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Peut-on se passer de toute croyance ?

Publié le 27/02/2008

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L'homme peut-il  vivre sans croyance religieuse ? Une existence totalement lucide est-elle possible, est-elle souhaitable ? Peut-il y avoir une vérité sans croyance ? La croyance n'est-elle pas au fondement même de toute vérité ? Dans ces conditions, quelle place peut-on raisonnablement reconnaître à la croyance dans le champ de la vérité ?

« admet sans justification.

Mais certainement pas pour rien.

L'adulte est crédule dans un sens différent de l'enfant.

Ila cessé depuis longtemps d'être naïf.

Le naïf est étonné devant le monde sans éprouver le besoin de se rassurer ;or la plupart d'entre nous, bien au contraire, devenons crédules quand il y a en nous un besoin affectif de croirepour nous rassurer.

Or, c'est une chose que de chercher à comprendre ce qui nous étonne, - ce qui implique lafraîcheur de la naïveté devant ce qui est - et c'est tout à fait autre chose que de chercher à tout à se rassurerdans la croyance.

Si je ne cherche qu'à me rassurer, je suis par avance prêt à accepter tout ce qui assure monconfort intellectuel, ce qui veut dire satisfaire mes désirs, donc très souvent à me payer des illusions.

Laconnaissance est là pour m'éclairer.

Elle n'est pas là pour me réconforter.

Dans l'ordre du vrai, il ne s'agit pas de «positiver » à tout prix mais de regarder les choses en face.

Si on veut seulement positiver, le besoin de croire prendtout son empire, ce qui ouvre la porte à la crédulité.

La crédulité voisine avec la superstition.

Un esprit superstitieux est crédule d'une manière plus aiguë.

Il voitpartout des signes avant coureur de ses propres attentes, il voit la confirmation de ses craintes, il voit partout lereflet de ses peurs.

Ne pas passer sous l'échelle cela porte malheur ! Il faudra retourner le pain ! Dans lescampagnes autrefois non seulement on le retournait, mais on faisait un croix dessus.

Un esprit inquiet ou angoissécherche des signes.

Il interprète de manière délirante la réalité.

Ainsi de ce cas psychiatrique où on voit un sujets'arrêter devant les initiales JVC d'une marque de télévision pour proclamer : « Jésus Vous Connais ! C'est un signe,tremblez, vous serez jugé ! ».

Freud fait quelques remarques de bon sens sur la différence entre le superstitieux etle psychiatre : « ce qui me distingue d'un homme superstitieux, c'est donc ceci : je ne crois pas qu'un événement àla production duquel ma vie psychique n'a pas pris part soit capable de m'apprendre des choses cachées concernantl'état à venir de la réalité ».

Le superstitieux oui.

Le superstitieux ne croit pas au hasard extérieur, le psychologue luine croit pas au hasard intérieur.

Le superstitieux « projette à l'extérieur une motivation que je cherche à l'intérieur».

En d'autres termes : le superstitieux ne se rend pas compte de ses propres motivations et justement, parce qu'illes ignore, il les projette dans le monde extérieur.

Il faut bien avouer que le cours de la Nature ne nous est que rarement favorable, selon des plans qui soient lesnôtres.

Les choses ne se passent jamais comme l'ego peut les attendre.

Alors, comme l'explique Spinoza, leshommes ont tendance à repenser le cours des choses suivant leurs propres desseins.

Donc, « si la fortune leur étaittoujours favorable, ils ne seraient jamais prisonniers de la superstition ».

Dans l'adversité, il faut que les hommescherchent de quoi se rassurer, quel que soit le prix de la croyance.

« Si en effet, pendant qu'ils sont dans l'état decrainte, il se produit un événement qui leur rappelle un bien ou un mal passés, ils pensent que c'est l'annonce d'uneissue heureuse ou malheureuse et pour cette raison, bien que cent fois détrompés, l'appellent un présage favorableou funeste ».

La superstition prolifère sur le terrain de la peur.

La peur engendre une pensée irrationnelle et c'estcette pensée irrationnelle qui finit par faire en sorte que les hommes,« quand ils interprètent la Nature, ilsdécouvrent partout le miracle, comme si la nature délirait avec eux ».

Nous ne devons pas nous moquer trop vite de la crédulité, car elle peut-être liée à un profond malaise, uneangoisse, un doute morbide dont le sujet ne peut sortir que par une fuite en avant dans des opinions qui rassurent.Il ne suffit pas de dénoncer la superstition, tant que la confiance en soi n'a pas été restaurée.

Quand la confianceest sapée, c'est le doute acide qui ronge.

Le sceptique, dans le sens pathologique, est celui qui ne parvient plus àcroire en quoi que ce soit et qui reste seul avec le doute.

L'intellect qui n'a plus de prise sur rien se retourne contrelui-même et rumine des scrupules indéfinis, pour aboutir au sentiment d'une impuissance à croire.

Le sceptique nepeut plus se rassurer dans des opinions qui assureraient un confort.

Il rumine le doute.

L'intellect tranche et hachemenu la certitude pour ramener toute croyance au néant.

Amiel, dans son Journal intime, l'a souvent exprimé, disantque chez lui, la rumination scrupuleuse avait précipité le doute au point de paralyser la faculté de décider, devouloir, d'agir.

L'intellect qui se retourne contre lui-même produit la faiblesse et se donne la caution d'un scepticismemorbide pour qui tout est vain.

Amiel écrit : « ta lacune est dans le vouloir, le principe de ton abstention est ledoute et le doute provient de l'impossibilité de tout voir jointe à la probité qui repousse le parti pris et la décisionarbitraire ».

Le moi voudrait tout contrôler, mais n'y parvient pas.

Il se retranche dans l'abstention et s'auto justifiepar le scrupule soi-disant rationnel.

En comparaison, le fanatique lui, sort du doute par un saut aveugle dans la foi.

Là où le sceptique rumine sesdoutes, en restant prostré, lui se dope à la fébrilité d'une foi qui ne doute de rien.

Il a le regard halluciné de celui quipossède la vérité absolue et entend l'imposer par tous les moyens, y compris par la force.

Tout l'inverse du regardrentré, éteint, du sceptique qui ne voit plus de vérité nulle part.

Son adhésion à la croyance est massive,inconditionnelle, étroite, dépourvue de tout esprit critique.

C'est la passion de celui qui est persuadé de posséder lavérité et non pas passion de celui qui la cherche, ni l'humilité de celui qui sait que la vérité ne lui appartient pas enpropre.

Le mental fanatique est porté à donner des réponses brutales, tranchées, sommaires, catégoriques.

Lefanatique pense entièrement dans la dualité et une dualité rigide, manichéenne: il y a le bien/mal, lechrétien/païen, les élus de Dieu/damnés, le peuple musulman/le grand Satan occidental, les courageux/lâches, ladroite/gauche etc.

Derrière la pensée fanatique, il y a d'abord une rigidité mentale.

Le fanatique ne parvient pas às'ajuster à la compréhension d'une situation neuve, complexe, il applique un schéma brutal, sans parvenir à nuancerson interprétation.

Il pense de manière manichéenne et il s'auto-justifie dans la grandiloquence morale, bardée deprincipes, qui ne devraient pas connaître d'exception, comme si la règle devait tomber comme un couperet, sansdiscussion possible.

Cette incapacité de saisir la complexité fait que le fanatique ne parvient pas à voir que bien etmal sont présents en toute réalité relative donc en l'autre comme en lui-même.

Persuadé d'avoir raison, il se fait fortd'exprimer ses vues de manière agressive, comme il sait s'abriter adroitement derrière le souci de la justice pour faireviolence.

La personnalité fanatique est naturellement de type obsessionnel.

Les exemples que nous pourrions fournirsont nombreux.

Il y a eu des fanatiques de tous bords, de toutes formes d'idéologie.

Le christianisme a eu sonfanatisme du temps de la Sainte Inquisition.

Le personnage de l'inquisiteur est exactement le profil psychologiqued'une pensée obsessionnelle, de la rigidité mentale fanatique.

Un personnage aussi véhément qu'Adolf Hitler et sonstyle de discours véhiculent exactement la même structure mentale.

La logique de l'annihilation des Khmers rougesest encore la réapparition de ce même profil.

Et c'est encore la structure mentale fanatique que l'on retrouve dans. »

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