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Peut-on renoncer aux passions ?

Publié le 30/01/2004

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Chacun sait que certaines passions (la jalousie ou l'appât du gain) peuvent s'avérer nocives pour soi comme pour les autres. Toutefois il ne s'agit pas ici de telle ou telle passion particulière, mais bien de « toute passion » sans exception. C'est donc la passion en tant que telle, dans sa nature la plus intime, qui ferait obstacle à la liberté. Pour obtenir la suite et la fin de ce devoir un second et dernier code PassUp vous est demandé. CITATIONS: « On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours de sa volonté. » Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct. 1645. « Tout ce qui n'est point action est passion. » Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

« nous entraîne malgré nous.

Sans doute ce sentiment n'accompagne-t-il que les « passions mauvaises », celles quinous déchirent et nous conduisent à notre perte.

Mais il n'en demeure pas moins que toute passion, bien ou malvécue, s'impose à moi sans que je puisse la choisir volontairement : la passion amoureuse nous surprend sans qu'onl'attende et surtout sans qu'on ait décidé d'aimer.

En outre elle nous attache à une personne extérieure : la passionest toujours passion pour ce qui n'est pas moi.

Pour ces deux raisons on peut comprendre que l'exigence de libertépuisse nous conduire à renier toute passion.3 / En suivant cette logique, on pourrait reformuler la proposition examinée de manière encore plus radicale : « Êtrelibre, c'est renoncer à toute passion.

» Dans cette hypothèse le renoncement n'est plus le prix à payer pouratteindre la liberté, mais le fruit et la conquête de la libération.

Cette hypothèse se justifie dès lors que l'on définitla liberté comme autosuffisance et comme refus de tout ce qui échappe à la sphère étroite de ce qui dépend denotre volonté.Ces trois hypothèses convergent autour d'une définition strictement négative de la liberté comme indépendance àl'égard du monde extérieur.

Sans doute par la liberté je m'affirme, mais tout se passe comme si je ne pouvaism'affirmer moi-même qu'en entretenant une relation d'indifférence avec les autres et avec le monde extérieur.

Et sila passion semble menacer la liberté, c'est justement parce qu'elle crée des liens avec les autres et avec leschoses.

Sous toutes ses formes la passion est attachement ; elle nous projette vers le monde.Le premier mouvement d'agacement surmonté, il est apparu que la thèse à discuter ne manque pas de cohérencedès lors que l'on a dégagé la conception de la liberté qu'elle enveloppe.

Et si une discussion peut maintenants'amorcer, elle s'ordonnera inévitablement autour de cette définition négative de la liberté comme non dépendance.Cette discussion pourrait s'ordonner autour des points suivants :1 / L'idée d'indépendance épuise-t-elle l'exigence de liberté ? A cet idéal purement négatif ne pourrait-on pasopposer l'affirmation de la liberté engagée qui se réalise par la capacité à transformer le monde ?2 / « Faudrait-il, nous demande-t-on, renoncer à toute passion...

», mais à l'impossible nul n'est tenu.

Suffit-il eneffet de le vouloir pour cesser d'aimer ou d'espérer ? Peut-on « renoncer » à une passion comme on renonce à unechose qui dépendrait uniquement de notre volonté ?3 / En revanche n'est-il pas possible d'aménager nos passions de manière à ne pas en être simplement victimes etpourquoi pas de les mettre au service de nos entreprises ? Nous ne pouvons peut-être pas supprimer les passions,mais nous pouvons, au lieu de les subir, en faire les alliés de notre volonté.4 / Il faudrait alors redéfinir la passion dans un sens plus positif.

Elle ne serait plus ce noyau de passivité, qui faitobstacle à la liberté, mais cette énergie affective qui structure et mobilise notre volonté autour d'objectifs et detâches précises qui nous ramènent vers le monde.

N'est-ce pas précisément la présence de cette énergie de l'espritqui fait dire de quelqu'un : « C'est un passionné » ? « On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours desa volonté.

» Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

1645. « Tout ce qui n'est point action est passion.

» Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

1645. « Tout homme qui se réfugie derrière l'excuse de ses passions, tout homme qui invente un déterminisme est unhomme de mauvaise foi.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946. Pour Sartre, nous sommes tous et à tout moment responsables de nos actes.

Celui qui prétend agir sous l'emprisede ses passions et qui refuse d'assumer la paternité de ses choix se ment à lui-même : il est « de mauvaise foi ». « La passion [...] est un ébranlement de l'âme opposé à la droite raison et contre nature.

» Zénon de Cittium. « Suivant la définition des stoïciens, la sagesse consiste à prendre la raison pour guide; la folie, au contraire, àobéir à ses passions; mais pour que la vie des homme ne soit pas tout à fait triste et maussade, Jupiter leur a donnébien plus de passions que de raison.

» Érasme, Éloge de la folie, 1511. « L'inclination que la raison du sujet ne peut pas maîtriser ou n'y parvient qu'avec peine est la passion.

» Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798. « C'est seulement dans la mesure où les hommes vivent sous la conduite de la Raison qu'ils s'accordent toujoursnécessairement en nature.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) Tant que les hommes sont soumis à leurs passions (l'amour, l'envie, la haine...), ils ne peuvent vivre en paix les unsavec les autres.

Seule la raison leur fait rechercher le bien commun : leur nature (qui pousse chacun vers ce qu'iljuge le plus profitable) s'accorde alors nécessairement.. »

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