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Peut-on penser par soi-même ?

Publié le 14/11/2012

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Dès le IVème siècle avant Jésus-Christ, les sages grecs, qu'ils soient épicuriens ou stoïciens, dans l'idéal philosophique d'engendrer une société parfaite donc lucide, entendaient articuler la conduite de l'homme sur la maîtrise de la pensée. Un projet conséquent mettant en jeu toute une conception (idyllique) de l'homme. En effet, cela supposait que chacun avait la possibilité de régler lui-même ses pensées et d'en répondre. « Penser, voilà le triomphe vrai de l'âme « écrivait Victor Hugo, cette même âme, que Platon entendait comme ce qui, en nous, s'affirme comme pouvoir de réflexion et de conscience distanciée. En ce cas, la grandeur de l'homme a-t-elle été, est-elle encore confirmée par une parfaite autonomie de la pensée ? Cependant, on pourrait se demander si la multiplicité et la ténacité des illusions, des préjugés, des « superstitions « pour citer Kant, des préceptes historiques, religieux, idéologiques, culturels installés en nous par expérience comme en dehors de nous, ne compromettent-ils pas d'avance ce bonheur illusoire d'une indépendance totale de la pensée. Pouvons-nous réellement déterminer librement nos pensées ? Ayant conscience que l'être humain est, par nature, influençable, comment concevoir alors des possibilités de libération de l'esprit, d'affranchissement de cette emprise extérieure, de l'opinion d'autrui ? La volonté suffit-elle à nous rendre majeurs par la pensée, peut-on « penser par soi-même « ? I. Existe-il une pensée autonome, indépendante d'autrui ? 1. Qu'est-ce que, par définition, le fait de penser ? « Par la pensée nous prenons conscience de l'être, mais inversement il faut déjà exister pour penser «, Jankél. Tout être vivant de par son existence est amené à penser, c'est le « cogito ergo sum « de Descartes, le « j'existe parce que je pense « de Sartre, mais en renversé. « Penser, voilà le triomphe vrai de l'âme « écrivait Victor Hugo, penser, voilà le triomphe vrai de l'Homme, pourrait-on dire. Contrairement aux animaux, pour qui l'on peut douter de la faculté de penser, de mettre en oeuvre leur conscience, l'homme est de naissance apte à réfléchir ou tout du moins, d'agir en sorte. Mais qu'est-ce, par définition que le fait de penser ? Les traces écrites laissées à ce sujet témoignent d'une concordance de points de vue. Pour Destuit de Tr, par exemple la faculté de penser se résumerait toute entière par le terme « sentir «, « sentir des sensations, sentir des souvenirs, sentir des rapports, et sentir des désirs «. Quand à Condillac, pour lui, « Le mot pensée [...] comprend dans son acception toutes les facultés de l'entendement et toutes celles de la volonté. Car penser, c'est sentir, donner son attention, comparer, juger, réfléchir, imaginer, raisonner, désirer, avoir des passions, espérer, craindre «. En demeure que l'essence même de la pensée serait la réflexion, la mise en oeuvre de la conscience, une formation, une organisation d'idées par l'application mentale. De ces éclaircissements sur ce qu'est réellement le fait de penser, peut surgir une question anhistorique, à savoir, existe-il une pensée autonome, indépendante d'autrui ? Ce thème de la pensée par soi-même peut prendre sens dans différents domaines concrets. 2. Deux genres de pensées : où l'homme peut-il penser seul ? a) Une pensée spontanée Il existe une pensée spontanée qui, paradoxalement parait presque irréfléchie. Prenons l'exemple du plus vierge de tous les hommes : un nouveau-né. L'enfant qui mettra sa main sous de l'eau bouillante la retirera aussitôt sans que l'on ait eu besoin de le lui demander. Non sans pouvoir affirmer que dans son cerveau se soit déroulé un circuit de réflexions poussées, il n'en reste du moins pas de doute, qu'en raison de son existence, de son caractère d'être humain, la douleur l'aura indubitablement rendu autonome par la pensée. De même, pour l'enfant qui, ne maîtrisant pas encore ses petites jambes tombera et pleurera immanquablement. Le cas de l'enfant est le plus concret pour symboliser l'existence d'une pensée innée, pensée qui ne nécessite donc pas l'intrusion d'une tierce personne. Les sensations, comme mécanisme cérébral serait donc le domaine premier de l'exercice de la pensée par soi-même.

« son cerveau se soit déroulé un circuit de réflexions poussées, il n’en reste du moins pas de doute, qu’en raison de son existence, de son caractère d’être humain, la douleur l’aura indubitablement rendu autonome par la pensée.

De même, pour l’enfant qui, ne maîtrisant pas encore ses petites jambes tombera et pleurera immanquablement.

Le cas de l’enfant est le plus concret pour symboliser l’existence d’une pensée innée, pensée qui ne nécessite donc pas l’intrusion d’une tierce personne.

Les sensations, comme mécanisme cérébral serait donc le domaine premier de l’exercice de la pensée par soi-même.

b) Une « pensée réfléchie » Comme pour tout concept, il n’existe pas un unique degré de pensée.

Précédemment a été vu la pensée spontanée, on pourrait aussi distinguer une « pensée réfléchie », même si cette appellation semble être un pléonasme.

Cette « pensée réfléchie » serait le degré le plus élevé puisqu’elle quitterait le domaine des sensations, de l’instinctif.

L’animal ressent, et agit seulement par instinct.

L’homme n’est pas un animal, il possède un équipement psychique.

L’évolution de la lignée humaine prouve que l’homme actuel est constitué de sorte à user de toutes ses facultés, qu’elles soient corporelles ou psychologiques.

L’homme est-il réellement capable d’entretenir seul cet équipement psychique ? On a coutume de se représenter le poète au sommet de « sa tour d’ivoire », inaccessible et plongé dans une solitude inébranlable.

Nécessitant un grand calme, il doit se protéger de toute intrusion du monde extérieur, à l’endroit où il se trouve, certes, mais avant tout dans son esprit.

On travaillera toujours mieux dans un bureau que sur un quai de gare.

D’autres fois, on retrouvera ce poète solitaire devant un paysage, lui seul et la nature en parfaite osmose.

En est-il pour autant privé d’inspiration ? Ne peut-il s’appliquer mentalement, réfléchir, parce qu’il est seul ? Non, assurément, s’il cherche la solitude c’est qu’il y trouve une récompense en contrepartie.

Un esprit reposé et au calme est réfléchi.

Le poète peut donc penser par lui-même, son travail, personnel, n’en n’a que plus de succès.

« Penser est une affaire intime.

» écrivait à juste titre Marie Desplechin.

Mais dire que seul le poète est capable de penser par lui-même serait fort réducteur pour le reste de l’humanité, en effet malgré l’expression « l’amour rend l’homme poète », tout être vivant n’est malheureusement pas amoureux ou poète… Le philosophe, tel qu’il nous l’est décrit dans l’Aufklärung, est tout d’abord un homme seul lui aussi.

Seul car héroïque, il veut révolutionner son temps et « marche à contre-courant » comme nous le dirions aujourd’hui.

A ce sujet, Kant s’est exprimé très justement en ces termes « Penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien si nous ne pensions pas pour ainsi dire avec d'autres.

».

Certes, penser seul mais ne pas limiter son esprit, avoir la pensée ouverte pour communiquer avec d’autres.

Sans former un précepte trop directif, il ne serait pas irréfléchi de dire que dans l’idéal, l’homme devrait penser par lui-même mais aussi pour son temps (et non en accord avec son temps qui serait un frein au progrès).

Cela peut sembler paradoxal à première vue, mais penser pour son temps ne signifie pas penser pour les autres.

En ce cas, l’amélioration de la société devenant le principal facteur, la philosophie, amour de la sagesse, et l’ouverture de l’esprit apparaîtraient comme une libération.

De même que pour la littérature, une peinture, une composition musicale est bien souvent réalisée à l’écart du monde.

Pour étayer ces quelques dires, nous pouvons aisément citer Baudelaire qui décrit l’artiste comme « un être solitaire, un albatros, exilé dans le monde au milieu des huées ».

Un homme seul, encore.

Similitude retrouvée pour les savants et bien d’autres encore.

L’homme « ordinaire » n’est pas cité directement ici mais nous admettrons bien volontiers que tout homme a ses valeurs et qu’ils auraient leur place dans ce petit coin penseur.

De ces quelques exemples, nous pouvons en déduire que dans. »

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