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Peut-on se délivrer de son passé ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-on se délivrer de son passé ?

L’homme est-il prisonnier de son passé ?

ANALYSE DU SUJET

Homme.

Ce ternie peut désigner :

Tout être humain «en général» (Exemple : «L'homme est un animal politique»).

N'importe quel homme considéré en son être «singulier».

L'humanité considérée «dans son ensemble». (Exemple : L'homme progresse-t-il ?) Il y aura sans doute lieu de distinguer lors de la rédaction de la dissertation ces trois acceptions.

Prisonnier.

Etre prisonnier c'est être privé de sa «liberté», à tout le moins d'une partie de sa liberté (ou de certaines de ses libertés) selon des modalités ou des «degrés» qui peuvent être divers.

Il n'est pas inutile de remarquer que la métaphore du prisonnier n 'équivaut pas à celles de la marque ou de la tache (être «marqué par son passé» par exemple) ou à celles de l'accablement ou du poids (le «poids du passé» par exemple).

Il faut donc faire attention à ne pas s'écarter du (ou des) sens de «prisonnier» si l’on se propose vraiment de traiter le su jet précis donné.

Passé

Dans une certaine mesure ce que l'on va devoir ici entendre par passé va dépendre des diverses acceptions du terme homme que l'on va employer et distinguer.

Passé de l'humanité (l'Histoire), passé individuel, relations possibles entre ces deux passés ?

A partir de là on peut d'ores et déjà se poser une série de questions (sans préjuger de leur importance et de leur exhaustivité en ce qui concerne le traitement même du sujet : la recherche doit se poursuivre après l’analyse de l’énoncé et avant la rédaction de la dissertation) : le Passé de l’Humanité est-il un ? En quel(s) sens peut-on dire que le passé est présent (sans quoi le sujet n’aurait lui-même aucun sens) ? En quel(s) sens peut-on dire que l’homme est prisonnier de son passé ? Cette question est-elle identique à la suivante : «L’homme peut-il se libérer de son passé ?» ... Si elle n’est pas identique n’est-elle pourtant pas contenue en quelque manière, implicitement, «dans» la question précédente ?...

« exemple pas exister sans les travaux de Louis Pasteur sur l'idée de génération spontanée.

De même, au niveauartistique, une ½uvre d'art sera toujours mise en relation avec ce qui a déjà été fait quelle que soit la volonté del'artiste.

Notre pensée est inscrite dans l'Histoire de l'humanité, il n'y a aucun moyen d'échapper à cela ; même si unhomme venait à s'isoler et à ignorer tout ce passé de l'humanité, cela serait en réaction à cette position dansl'humanité et donc en relation à ce passé dont il ne pourrait jamais réellement se passer, qu'il ne pourrait jamais nier,qu'il pourrait simplement ignorer.

Mais, si l'humanité est fondamentalement liée à son passé, ne pouvons-nous pas,individuellement, se passer de notre passer pour pouvoir vivre, pour que ce passé irrémédiable soit mis à part letemps de chercher la vie? Voyons donc à présent à quel niveau l'homme pourrait se passer du passé.

Tout d'abord, pour pouvoir vivre,l'homme doit oublier et donc se passer du passé.

En effet, selon Nietzsche dans la deuxième dissertation de laGénéalogie de la morale et dans les Secondes considérations intempestives, la tendance à l'oubli est essentielle à lavie de l'homme ; elle constitue une « entrave positive », c'est-à-dire une fermeture de la conscience afin de pouvoiravancer.

L'homme qui s'encombrerait de toute l'histoire, de tout le passé, de toutes ses fautes ne pourrait connaîtrele moindre bonheur.

Historicisant tout, il ne pourrait faire quoi que ce soit sans penser à toutes les conséquencespossibles de son acte.

En pensant, comme Héraclite, toute chose comme une chose « en devenir », on ne bougeplus, on n'avance plus : on ne peut connaître la vie.

Les hommes bougent, avancent : c'est un fait.

Ils sont doncdans un état d'oubli qui leur permet de vivre et de connaître un certain bonheur.

On comprend donc qu'en ce sens, il est possiblede se passer du passé puisque nous le faisons tous les jours en menant une existence plus ou moins active.

MaisNietzsche nous dit aussi que cet oubli se fait en parallèle avec l' « inspirituation », c'est-à-dire l'assimilation dupassé.

En effet, oublier revient ici à na pas se concentrer sur le processus de « digestion » fait par « les organessouterrains ».

L'oubli est donc parallèle à l'assimilation du passé.

Pour se constituer un présent, l'homme se passedonc tout le temps du passé mais cela pour le dépasser, l'assimiler.Nous avons donc vu qu'afin de vivre et de pouvoir postuler au moindre bonheur, l'homme doit se passer du passé.Dans cette optique, il est possible d'évoquer la vision de Schopenhauer quant au temps.

Il remarque que nous nesentons de notre existence que les mauvais moments, inscrivant mécaniquement le bonheur dans un passé perdu.Penser à ce passé perdu veut dire rester dans la souffrance.

Nous ne ressentons pas le bonheur sur le moment maisseulement après qu'il a eu lieu.

Mais cela signifie que s'il y a souffrance, c'est qu'il y a eu bonheur ou au moins oublimomentané de la souffrance, oubli du passé regretté et donc détachement du passé.

Toute personne qui, ne serait-ce qu'un instant, arrive à ne pas penser à ce passé douloureux, s'est passée du passé.

On peut donc se passer dupassé dans dessein d'atteindre une certaine sérénité.

Mais le simple fait de vouloir cet oubli le détruit déjà puisqu'ilramène à la pensée l'existence du passé impossible à retrouver.Par ailleurs, l'homme est homme car il dispose de sa volonté.

Malgré le point de vue de certains philosophes qualifiésde philosophes du « soupçon » que nous avons évoqué plus haut, nous allons considérer ici, avec la plupart desphilosophes classiques, que la volonté est bel et bien ce qui incarne notre liberté.

En effet, si je suis prisonnier d'undéterminisme physique, ma raison est entièrement libre et c'est ce qui définit mon humanité ; en effet,contrairement à l'animal, je peux me détacher de mes instincts, de mon corps, afin de répondre à ma raison et à unecertaine morale.

Dans cette optique, il est possible de se passer du passé.

En effet, si je suis libre dans monraisonnement, il m'est possible de modifier mon présent afin de me libérer de ce passé.

Pour Jean-Paul Sartre et lesphilosophes existentialistes, c'est l'existence qui précède l'essence, pas l'inverse : je n'ai pas de nature, c'est moi,pa r mes choix, qui crée cette nature, cette essence.

Quelles que soient les déterminations que m'inflige le passé : maraison, ma volonté, me permet d'y échapper.

Mais créer ce futur en jouant avec le présent, n'est-ce pas aussi,d'une certaine manière, avouer la toute puissance du passé ? En effet, le présent est ici considéré comme le passédu futur : le passé est donc toujours lié à l'existence, même s'il est manipulé par la volonté humaine.

Mais lavolonté, n'est-elle pas elle aussi connectée au passé par le fait qu'elle est un mouvement qui ne peut donc pas êtreinstantané ? Nous allons à présent essayer de répondre à cette dernière question.

Comme nous l'avons dit plus haut, l'homme est homme par sa volonté.

Mais cette volonté est un mouvement.En effet, au contraire de l'animal, l'homme peut construire un raisonnement, un projet, une réflexion toutsimplement.

Cela lui est possible car sa pensée est un mouvement qui avance mais qui n'évolue qu'en fonction deson passé.

Avoir la volonté de faire ou de dire, c'est envisager pour maintenant une option, mais ce maintenant nesera jamais le présent mais un futur, si proche qu'il soit.

L'animal n'a pas de volonté car il n'a pas de projet depensée.

Mais c'est aussi cette volonté qui pose problème à l'homme.

En effet, l'homme désirerait ne pas avoir cechoix de vie, il préférerait sûrement, comme l'animal, vivre dans un bonheur lié à l'ignorance du passé, du présent etdu futur.

L'animal n'a pas de notion du temps, il oublie, et c'est ce que l'homme lui envie.

Le mythe biblique le plus fondamental de la culture occidentale met d'ailleurs cette idée en scène :lorsque Adam et Eve décident de manger la pomme quand Dieu leur a interdit, ils causent eux-mêmes leur malheurpar leur volonté de manger la pomme ; sans cette volonté, les hommes vivraient encore dans le jardin d'Eden.D'autre part, pour reprendre l'idée nietzschéenne évoquée plus haut, l'homme qui oublie pour pouvoir postuler aubonheur est celui-là même qui pourra promettre, c'est-à-dire justement celui qui inscrira sa volonté dans un rapportentre le passé et le futur.

Une fois le passé digéré, assimilé, dépassé, l'homme peut en effet prétendre à dire que cequ'il veut dans le présent, il l'obtiendra dans le futur et que donc ce moi du futur correspondra au moins du présent,quoi qu'il arrive.

L'homme pourra ainsi promettre, sa volonté étant liée aux connaissances qu'il a de lui de sorte qu'ilpeut se considérer lui-même « comme avenir ».

Promettre, c'est réussir à envisager une constance que l'homme est. »

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