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Peut-on tenir l'évidence pour critère de vérité ?

Publié le 08/06/2012

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Ainsi, nous avons démontré dans un premier temps que l’évidence est nécessaire à l’établissement de certaines vérités, notamment dans les mathématiques pures qui sont purement abstraites. Elles ne font donc pas intervenir les sentiments de l’Homme. Cependant, l’évidence n’est pas suffisante pour prétendre être un critère de vérité puisque l’évidence est sans raisonnement et donc il est facile de tomber dans l’erreur et l’illusion. Bien au-delà de ces réflexions, le problème que soulève la question, peut-on tenir l’évidence pour critère de vérité, réside dans le fait que l’évidence n’est en réalité qu’une invention de l’Homme qui lui a permis d’interpréter certains phénomènes qu’il était incapable d’expliquer. L’évidence n’est donc que le fruit de l’opinion et du préjugé propre à l’être humain. C’est en considérant ces interrogations, que nous pouvons affirmer qu’il serait abusif de tenir l’évidence pour critère de vérité étant donné son insuffisance et sa nature même. Ainsi, les interrogations quant à la vérité subsistent. Sommes-nous aptes à atteindre la vérité ? La vérité ne serait-elle pas au contraire un idéal qui ne peut être atteint par l’Homme ? Est-ce la nature de l’Homme qui l’empêche de voir la vérité ?

« « La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit ».

Mais nous ne pouvons, en philosophie, nous contenterd’un raisonnement sans cause parce que ce ne serait pas à proprement parler, un raisonnement.

Et donc, si nousconsidérons l’évidence comme critère de vérité, c’est-à-dire comme un principe discriminant permettant dedistinguer le vrai du faux et ainsi, de reconnaitre la vérité, nous sombrerons alors dans une sorte de déterminisme.Car, en effet, le principe de déterminisme dit que tous les phénomènes sont liés par des lois sans qu’il faille chercherla cause.

Or Platon disait : "Sans l'intervention d'une cause, rien ne peut être engendré".

L’évidence s’avèredésormais insuffisante car, puisqu’elle est sans cause, nous ne pouvons établir un raisonnement grâce à l’évidenceseule, et donc elle ne peut prétendre en ceci, atteindre la vérité.De plus, il existe deux types d’évidences : l’évidence intellectuelle dont nous avons déjà parlé, et l’évidencesensible.

Cette dernière est l’évidence de la perception, c’est-à-dire que nous utilisons nos sens pour l’établir.

Or,l’évidence sensible peut facilement être source d’erreurs et d’illusions.

En effet, l’illusion est une tromperie qui sejoue de nos sens et de notre esprit, elle est proche de l’erreur dans la mesure où elle fait également intervenir unjugement erroné mais s’en distingue par la présence du désir, qui rend difficile toute réfutation rationnelle à sonégard.

Une évidence peut sembler vraisemblable et dans ce cas là elle ne saurait être un critère de vérité.

De plus,le monde sensible n’est constitué que d’apparences qui sont changeantes et temporelles comme le pensait aussiPlaton.

Ainsi, nous ne pouvons nous contenter d’une définition matérielle de la vérité, c’est-à-dire une définition quiest de l’ordre du réel, de l’expérience sensible, car cette définition se révèle inapte à rendre compte de la vérité dessavoirs formels tels que les mathématiques pures.

En ce qui concerne l’évidence intellectuelle, nous sommes aussien mesure de montrer son insuffisance quant à sa prétention à tendre vers la vérité.

En effet, l’évidenceintellectuelle apparait dans certain cas, à la raison dans une intuition immédiate.

Or, la vérité ne peut être obtenueque si un raisonnement déductif a été effectué au préalable.

Donc dire que l’évidence intellectuelle apparait dansune intuition immédiate suppose qu’aucun raisonnement n’a été effectué.

Ainsi, les deux types d’évidence serejoignent puisque l’une et l’autre sont insuffisantes pour qu’on les qualifie de critère de vérité.L’évidence est acte intellectuel qui peut être nécessaire pour l’obtention de vérités dans certaines sciences,cependant, l’évidence seule n’est pas suffisante.

En effet, d’autres procédés doivent être mis en œuvre pouraccéder à la connaissance dont notamment la recherche de la causalité.

Néanmoins certaines limites sont àobserver quant à la question, peut-on tenir l’évidence pour critère de vérité ? En effet, quels sont les fondementsde l’évidence ? Ne serait-ce pas une invention de l’Homme ? Car si l’évidence réside par exemple en un argumentd’autorité, sommes-nous vraiment autorisés à l’utiliser et prétendre atteindre la vérité en partie grâce à elle ? Nousdevons nous interroger là-dessus ainsi que sur ce qu’on appelle l’opinion. * En ce troisième moment, nous allons chercher à montrer que l’évidence pourrait bien, en effet, n’être qu’uneinvention de l’Homme qui lui a permis de lui faciliter la compréhension de notre monde.

Cependant, bien que la véritése doive d’être conforme à la réalité, il n’en demeure pas moins que la réalité peut être subjective.

En effet, touthomme peut être victime de ses sentiments.

Nous ne pouvons nous fier à notre sentiment spontané d’évidence dansdes questions qui nous tiennent à cœur.

Or, pour bien juger et ainsi accéder à la connaissance, il faut parvenir à undésintéressement total indispensable.

Nous ne sommes jamais certains d’y parvenir.

Même avec de longs etlaborieux efforts, l’objectivité totale chez l’Homme semble impossible.

Ainsi comme le disait Blaise Pascal dans sonœuvre Pensée : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

».

L’interprétation possible de cette citationest que la raison et l’amour ne peuvent cohabiter.

Ainsi, pour en revenir à l’évidence, nous ne pouvons tout voir ettout comprendre en tant qu’Homme puisque nos sentiments sont toujours présents et puissants.

On ne saurait alors,en ceci, établir de vérité par simple évidence.De plus, l’Homme est sujet à ses préjugés et à l’opinion.

L’opinion désigne, en effet, ce qui n’est pas fondé sur uneréflexion.

C’est une représentation « mentale » pouvant être vraie ou fausse et ne se fondant le plus souvent quesur la perception immédiate ou sur le ouï-dire.

De plus, l’opinion est rarement accompagnée de la conscience, qu’ellen’est qu’une opinion.

En ceci, l’évidence ne serait-elle que le fruit de l’opinion ? Pour qu’une évidence soit vraie, ilfaut qu’elle soit largement partagée parmi les hommes.

Or, l’évidence d’une idée diverge selon les individus.

Ainsi,l’évidence ne peut pas être un critère de vérité si chaque individu à sa propre vérité.

Socrate illustre très bien cespropos lorsqu’il dit « l'un ne saurait sans doute être plus raisonnable que l'autre, si les opinions de chacun sont pourchacun la vérité.

».

Une vérité doit être universelle pour exister et l’évidence sujette à l’opinion, c’est-à-dire quichange selon les points de vue ou avec le temps, ne peut remplir cette condition.

En effet, « Pour atteindre lavérité, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opinions qu'on a reçues, et reconstruire de nouveau toutle système de ses connaissances.

», Blaise Pascal.Ainsi, qu’est-ce que l’évidence réellement ? D’où vient-elle ? L’évidence est reconnue, par Descartes notamment,comme un critère de vérité.

Cependant l’évidence pourrait se révéler être une invention de l’Homme.

En effet,l’Homme a des connaissances limitées, certaines vérités lui sont encore difficilement accessibles.

L’Homme ne peuttout prouver, tout percevoir, tout expliquer dans ce monde qui l’entoure.

C’est pourquoi l’évidence est un moyen, enquelque sorte facile pour admettre certaines vérités qu’on ne peut prouver.

Ainsi, l’évidence ne donnerait que desinterprétations des faits, c’est-à-dire des vérités interprétées, perçues par nos sens et victimes de nos sentiments.Il serait alors abusif de considérer l’évidence comme critère de vérité, puisque en aucun cas elle ne donne uneexplication des faits. * ** Ainsi, nous avons démontré dans un premier temps que l’évidence est nécessaire à l’établissement de certaines. »

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