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Peut-on représenter le mal ?

Publié le 22/12/2005

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  La souffrance correspond au mal physique. Or elle dérange la raison et reste injustifiable. « Comme si au « je pense » kantien, capable de réunir en ordre et d'embrasser en sens, sous ses formes a priori, les données les plus hétérogènes et les plus disparates, la souffrance n'était pas seulement une donnée réfractaire à la synthèse, mais la façon dont le refus, opposé au rassemblement de données en ensemble sensé, s'y oppose ; à la fois ce qui dérange l'ordre et ce dérangement même. » LEVINAS, La souffrance inutile.     Transition : Le mal loin d'être un objet de l'intelligence en est bien plutôt un obstacle. La représentation, dans une première acception, s'inscrit dans un processus de rationalisation comme étant déjà une avancée vers la compréhension de son objet. Dans ce cas la représentation du mal est impossible. Dans un deuxième sens la représentation est une image témoignant de l'incapacité de la raison à conceptualiser le mal.     Deuxième partie : La fuite dans l'imaginaire.   2.

Le fait de représenter une chose consiste à la rendre présente ou sensible. En ce sens elle exprime un effort de compréhension de la part de l’individu. Or le mal se caractérise par son aspect irreprésentable. L’esprit bute contre le mal, il lui échappe. Le mal est voisin de l’absurde et de la démesure, il est difficilement saisissable et donc appréhendable par la pensée. La représentation n’est pas seulement un instrument de la raison, elle est aussi le fruit de l’imagination. Or l’individu par ce biais peut donner corps au mal de manière irréelle. Les deux sens de la représentation excluent une réponse simple à la question posée. Pour souligner cette complexité et tenter de résoudre la question de la représentation du mal nous procéderons en trois étapes. La première analyse le premier sens de la représentation, entendue comme instrument de la raison. La deuxième expose la deuxième acception, en montrant comme la fuite dans l’imaginaire peut faire du mal quelque chose de plus saisissable. Enfin la troisième étape a pour fonction de réinterroger la question de la représentation du mal en se demandant s’il ne faudrait pas mieux parler de manifestation plutôt que de représentation du mal.

« 2.3 La littérature.

Le domaine littéraire atteste également la tendance humaine à se servir de l'imagination pour donner la parole au mal.

Le diable pouvant prendre l'aspect d'une hallucination ou d'un fantôme.

Dans les Frères KaramazovDostoïevski met aux prises Ivan avec les mailles du tentateur.

Transition : L'image du mal produite non par l'entendement mais par l'imagination permet une distanciation. L'homme en traitant la question du mal par le biais de l'irréel trouve un succédané de représentation. Troisième partie : La manifestation remplace la représentation.

3.1 Le mal au-delà de la sphère théorique. A la fin de la préface de la Doctrine de la vertu Kant souligne la difficulté qu'a la raison théorique d'avouer son échec devant des idées telle que la liberté.

Elle concède difficilement à la raison pratique son privilègeconcernant ces questions.

Or il peut en être de même du mal.

En effet le caractère irrationnel du mal défie la raisonthéorique.

En revanche le mal trouve dans l'action sa manifestation. 3.2 Manifestation du mal plus que représentation du mal.

Le mal se manifeste par le biais de la volonté.

« Que l'on ne cherche donc pas la cause efficiente de la mauvaise volonté : cette cause n'est pas efficiente, mais déficiente ; elle n'est pas effectivement, maisdéfectivement.

Car déchoir de ce qui est souverainement, à ce qui a moins d'être, c'est commencer d'avoir unevolonté mauvaise.

» SAINT AUGUSTIN, Cité de Dieu, XII.

La volonté humaine via la transgression rend présent lemal. 3.3 Mal comme possibilité ou tentation.

Le mal n'est pas par lui-même, il est mis en scène par l'homme.

C'est pourquoi l'origine du mal se confond avec l'origine de l'humanité.

La désobéissance d'Adam est la première expression du mal.

Le mal reste un possiblepour l'homme, le prix et le poids de sa liberté. CONCLUSION La représentation en tant qu'instrument de la raison peut difficilement prendre pour objet le mal ; celui-ci s'avérant incompréhensible et insaisissable pour la pensée humaine.

La représentation, fruit de l'imagination, peutlaisser la place à une personnification du mal.

Mais plutôt que de parler de représentation du mal mieux faut-il parlerde manifestation.

En effet c'est par l'action humaine que le mal s'exprime.. »

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