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Peut-on parler d'un ordre de la nature ?

Publié le 20/12/2005

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Mais ce déterminisme intérieur, cette puissance, c'est en fait pour Spinoza la puissance de Dieu qui s'exprime à travers les modes (comme l'arbre par exemple). Il y a cependant également un déterminisme extérieur, puisque tous les modes sont dotés d'une certaines puissance, ils l'expriment les uns contre les autres dans un chassé-croisé d'individualités. Mais il ne faut pas oublier que ces modes viennent de Dieu, de la substance unique, qu'ils en sont une modification, et qu'en ce sens, même le déterminisme extérieur que les autres modes m'infligent (je ne peux pas faire ce que je veux, le mur que rencontre ma tête qui tente une perçée, ou encore le barrage de police qui m'oblige à accélérer pour avoir une chance de passer...). Mais n'oublions pas que la nature, est une manifestation purement rationnelle de la substance, tant en son déterminisme intérieur (conatus) qu'en son déterminisme extérieur (les modes entre eux). En ce sens, la réalité est entièrement rationnelle, parcourue de part en part par des relations de causes à effets qui donne à chaque phénomènes une raison matérielle en amont (une cause qui l'a causée et qui a son tour est la l'effet d'une cause antécédente).   La mécanique quantique où la revanche du sublunaire   La mécanique classique qui trouve ses premiers initiateurs dans les personnes de Galilée ou de Newton a tenté de penser le monde d'une manière strictement déterministe. Selon cette discipline, l'univers a été écrit en langage mathématique, ce qui signifie simplement que toutes ses expressions, entendons tous les phénomènes dont il est composé, sont mathématisables. Ainsi, si l'on connaît les données initiales d'un système (par exemple, quel est l'état initial d'un mobile, de la planche sur laquelle il roule, des conditions de l'air...), on pourra prédire via une équation différentielle, quelle sera sa trajectoire future.

L'idée de nature nous renvoie assez rapidement à celle d'une sorte de virginité, de pureté originelle: la nature, c'est en ce sens toujours ce qui précède l'intervention humaine, ce qui se tient à la frontière des villes, ou peut-être encore dans ses espaces verts. Elle demeure indépendante, dans son cours propre, de l'action de l'homme, celui qui goudronne les chemins qu'elle esquissait, celui qui bâtit des tours de ciment en sapant ses forêts: elle se tient en-deçà des artifices capricieux et des oiseaux mazoutés. Et à vrai dire, il nous vient vite à l'esprit que, ce sont dans les labyrinthes des forêts vierges, qui accueillent l'hostilité d'insectes gigantesques, sous des parterres obscures et saturés où l'homme ne pourrait mettre ne serait-ce qu'un pieds, que se tiennent les derniers bastions d'une nature en recul. Et c'est ici que notre propos nous mènent: si nous n'étions pas les profanateurs de sa virginité, celle-ci demeurerait en friche, elle serait ces noeuds de lianes chaotiques, ces parois abruptes, ces océans déchaînés: l'ordre serait en somme aux abonnés absents. Quel ordre dans ces ronces laissées à l'état sauvages, dans ces vents qui arpentent la terre de toutes parts, ces tremblements qui ouvrent si profondément la terre? L'ordre c'est l'humain, celui qui vit dans des espaces géométriques, qui réinvente son environnement pour y voir clair, semble-t-il. Les choses y vivent à leur place, dans l'équilibre et l'harmonie d'un cosmos organisé, bien loin des loups qui s'entre-dévorent. En ce sens, si l'espace naturel a un ordre, c'est celui que l'homme plaque sur lui de manière violente, dissimulant ainsi des forces en lutte perpétuelle, et même, pourrions-nous dire, les querelles intestines qu'il abrite lui même en son propre esprit, cette hydre du désir où résonnent les instincts archaïques. L'ordre n'a qu'une source, proprement humaine il va sans dire: la raison. Soit cette faculté qui s'abstrait du réel et de ses mouvements insensés, et qui par cette capacité à généraliser, génère des lois universelles qui dépeignent positivement le visage accidenté du réel.

« sont des expressions finies de son être infini.

Encore une fois aventurons-nous à un exemple: les modes sont commeles bulles qui apparaissent en surface de l'eau qui boue.

Elles sont une modification de l'eau, elles en exprimentl'essence (tout liquide boue à 100°).

Les modes sont les « bulles » de Dieu: or, les modes, ce sont tous les êtres finis de la réalité (moi, mais aussi la pierre, l'arbre...). Tous les êtres qui existent dans le monde sont donc des parties du divin.

Or, chaque chose a en son essence unepuissance propre, par laquelle elle persévère dans son être, que Spinoza appelle conatus .

L'arbre exprime ainsi sa puissance d'arbre, son conatus, par sa croissance, et par ce biais, il persévère dans l'existence.

Mais cedéterminisme intérieur , cette puissance, c'est en fait pour Spinoza la puissance de Dieu qui s'exprime à travers les modes (comme l'arbre par exemple).

Il y a cependant également un déterminisme extérieur , puisque tous les modes sont dotés d'une certaines puissance, ils l'expriment les uns contre les autres dans un chassé-croisé d'individualités.Mais il ne faut pas oublier que ces modes viennent de Dieu, de la substance unique, qu'ils en sont une modification,et qu'en ce sens, même le déterminisme extérieur que les autres modes m'infligent (je ne peux pas faire ce que jeveux, le mur que rencontre ma tête qui tente une perçée, ou encore le barrage de police qui m'oblige à accélérerpour avoir une chance de passer...).

Mais n'oublions pas que la nature, est une manifestation purement rationnellede la substance, tant en son déterminisme intérieur ( conatus ) qu'en son déterminisme extérieur (les modes entre eux).

En ce sens, la réalité est entièrement rationnelle, parcourue de part en part par des relations de causes àeffets qui donne à chaque phénomènes une raison matérielle en amont (une cause qui l'a causée et qui a son tourest la l'effet d'une cause antécédente). La mécanique quantique où la revanche du sublunaire II. La mécanique classique qui trouve ses premiers initiateurs dans les personnes de Galilée ou de Newton a tenté de penser le monde d'une manière strictement déterministe.

Selon cette discipline, l'univers a été écrit en langagemathématique, ce qui signifie simplement que toutes ses expressions, entendons tous les phénomènes dont il estcomposé, sont mathématisables.

Ainsi, si l'on connaît les données initiales d'un système (par exemple, quel est l'étatinitial d'un mobile, de la planche sur laquelle il roule, des conditions de l'air...), on pourra prédire via une équation différentielle, quelle sera sa trajectoire future.

Il vint même à l'idée d'un mathématicien français nommé Laplace, quesi un surhomme pouvait connaître la position de chaque particule à un moment t1 de l'univers, alors il pourrait prévoir son histoire entière jusqu'à un moment t2 ou t3, t4, tn...

Cet édifice entier de la physique mécanique repose sur l'idée d'univocité causale : c'est là que la physique puise toute sa confiance.

L'idée est qu'une cause déterminée donnera toujours le même effet dans des conditions similaires.

Si je lâche la pierre que j'ai entre les mains, elle tomberanécessairement en vertu de la gravité universelle grâce à laquelle on peut même prévoir la trajectoire qu'elleempruntera. Or, c'est cette nécessité, le fait que cela ne puisse se passer autrement , que va précisément remettre en question la mécanique quantique .

Cette dernière est précisément indéterministe , en elle règne l'instabilité.

Le physicien découvre que les instruments qu'il utilise, les atomes et les photons de lumières du microscope, rentre en interactionavec les particules qu'il observe.

Il comprend, via le principe d'Heisenberg qu'il ne peut connaître à la fois la position et la vitesse d'une particule: il lui faudra choisir l'un de ces paramètres et ignorer en quelque sorte l'autre.

Lecomportement des particules est foncièrement instable de telle sorte qu'on ne peut le prévoir, qu'on ne peutdéterminer cette fois-ci la trajectoire exacte d'un système.

La physique en est alors réduit à utiliser l'outilmathématique que sont les probabilités pour se contenter de connaître des trajectoires seulement possibles. On saisit ici un retour du sublunaire en plein coeur de la nature.

Pour Aristote, il y a en effet deux mondes, l'un supralunaire qui est celui des grands astres hors d'atteinte qui décrivent des cycles parfaits dans le noir de l'univers, etl'autre sublunaire qui est le monde de l'ici bas, en proie au mouvement, à l'inconstance, à l'instabilité.

Dans ce monde, rien n'est nécessaire, c'est-àdire ne peut pas ne pas être.

Tout y est contingent, c'est à dire que possible(ce qui pourrait être autre): aucun ordre ne s'y dessine, seulement un chaosà peine contrôlé, à peine compréhensible.

La mécanique quantique rétablitcette idée au coeur de la matière, brise la prétention de trouver un ordredans l'univers, de vivre dans un cosmos (i.e un monde organisé et équilibré, parfaitement ordonné). Alchimie renaissante, arrière-monde et Idée kantienne III. Comme nous le rappelle Michel Foucault dans Les mots et les choses , le savoir de la renaissance reposait sur la notion de signe .

Derrière l'apparent brouhaha du monde, apparaissaient des signes qui renvoyaient à un ordrelatent, dissimulé.

La lecture des signes ( séméiologie ) permettaient ainsi de retrouver au-delà du chaos, un ordre caché et rationnel qu'il fallait retrouver.L'alchimie reposait sur cette idée.

Il s'agissait de retrouver lescorrespondances, les affinités, les sympathies entres certains éléments de la réalité, qui s'agencer en deçà du tapisbouillonnant de la nature.

On saisit que, ordre ou pas, l'homme a toujours cherché sa trace dans les phénomènes, atoujours était animé par ce désir de trouver une ordonnance logique d'un réel qui s'agence selon des combinaisonsprédictibles et distinctes.. »

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