Peut-on opposer le devoir à la liberté ?
Publié le 24/02/2005
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comme une contrainte imposée de l'extérieur, que nous avons cependant intériorisée.
Suivre ses penchantsc'est suivre sa propre nature, c'est très exactement faire ce que l'on veut, puisque nous sommes la source denos penchants.À l'épanouissement des penchants s'oppose la contrainte des lois morales.
Dans ces situations où devoir etbonheur s'opposent, la loi morale est limitative de la liberté, puisqu'elle tend à nous empêcher de faire ce quenous voulons.
S'affranchir de la pression de toute loi pour ne suivre que l'anarchie des penchants et desdésirs, c'est le vrai bonheur, qui coïncide avec la vraie liberté.L'homme libre se veut amoral : refusant de se soumettre à la contrainte du devoir, mais aussi refusant de voiren lui-même l'origine de la loi morale, il ne reconnaît comme s'appliquant à lui que la loi du bonheur maximum.La plus grande liberté, semble-t-il, est finalement la licence du tyran qui assouvit toutes ses passions contretous les autres, s'assurant l'impunité totale que lui offre aux yeux de la justice et de la morale, selon Platon,l'anneau de Gygès qui rendait invisible.
[Le devoir est la condition de possibilité de la liberté.
Respecter son devoir, c'est se respecter soi-même et respecter autrui.
Le devoir est nécessaire à la survie de l'humanité.]
J'accomplis librement mon devoirC'est une tentative au plus haut point condamnable que de vouloir tirer de ce qui se fait les lois de ce que jedois faire ou de vouloir les y réduire», dit Kant dans Critique de la raison pure.
La pression sociale ne sauraiten aucun cas me dicter mon devoir.
Je trouve celui-ci plutôt à l'intérieur de moi-même, librement, commeimpératif catégorique, comme loi universelle de la raison.Kant a souligné l'importance de l'autonomie morale : je suis soumis àune loi dont je suis moi-même le législateur et tous les hommes, sujetsraisonnables, se trouvent soumis à la même loi.
«Agis toujours de tellesorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant unelégislation universelle.»
Le devoir est une loi de la raison.
«Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans tapersonne que dans la personne de tout autre toujours en même tempscomme une fin et jamais simplement comme un moyen.» Kant,Fondements de la métaphysique des moeurs (1785).
• L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandementchristique quant à son fondement.
En effet le commandement d'amourdu Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandementantérieur qui prescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ.
L'impératifkantien vient, lui, de la raison.
C'est en nous-mêmes que nous letrouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notremoralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraintsà nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nouspouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.
En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pasnécessairement les «aimer».
C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, enreconnaissant en eux la dignité humaine.
Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect mêmequand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel.
La société idéale apparaît alors comme une république d'hommes libres dont l'harmonie résulte de ce quechacun pose pour lui-même ainsi que pour les autres des règles universellement valables.
Dans cette sociétédémocratique le subordonné obéira au chef sans renier l'autonomie de la conscience parce que ce que sonchef lui commande est ce que sa propre raison (qui est la raison universelle) lui dicte.
Lui-même s'il était chefdonnerait donc exactement les mêmes ordres.
Ceci éclaire l'idée chère à Rousseau de volonté générale.
Lavolonté générale n'est plus ici le caprice contingent d'une majorité électorale, mais l'expression pure et simpledes exigences de la raison universelle.
Dès lors le chef n'est plus de droit divin et s'il est un tyran qui trahit lesexigences de la raison, le peuple a le droit, mieux le devoir, de lui demander de renoncer à son poste.
Le devoir n'émane que de moi"Il y a au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu", dit Rousseau.
Le devoir n'est donc pas uneobligation extérieure, mais émane de ma propre conscience qui me dicte ce qui est bien et ce qui est juste.
Si.
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