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Peut-on préférer l'ignorance à la vérité ?

Publié le 09/04/2009

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« Je préfère ne pas savoir ! « dit-on quelquefois face à une nouvelle dont on pressent qu’elle va bouleverser notre existence, ou qu’elle va nous faire souffrir. Ainsi, nous avons tous déjà été confronté à ces situations dans lesquelles nous préférons ne pas connaitre la vérité.  Cependant, un tel choix va-t-il de soi ? Autrement dit, peut-on préférer l’ignorance à la vérité ? Tout d’abord, comment cela peut-il être possible ? L’ignorance n’est-elle pas une situation préjudiciable à l’homme, puisqu’elle l’empêche de connaitre les faits qui lui permettraient de prendre la meilleure décision ? Dès lors, au nom de quoi l’homme peut-il préférer l’ignorance à la vérité ? Mais ensuite, même s’il est possible de préférer l’ignorance à la vérité, cela est-il pour autant légitime ? L’homme a-t-il le droit de préférer l’ignorance à la vérité, c’est-à-dire finalement de placer une autre valeur au dessus de la vérité ?  Pour répondre aux problèmes soulevés par cette question : « Peut-on préférer l’ignorance à la vérité ? «, nous commencerons par analyser ce qui rend possible le choix de l’ignorance contre la vérité. Puis, nous nous demanderons, dans une deuxième partie, si un tel choix peut-être légitime, et si oui à quelles conditions. Enfin, nous prolongerons cette réflexion en nous demandant si une autre valeur peut-être jugée supérieur à la vérité.

« Deuxième partie Nous allons donc nous demander à présent si le choix de l'ignorance contre la connaissance de la vérité est cettefois-ci légitime.

Or, il est nécessaire pour répondre à cette question d'examiner plus précisément quelles sortes devérité peuvent être considérées par un tel choix, et quelles conséquences cela peut avoir, afin de déterminer si lapréférence de l'ignorance à la vérité peut être légitime, et si oui à quelles conditions.Nous avons vu que si l'homme préférait parfois l'ignorance à la vérité, c'est parce que la vérité peut perturber oumême détruire son bonheur.

Mais quelles sorte de vérités sont-elles susceptibles de rentrer en contradiction avecles conditions du bonheur ? Si nous reprenons les trois situations analysées dans la première partie, nous pouvonsdéjà identifier plusieurs types de vérités, ainsi que plusieurs sortes de conséquences possibles.

Dans le premier cas,il s'agit d'une donnée personnelle : le temps qu'il reste à vivre à une personne malade est une vérité qui le concerneavant tout autre personne, c'est elle seule qui peut savoir si elle vivra mieux ses derniers instants en sachant pas ladate de sa mort.

Dans le deuxième cas, il s'agit d'un fait qui concerne une famille : l'enfant peut certes choisir seulde préférer l'ignorance ou la connaissance de la vérité, mais ce choix aura des conséquences sur les autresmembres de la famille, dont le bonheur dépendra également de ce choix.

Dans le troisième exemple, il s'agit cettefois d'une situation qui concerne une nation tout entière, voire au-delà la situation internationale : le choix del'individu a des conséquences qui outrepassent son seul bonheur personnel ou même familial, puisqu'il anécessairement des répercussions sur la vie d'une multitude d'individus.A partir de l'analyse de ces différentes situations, on peut ainsi comprendre que le critère de bonheur ne peut paslégitimer à lui seul la préférence de l'ignorance à la connaissance de la vérité.

En effet, l'individu ne doit pas prendreen compte son seul intérêt personnel dans ses décisions : il ne le doit pas pour des raisons juridiques et pour desraisons morales.

Pour des raisons juridiques, tout d'abord, puisque la loi punit la « non assistance à personne endanger » : ainsi, un individu ne peut pas impunément choisir d'ignorer l'accomplissement d'actes mettant en dangerla vie d'autrui, pour préserver son bonheur personnel.

Il a le devoir, sous peine d'être punit par la loi, de dénoncer detels actes, même si cela doit remettre en cause ses conditions d'existence.Mais les lois ne sont pas les seules à pouvoir intervenir dans un tel choix entre l'ignorance et la vérité lorsque cechoix peut porter préjudice à d'autres personnes : les valeurs morales le peuvent également même dans les cas oùla loi ne s'applique pas.

Reprenons en effet notre deuxième exemple : il nous permettra de comprendre comment lamorale peut parfois légitimer le choix de l'ignorance contre la connaissance de la vérité.

Nous avons fait jusqu'àprésent comme si un enfant, pressentant l'existence d'un secret concernant l'identité de son vrai père, choisissantforcement l'ignorance pour préserver son bonheur familial.

Pourtant nous savons bien que la curiosité, le simple désirde connaître la vérité- qui semble parfois irrépressible- pourrait le pousser à vouloir connaître la vérité à tout prix,même s'il s'agit que cela pourrai menacer sa bonne relation avec ses parents.

Or, dans ce cas, le devoir de ne passacrifier le bonheur des autres au nom de son seul désir personnel, peut justement dicter à cet enfant de ne pascéder à sa curiosité et donc de préférer rester dans l'ignorance pour ne pas risque de blesser ses parents, et dedétruire le bonheur de cette famille à laquelle il appartient.Ainsi, on peut tirer de l'analyse de ces différentes situations plusieurs conclusions.

Tout d'abord, il peut être légitime– et cela peut même se présenter comme un devoir allant contre notre intérêt, comme dans la situation analysée ci-dessus – de préférer l'ignorance à la vérité lorsque la volonté de connaître de vérité ne se justifie que par un désirpersonnel qui peut entraîner des préjudices pour d'autres personnes.

Mais par contre, il n'est jamais légitime depréférer l'ignorance à la vérité, lorsque ce choix est celui de son propre bonheur au détriment du malheur d'autresindividus – comme dans la troisième situation analysée.

Ce choix de l'ignorance au nom de son bonheur ne peut êtrelégitime que lorsque ce choix ne peut entraîner aucune conséquences négative pour les autres : comme dans lapremière situation analysée où la décision du malade ne peut pas porter préjudice aux autres, puisqu'au contraire,les autres ont eux aussi intérêt à ce que ce malade privilégie son bonheur – fût-ce par le choix de l'ignorance.Dès lors, une dernière conclusion plus générale peut être tirée de ces analyses, qui vient compléter les conclusionsde notre première partie : s'il est possible que l'homme soit amené à choisir l'ignorance plutôt que la vérité au nomde son bonheur ; il n'est cependant légitime de préférer l'ignorance à la vérité, qu'à partir du moment où ce choix necontredit pas les lois ou les valeurs morales.

Ainsi, le seul critère qui peut légitimer le choix de l'ignorance, ce n'estjamais avant tout mon bonheur, mais c'est mon devoir qui me dicte de ne jamais préférer mon propre intérêt lorsquecelui-ci peut porter préjudice aux autres. Transition Nous avons vu dans cette deuxième partie qu'il était légitime dans certains cas de préférer l'ignorance à la vérité :cela signifie donc que la vérité peut être sacrifiée au nom d'une autre valeur.

Il me semble que cette valeur soit lamorale, plus précisément le devoir qui nous dicte de ne pas préférer notre intérêt personnel lorsque cela peutentraîner des conséquences négatives pour les autres.

Mais pourquoi devrais-je faire attention à ne pas porterpréjudice aux autres, sinon au nom de la défense de leur bonheur ? Ainsi, on croyait avoir montré que le bonheurn'était pas finalement cette valeur qui peut légitimer le choix de l'ignorance, mais c'est finalement pour retrouver lebonheur sous une autre forme : non plus mon seul bonheur personnel qui peut aller contre l'intérêt des autres, maisle bonheur général des hommes, celui qui essaie de concilier les différents intérêts.

Ainsi, c'est donc bien au nom dubonheur que l'homme peut préférer l'ignorance à la vérité.

Mais cela va-t-il de soi ? Peut-on vraiment sacrifier lavérité au nom du bonheur ? Troisième partie. »

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