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Peut-on parler de travail inhumain ?

Publié le 27/02/2008

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        Le travail est une activité humaine qui se distingue sans doute de toutes les autres en cela qu'elle est l'objet d'appréciations, d'évaluations nombreuses et très contrastées : une calamité pour les uns, une bénédiction pour les autres. Or si l'on peut dire que le travail est une malédiction pour les uns n'est-ce pas dire que c'est dû au fait que le travail peut être inhumain ? Or pour s'en convaincre, on peut faire un retour historique sur les avancés du droit du travail qui montrent négativement toute l'inhumanité du travail dans certaines conditions : 1841, première loi limitant le travail des enfants. 1936, premiers congés payés. 1982, réduction de la semaine de travail à trente-neuf heures. Ces quelques dates montrent combien le temps consacré au travail par un individu au cours de sa vie a diminué (en France) en cent cinquante ans. Le temps libéré est devenu temps de loisir. Et il y a dans le loisir bien autre chose que le simple repos. Aussi sommes-nous tenus de bien organiser nos loisirs. Or l'importance croissante des loisirs met en exergue la désaffection du travail. Pourtant le travail est nécessaire à l'homme. En effet, contrairement aux animaux, l'homme est mal adapté à son milieu et ce n'est qu'à travers sin travail qu'il peut entrer en symbiose avec son environnement. Mais avec l'évolution des techniques de travail et de la division du travail, cette bénédiction est devenue malédiction : d'une humanisation par le travail on est passé à une déshumanisation. Dès lors la question de savoir si l'on « peut parler de travail inhumain » se pose dans la mesure où cela conduit à une tension : le travail est humanisation de l'homme mais son développement capitaliste entraîne la déshumanisation.                Or c'est bien suivant ce balancement (partie 1 & 2), cette question que nous allons essayer de trouver une réponse, donc de dépasser cette même tension c'est-à-dire prôner un humanisme du travail (3ème partie).
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« transformations de nos sociétés semblent bien avoir apporté un nouvel éclairage à cette question.

II– Travail inhumain & travail aliéné a) Si l'on peut en effet parler en effet de travail inhumain c'est bien parce qu'en tant que travailleur, notammentdans le système des chaînes comme le fordisme ou le taylorisme, et c'est déjà bien ce que l'on peut voir à travers lepersonnage que campe Charlie Chaplin dans les Temps modernes .

Comme on peut voir à travers l'ouvrage de Georges Friedmann Le travail en miettes : « Aujourd'hui, dans les conditions réelles où ils travaillent encore de par le monde, plusieurs centaines de millions d'ouvriers et d'employés sont occupés à des tâches parcellaires, répétées àcadence rapide, n'impliquant que peu ou pas de connaissances professionnelles, d'initiative, d'engagementpsychologique ou moral dans l'entreprise qui les paie.

Leur temps hors du travail est menacé par une fatigue souventplus psychique que physique qui pèse, jusqu'à la briser, sur leur capacité de se divertir et même de se réparer.

Queles réactions soient agressives ou dépressives, elles écartent le travailleur des promesses d'une vie de loisir à la foisdivertissante et enrichissante, orientée vers un niveau de culture plus élevé.

Son rôle de consommateur standardisédes produits du système dont il est un rouage accroît son bien-être matériel mais ne fait qu'accentuer, chez lui, ledéséquilibre, les tensions entre la vie de travail et l'existence hors travail.

(...) ».

Le travailleur n'est plus qu'unsimple rouage, et effectue une tâche qui bien souvent est répétitive et correspondrait plus à une machine.

Comme ille fait remarquer en citant une étude américaine ce type de travail pour être donné à des personnes handicapéssans que cela changeât le résultat de la production.

Friedmann n'a pas en vue bien sûr de dénigrer les handicapés(ils parlent d'handicapés mentaux), mais ce qu'il vise c'est le fait que ce travail n'est pas enrichissant ni nedéveloppe des facultés proprement humaines.

Plus simplement, le travail ne nécessite qu'une très faible mobilisationde nos capacités intellectuelles.

Il est proprement inhumain parce qu'il ne s'adresse plus à notre humanité mais auxmécanismes que nous sommes.b) Comme le note Friedmann dans le Travail en miettes : « Dans l'ensemble, il apparaît que les conditions modernes du travail entraînent (...) pour beaucoup de nos contemporains une oppression de la personnalité telle queles activités de non-travail constituent, de leur part, une riposte à ce défi.

On pourrait également en suivant cetteperspective, mieux comprendre l'énorme mouvement de retour à la nature manifesté dans les couches les plusdiverses de la société (...).

C'est enfin de cette manière qu'il conviendrait d'étudier certaines tendances révéléespar les hobbies: réaction contre la prépondérance de la vitesse, de l'objet standardisé et tout fait, de l'organisationvenue « d'en haut », du travail à la chaîne, par la recherche opiniâtre de l'achèvement dans le « bricolage » fini etminutieux, librement exécuté selon un rythme personnel.

» En ce sens, le travail n'est pas épanouissant pour letravailleur.

Il est d'une certaine manière déshumanisé.

Dès lors, toute notion de progrès ou de travail sur soi estimpossible.

L'homme est réduit à un rouage, à une machine.c) Or comme le remarquait Marx dans ses Manuscrits de 44 , dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail.

Mais cette privation est l'expression d'unealiénation dans l'acte même de la production.

Marx oppose ici le travail quidevrait être la réalisation de l'essence de l'homme donc un facteur demoralisation au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire sesbesoins physiques, et ramène l'homme au rang de l'animal.

L'individu qui netravaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail.

Orc'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans letravail aliéné, l'homme est privé du produit de son travail et le travail devientun moyen au lieu d'être une fin en lui-même.

Le travail n'est donc pas uneforme de moralisation tant qu'il reste un facteur d'aliénation.

Et celle-ci prendtrois formes.

Toutes ont un rapport avec l'idée d'altérité et de perte de soi. Premièrement, le travailleur est dépossédé des produits de son travail.Deuxièmement, par l'organisation même du même qui n'est pas l'expression d'une décision prise par ceux qui travaillent et collaborent dans la productiond'un bien ou d'un service, mais de celui qui achète la force de travail.

Ainsi,dans ces conditions de travail, ce dernier est extérieur aux fins de son travailce qui signifie qu'il exerce une activité dans laquelle ils ne peuvent seretrouver ou se reconnaître.

Ils sont comme étrangers à eux-mêmes.

Enfin,l'aliénation est déshumanisation c'est-à-dire aliénation de l'essence del'homme dans la mesure où le travail à cause des deux aliénationsprécédentes est une activité par laquelle au lieu de s'accomplir, de devenirplus humain, l'homme se perd, se dénature, se mutile.

Transition : En ce sens, si l'on peut parler de travail inhumain ce n'est pas que le travail soit intrinsèquement inconséquent avecla nature même de l'homme, bien au contraire.

Le travail est essentiel pour l'homme il le modèle, le façonne en tantqu'homme.

Dès lors, si le travail devient inhumain c'est du fait même de notre utilisation du travail.

Faut-il alorsréhumaniser le travail, donc remettre l'homme au centre de son travail, donc adapter le travail à l'homme et nonl'inverse.

Et dès lors si dans la première partie nous parlions que le travail n'est pas inhumain c'est plus exactementque le travail ne « doit » pas être inhumain.

III – Pour un humanisme du travail. »

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