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Peut-on ne pas faire son devoir au nom de la religion ?

Publié le 19/12/2005

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C'est le cas des terroristes. Comme le disait Rousseau : « Et dans ce monde et dans l'autre, les méchants sont toujours bien embarrassants. » (Les Confessions) Nous nous demanderons donc : Comment est-il possible que certains au nom d'un devoir contingent tel que le devoir religieux, mettent en cause leur devoir moral, impératif de faire le bien ?   Proposition de Plan :   1. En théorie, on ne peut pas ne pas faire son devoir moral, même au nom de la religion, car la morale est innée en nous :   « Il n'y a pas de science plus évidente et plus simple que la morale, pour l'ignorant. » (Diderot, Essai sur les règnes de Claude et Néron)   a) Par la conscience morale, la plus évidente des sciences, l'homme connaît son devoir moral : « La conscience morale est la raison pratique représentant à l'être humain son devoir.» (Kant, Doctrine de la vertu) b) Ainsi, agit moralement celui qui suit cette loi fondamentale et universelle de la raison pratique : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle. » (Kant, Critique de la Raison Pure) Grâce à cette maxime l'homme peut engager, par son action, toute l'humanité.   Transition : Pourtant, en pratique, bien que la conscience morale et la raison pratique soient universellement dans les hommes, certains semblent ne pas parvenir à les suivre : c'est le problème que posent les méchants. (Terroristes)   2.

L'homme est doué de conscience morale, il est doué de raison ce qui lui permet de connaître le bien. Le devoir moral de l'homme est d'agir selon ce sentiment ou cette connaissance du bien. Donc en théorie, nous pouvons dire que les hommes agissent toujours selon le bien. Pourtant en pratique, certains, au nom de la religion, ne remplissent pas leur devoir moral et agissent selon le mal. C'est le cas des terroristes.

Comme le disait Rousseau : « Et dans ce monde et dans l'autre, les méchants sont toujours bien embarrassants. « (Les Confessions)

Nous nous demanderons donc : Comment est-il possible que certains au nom d'un devoir contingent tel que le devoir religieux, mettent en cause leur devoir moral, impératif de faire le bien ?

 

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« « Nul n'est méchant volontairement.

» (Platon) C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir êtremalade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui lasubit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout- puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs.

Ilvaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.

Cependant, comme subirl'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont misd'accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.

Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamiepour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bienapparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.

Nouscroyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate , dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès , Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable. C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifiquemythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et semontre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donnc trois instance dansl'âme.

Le cocher figure la raison, qui a pour tâche de diriger.

Le « cheval blanc » représente le siège de l'honneur, de la colère.

Le « cheval noir » symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés au corps.

Or ces désirs ont pour caractéristiques d'être multiples, tyranniques, de ne rien respecter ( Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud ). Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonnersous la conduite de la raison.

Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir », c'est faire régner l'ordre.

L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde àl'âme concupiscible.

C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.

Dans cettetyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il estnécessairement malheureux.

Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il estsoumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui. Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui estagréable avec ce qui est bon.

Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.

Leprojet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur. Le « Grogias » filait la métaphore des deux tonneaux.

L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.

L'homme tyrannique poursuit sans trêve desplaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure,ce qu'il ne veut pas voir, c'est que sa conduite déréglée en fait un « tonneau percé ».

Il peut sans fin accumuler lesplaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuisera en pure perte. Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable,. »

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