

Conclusion Peut-on ne pas craindre la mort ? Cela est possible et l'homme en est capable s'il lutte contre sonimagination et contre la tendance de la raison à vouloir répondre à des questions métaphysiques.

Socrate et Épicureproposent deux manières d'aborder sereinement notre mort.

En revanche, nous pouvons nous poser une autrequestion : Peut-on ne pas craindre la mort d'autrui ? Les explications de Socrate et Épicure nous conduisent à nepas craindre notre propre mort : soit elle ne nous concerne pas (Épicure) soit elle nous délivre et nous conduit à lavérité (Socrate).

Mais qu'en est-il de ceux qui restent quand quelqu'un meurt ? Peut-on ne pas craindre la perte desgens qui nous entourent ?. »

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