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Peut-on nier l'évidence ?

Publié le 04/11/2004

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C'est ainsi que Descartes entreprendra de douter de toutes ces prétendues évidences. La première règle cartésienne est de « ne jamais recevoir une chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle «. Dans la science il n'y a pas de place pour l'évidence On sait qu'aujourd'hui les mathématiciens se méfient des évidences. Méfiance liée à l'apparition, dans la seconde moitié du XIX siècle, d'êtres mathématiques stupéfiants comme les courbes sans tangentes, les courbes remplissant un carré - premiers spécimens, comme le déclare le mathématicien Jean Dieudonné, « d'une galerie de monstres qui n'a cessé de s'amplifier jusqu'à nos jours «. « Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis « dit Eluard. Mais précisément je vois spontanément le monde comme je suis, et il faut tout un travail pour le voir comme il est ; ce travail est le travail de la science. L'idéal est de parvenir à poser des relations objectives qui ne soient plus le reflet de mes dispositions subjectives. Pour la science, le ciel cesse d'être un sujet grammatical, une substance dont le bleu serait l'attribut : le bleu du ciel n'est que l'effet de l'inégale diffusion des rayons du spectre solaire. Ce qui complique la tâche de l'activité scientifique et de l'éducation scientifique, c'est que je ne projette pas seulement sur le monde mes sentiments personnels mais encore toutes les dispositions que je tiens de la tradition sociale. « L'esprit naïf n'est pas jeune, il est même très vieux « (Bachelard) Nous projetons spontanément sur le monde tout ce que qu'on nous a enseigné.
L'évidence nous aveugle par sa clarté et par son... évidence ! Comme le montre Descartes, il faut la nier, la remettre en doute pour accéder à un savoir véritable. Une vérité démontrée et calculée a plus de certitude qu'une prétendue évidence. L'évidence est aussi l'autre nom du préjugé. Mais, la simplicité de l'évidence, sa clarté, sa distinction en fondent sur indubitabilité. L'évidence d'une idée vraie s'impose d'elle-même dans la certitude de celui qui la détient.

« L'évidence intellectuelle s'oppose radicalement à l'illusion sensible.

Comment distinguer le vrai du faux, si le faux peut prendre l'apparence du vrai? La première règle, dit Descartes, est de « ne jamais recevoir une chosepour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ».

Le critère de la vérité, c'est donc l'évidence.

Soit,mais comment distinguer l'évidence de la fausse évidence? La seule solution, c'est un doute totalitaire,radical.

Or je ne peux pas douter, au moment même où je doute de tout, que moi qui doute, je suis.

Laproposition « je suis, j'existe » est une évidence, au moment où je la conçois.

Mais que suis-je? Une « chosepensante ».

Le cogito est le modèle de l'évidence. « Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsipenser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, quipensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : jepense donc je suis, était si ferme et si assurée, que les plusextravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables del'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour lepremier principe de la philosophie que je cherchais.

» DESCARTES L'évidence s'imposeL'évidence d'une idée vraie s'impose d'elle-même dans la certitude decelui qui la détient.

Une «idée vraie» nous montre une chose tellequ'elle est en elle-même, et sa vérité s'éprouve comme une évidenceimmédiate.

Ainsi l'idée que j'ai du triangle est-elle vraie quand elle estune image fidèle de cette figure dont parle le géomètre et que je mereprésente un triangle avec ses trois côtés.

«Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie, et nepeut douter de la vérité de la chose.» (Spinoza, Éthique)le jugement vrai se reconnaît à ses caractères intrinsèques : il serévèle vrai par lui-même, il se révèle vrai par lui-même, il se manifestepar son évidence.

C'est le point de vue de Spinoza (« Ethique », II,43).

« La vérité est à elle son propre signe » (« verum index sui »).

« Celui qui a une idée vraie sait en mêmetemps qu'il a cette idée et ne peut douter...

Quelle règle de vérité trouvera-t-on plus claire et plus certainequ'une idée vraie ? De même que la lumière se montre soi-même et montre avec soi les ténèbres, ainsi lavérité est à elle-même son critérium et elle est aussi celui de l'erreur.

»Pour Descartes, comme pour Spinoza, une idée claire & distincte qui apparaît évidente est une idée vraie et iln'y a point à chercher au-delà.

« Les idées qui sont claires & distinctes ne peuvent jamais être fausses » ditSpinoza.

Descartes écrit de son côté : « Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis était si fermeet si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions étaient incapables de l'ébranler, je jugeais que jepouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie....

Après cela je considérai engénéral ce qui est requis à une proposition pour être vraie et certaine, car puisque je venais d'en trouver uneque je savais être telle, je pensais que je devais aussi savoir en quoi consiste cette certitude.

Et ayantremarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci : je pense donc je suis, qui m'assure que je dis la vérité sinon que jevois très clairement que pour penser il faut être : je jugeais que je pouvais prendre pour règle générale queles choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies.

»C'est donc dans l'intuition de l'évidence des idées claires et distinctes que Descartes situe le critère du vrai ;une perception claire de l'entendement étant « celle qui est présente et manifeste à un esprit attentif » et «distincte, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne comprend en soi que cequi paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut.

» (« Principes », I, 45).. »

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