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Peut-on réduire la morale aux moeurs ?

Publié le 22/12/2005

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En ce sens la morale peut être rapprochée de l'éthique. Mais si certains philosophes ont établi clairement la distinction entre ces deux termes, il semble que pour certains, morale et moeurs soient intimement liés. Il s'agit donc de comprendre quels sont les enjeux de la relation entre moeurs et morale.   I/ Nietzsche : le ressentiment comme origine des valeurs morales   La conduite morale des individus répond, selon Nietzsche à ce qu'on pourrait appeler la nature même des individus. La morale n'est alors plus le point d'encrage sur lequel pourront s'établir les conduites individuelles. Elle ne devient que la réponse à un processus de hiérarchie sociale. Pour illustrer cette idée, Nietzsche, dans La généalogie de la morale utilise l'exemple du maître et de l'esclave. Il considère que la morale est une entreprise qui trouve sa source dans le ressentiment des esclaves à l'égard des maîtres. En effet, en étant faibles et incapables d'affirmer quelque chose de vraiment positif, les esclaves se trouvent soumis aux maîtres, non pas seulement en tant que détenteurs du pouvoir mais parce qu'ils sont créateurs. Etant eux-mêmes dans l'incapacité de créer positivement, les esclaves demeurent dans une passivité négative qui consiste à réagir plutôt qu'à agir.

 

La complexité d’une telle question réside évidemment dans la définition des termes « morale « et « mœurs «. Car si la morale apparaît comme une notion éminemment philosophique, il semble que les mœurs renvoient davantage à des questions d’ordre sociologique ou anthropologique. Néanmoins, si la question d’une réduction de la morale aux mœurs se pose, c’est qu’une confusion repose sur l’acceptation de ces termes. Il apparaît donc nécessaire , dans un premier temps, d’essayer de définir ces notions qui semblent a priori si proches.

Les mœurs, (du latin mores) désignent en général les pratiques sociales, les usages communs à un groupe, un peuple ou encore une époque. Elles constituent en ce sens un ensemble de règles établies selon les habitudes du groupe en question. Nous voyons déjà, à travers cette définition que les mœurs sont relatives à la société qui les adopte.(le terme de société devant être compris ici dans son sens large d’association de personnes réunies selon des intérêts communs)

Or, peut-on soumettre la morale à un tel « relativisme « ? Il semble au contraire que la morale, loin de répondre à des besoins particuliers, définisse au contraire un ensemble de règles universelles, soumises non pas aux intérêts particuliers mais plutôt au bien commun. En ce sens la morale peut être rapprochée de l’éthique.

Mais si certains philosophes ont établi clairement la distinction entre ces deux termes, il semble que pour certains, morale et mœurs soient intimement liés. Il s’agit donc de comprendre quels sont les enjeux de la relation entre mœurs et morale.

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« III/ Kant : la raison est le seul fondement universel stable de la morale La philosophie pratique de Kant se distingue des autres pensées de la morale parce qu'elle est la première à poserclairement la question de la morale dans la relation à l'autre .

Elle est la première à faire de la conscience respectueuse de l'altérité l'essentiel de sa doctrine.En effet, sa pensée considère le devoir moral comme irréductible et l'altruisme comme nécessité.

Ce qui signifie quel'action de l'homme n'est plus motivée par son propre bien et ses pulsions egoistes mais par le bien d'autrui.Or, il ne s'agit pas pour Kant de fonder la moralité sur le sentiment, lequel est instable, aléatoire et d'essence« pathologique » pour reprendre l'expression kantienne, (dans le sens où le sentiment est toujours subi.) « Mais sitoute valeur était conditionnelle, et par suite contingente, il serait complètement impossible de trouver pour laraison un principe pratique suprême.

» ( Fondements de la métaphysique des mœurs ) Donc, la philosophie morale de Kant ne saurait trouver ses fondements dans le sentiment, celui-ci ne pouvant êtresous le contrôle de ma volonté et mettant, de fait, la morale elle-même en péril.En effet, l'acte moral ne doit pas dépendre des circonstances ni des mouvances affectives mais doit être le produitde la volonté libre .

Or, le seul fondement universel de la morale en liaison avec ma volonté, c'est la raison . De fait, seule une volonté conforme à la raison peut agir selon la loi morale universelle.

Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans ce cas la raison exerce une contraintesur la volonté.

Cette contraintes'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes :— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées non en elles-mêmesmais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre cemédicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques serattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté saitqu'elle doit s'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques s'imposeront àn'importe quelle volonté particulière.

Ils se caractérisent donc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fondqu'un seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : «Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».De cette formule, Kant en déduit trois autres :• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

»• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

»• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne desfins rendu possible par la liberté de la volonté.

» Conclusion : - Les valeurs morales apparaissent, selon l'acceptation nietzschéenne, quand les esclaves éprouvent du ressentiment à l'égard de leur maître car l'esclave devient à ce moment créateur.

Ici, c'est la pratique socialequi vient fonder les valeurs morales de bien et de mal. - Pour Rousseau, la pratique de la vertu sous la forme de la politique ne peut se distinguer de la morale (dont la valeur est universelle) car elle y est soumise. - Enfin, selon Kant, la morale doit trouver l'universalité de son fondement dans la volonté libre conforme à la raison.. »

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