Peut-on se désintéresser de la politique et être libre?
Publié le 20/03/2005
Extrait du document
Pourtant, l'antinomie ne
s'effondre-t-elle pas, dans la mesure où pour garantir la sphère privée,
l'individu bourgeois doit être doté de droits ? Or, comme le précise Hegel dans
le paragraphe 261 des Principes de la philosophie du droit, les droits de
l'individu bourgeois peuvent-ils être fondés sur autre chose que les obligations
réciproques du citoyen ?
Conclusion
Ainsi, même
si on peut affirmer qu'il y a des formes de liberté non réductibles à la vie
privée, il semble vain d'opposer à tout prix d'un côté la liberté de l'esprit,
celle à laquelle on pourrait accéder même enchaîné dans les fers, et de l'autre
la liberté politique, celle à laquelle on aurait droit en accédant au statut de
citoyen à part entière de la cité. En effet, sauf à ôter tout sens concret au
mot liberté, parler de la liberté de l'esclave, quand bien même il aurait
accéder à la sagesse du philosophe stoïcien, semble pour le moins une expression
oxymorique. En outre, en tant que la liberté de l'esprit implique celle de
pensée et d'expression, quand bien même celle-ci ne saurait être anéantie par
aucun régime, fût-il despotique ou « totalitaire », comme l'ont bien montré
Spinoza dans le Traité théologico-politique ou Pascal avec sa « théorie
des trois ordres » (voir index des Pensées), elle ne peut s'épanouir que
dans un cadre démocratique. Ainsi, même Kant, qui insiste sur l'autonomie de la
raison pure pratique et donc de la liberté, en tant que celle-ci réside dans
l'autonomie de la volonté qui se donne à elle-même la maxime universelle de son
devoir (cf. Fondements de la métaphysique des moeurs, en particulier 2e
et 3e partie), est conduit à accorder un rôle central à l'usage libre
et public de la raison dans l'acheminement vers les Lumières (cf. Qu'est-ce
que les Lumières ?). Or, la démocratie implique non seulement une « liberté
négative » accordée à la sphère privée, mais aussi une liberté républicaine de
participation aux affaires publiques, en tant que cette participation permette
au peuple de surveiller l'Etat et de garantir que celui-ci respecte ses lois (Quid
custodiet ipsos custodes ?
HTML clipboard Y a-t-il une liberté en dehors de la cité, c’est-à-dire de la participation à la res publica, à la « chose publique « ? Peut-on être libre en se repliant sur son « jardin privé «, à l’écart de la politique ? Ou faut-il opposer deux sortes de liberté, l’une en tant que participation à la chose publique, l’autre en tant que droit à jouir de sa vie privée voire de la sphère de l’intime ? Ces deux formes possibles de liberté sont-elles réellement contradictoires ?
Liens utiles
- Vivre libre est-ce la finalité du politique ?
- La communauté politique la plus libre est celle dont les lois s'appuient sur la saine raison.
- Spinoza, Traité théologico-politique: l'esclave est celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai, car en réalité être captif[1] de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire esclavage...
- La politique libre-échangiste Les noces de la politique et du commerce.
- La politique libre-échangiste Les noces de la politique et du commerce.