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Peut-on penser par soi-même sans se soucier de ce que pensent les autres ?

Publié le 21/12/2005

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Une pensée isolée n'est pas garante de vérité - Le danger du solipsisme et du relativisme]Si chacun refuse de partager une quelconque pensée avec autrui, si chacun préfère son indépendance à l'échange et à la recherche collective de la vérité, tous ne courent-ils pas vers la tentation de l'arbitraire ? Il est souvent répandu que chacun pourrait détenir sa vérité : l'adage ne dit-il pas : « chacun sa vérité » ? Accepter une telle thèse, c'est reconnaître à chacun le droit de penser ce qu'il veut, sans se soucier ni des autres ni de ce qu'ils pensent. Ce serait donc reconnaître à un tyran le droit d'émettre l'idée selon laquelle il y aurait des races inférieures qu'il faudrait éliminer au point de s'en débarrasser. L'histoire nous montre qu'une telle indépendance rejoint instantanément le risque de l'intolérable et la tentation de la violence. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme. Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle de vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ?

Au premier abord, notre pensée semble pouvoir faire l'économie de celle des autres. Notre for intérieur ne semble pas avoir besoin du renfort d'autrui. Notre pensée est inviolable, inaliénable.  Pourtant, à y regarder de près, on ne peut pas non plus négliger totalement autrui, son existence et sa pensée. Ne risque-t-on pas, sinon, de sombrer dans le solipsisme ou le scepticisme ? Ne pas se soucier de la pensée d'autrui n'est-ce pas courir le risque du relativisme ("A chacun sa vérité") ?

« L'essentiel réside donc dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou un philosophe qui,comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rien ne saurait être plus important que de ne pass'égarer dans les terres inconnues à découvrir. Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode : « Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactementne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles, mais en accroissantprogressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.

» « Règles pour la direction de l'esprit » (IV). La méthode garantit donc : q La certitude (l'élimination de l'erreur) ; q La facilité et l'économie d'efforts ; q La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ; q La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut humainement savoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.

La première partie du « Discours » en fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.

Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.

Bon élève dans unexcellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».

Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.

Il cherchait, et l'éducation lui promettait« la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie », mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvertde plus en plus mon ignorance ». L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit.

Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d' Aristote repensé par le christianisme.

Le cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la raison.

En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. B) Il est difficile de penser par soi-même (Kant) [1] "Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est par sapropre faute.

La minorité est l'incapacité de se servir de son entendementsans la direction d'autrui.

Cette minorité, nous la devons à notre propre fautelorsqu'elle n'a pas pour cause un manque d'entendement, mais un manque dedécision et de courage pour se servir de son entendement sans la directiond'autrui.

Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Telle est donc la devise des Lumières." DÉFINITION DES LUMIÈRES Kant définit les " Lumières " comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la " minorité ".

L'état de " minorité " est un état de dépendance, d'hétéronomie.

Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loiqu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui.Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propreentendement.

Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'estplus sa propriété, son oeuvre propre mais l'oeuvre d'un autre.

Que l'on songeici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action.Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujetssoumis? Et à Kant d'imputer la " faute " (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais àceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui par lâcheté, par " manque de décision et de courage " laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs.

Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation auchapitre 2 du " Contrat social ": " Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.

Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir. »

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