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Peut-on tirer un bien d'un mal ?

Publié le 25/12/2005

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Cependant même si ce monde n'est pas parfait il est le meilleur des mondes possibles, Dieu suivant, lors de la constitution de son ouvrage, la règle du meilleur. « On peut dire du mal physique que Dieu le veut souvent comme une peine due à la coulpe [faute], et souvent aussi comme un moyen propre à sa fin, c'est-à-dire pour empêcher de plus grands maux ou pour obtenir de plus grands biens. La peine sert aussi pour l'amendement et pour l'exemple, et le mal sert souvent pour mieux goûter le bien, et quelque fois aussi il contribue à une plus grande perfection de celui qui le souffre. » Essais de Théodicée.   1.3  Ethique de conviction : tous les moyens sont-ils bons ?   L'éthique de conviction est une expression utilisée par Max Weber dans Le politique, elle désigne une éthique mettant au premier plan la fin. Tous les moyens sont alors jugés bons pour pouvoir réaliser et défendre sa conviction. « Il semble donc que c'est bien le problème de la justification des moyens par la fin qui voue en général à l'échec l'éthique de conviction. En fait, il ne lui reste logiquement d'autre possibilité que celle de repousser toute action qui fait appel à des moyens moralement dangereux.

Le mal et le bien sont deux notions opposées. Il semble difficile de prime abord de trouver un terrain d'entente entre les deux. Comment par exemple le mal physique, la souffrance, peut-il servir un bien, la santé ? Comment la guerre peut-elle être mise au service de la paix ? Après l'opposition immédiate apparaît une complémentarité possible. Bien souvent le politique utilise des instruments violents pour servir ses fins légitimes. Le mal peut être un moyen d'obtenir un bien. Le risque de cette instrumentalisation du mal au profit d'un bien résiderait dans la conception suivante : tous les moyens sont bons pourvu que la fin soit bonne. Or cette conception a des limites. La violence humaine même si elle est mise au service d'une fin bonne peut ne pas trouver de légitimation. La justification du mal par le bien ou du moyen par la fin peut être périlleuse. Afin d'établir si oui ou non une telle harmonie entre le bien et le mal est possible, nous allons étudier trois hypothèses. La première prend le parti de concevoir le bien et le mal comme compatibles. La deuxième souligne les limites de cette conception. Enfin la troisième hypothèse tend à confronter les valeurs que sont le bien et le mal à la contingence des faits.

« admis quelque chose de pire que tout péché des créatures.

»Le Dieu de Leibniz n'est pas un despote, ni, comme chez Descartes, un « libre créateur des vérités éternel-les ».Dieu est en quelque sorte « assujetti » à la logique.

Si son esprit comprend et conçoit tout ce qui peut ou pourraitexister, il ne crée pas les vérités : il les comprend.

La création consiste alors à élire, parmi toutes les possibilitésconcevables et calculables, celle qui offre le plus de perfection, compte tenu de la limitation des créatures, de leurimperfection.

Le Dieu de Leibniz est avant tout calculateur, logicien.

Guidé par leprincipe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse.Ce qui apparaît aux créatures comme une déficience, comme un mal, comme une imperfection, doit être en véritécompris comme l'élément d'un ensemble :«Ainsi il peut se faire que, dans une construction ou une décoration, on ne choisisse pas la pierre la plus belle, ou laplus précieuse, mais celle qui remplit le mieux la place vide.

»Il faut donc comprendre non pas que le mal n'existe pas, que l'imperfection n'existe pas, mais qu'ils permettent labeauté de l'ensemble.

La créature, l'homme prend la partie pour le tout.

Il est nécessaire d'admettre au contrairequ'« il faut qu'il y ait une raison pour que Dieu permette le mal plutôt que ne le permette pas; or la raison de lavolonté divine ne peut être prise que du bien ».« Tout est pour le mieux » ne doit donc pas être compris comme «tout est bien », et la pensée de Leibniz n'a riend'un optimisme béat.

Il ne pouvait rien avoir de meilleur qu'un monde où le péché originel existe.

«Dieu permetquelques maux, pour que beaucoup de biens ne soient pas empêchés.

»Le mal et le péché ne sont donc que des éléments servant la beauté et l'harmonie de l'ensemble.

Mais leur causeessentielle est l'imperfection, la limitation des créatures.

Leibniz emploie pour l'expliquer l'image du fleuve.

Quand unfleuve emporte avec soi des embarcations, la différence de leur vitesse vient de ['inertie des bateaux.

« Ici donc, larapidité vient du fleuve, et la lenteur du fardeau; le positif de la vertu du moteur, le privatif de l'inertie du mobile.

»Les perfections accordées par Dieu sont comparables à ce fleuve, et les maux à la limitation des êtres créés et finis.Resterait à expliquer en quoi la liberté de l'homme, c'est-à-dire sa capacité de choix, est compatible avecl'omniscience divine.

La solution de Leibniz est d'une subtilité logique telle qu'il est difficile de la résumer.

On pourraitdire que nos actions sont prévues, puisqu'elles concourent elles aussi à la perfection de l'ensemble, sans êtrenécessaires.

En toute logique, le contraire de telle action est possible.« Dieu a vu les choses dans la suite idéale des possibles, telles qu'elles allaient être, et parmi elles, l'homme péchantlibrement; et en décrétant l'existence de cette suite, il n'a pas changé la nature de la chose, ni n'a rendunécessaire ce qui était contingent.

»Notre action est libre, elle n'est en aucun cas nécessaire, c'est-à-dire telle qu'il serait logiquement impossible defaire autrement.

Mais que nos actes soient contingents n'empêche pas Dieu de les prévoir, et donc d'élire, parmi lasuite des possibles, celle qui inclut l'acte qui concourra à la plus grande perfection possible de l'ensemble. « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ne signifie donc pas que «tout est pour le mieuxdans le meilleur des mondes ».

Voltaire a certainement eu raison de s'insurger contre ce qui demeure unejustification du mal, mais Leibniz est plus difficile à réfuter qu'à parodier.

Ce qui est remarquable dans ce dialogueposthume du logicien, de l'inventeur de l'infinitésimale et du défenseur des Calas, c'est que toute théologie doit seconfronter au problème du mal, et qu'aucune solution jamais ne satisfera pleinement : en quoi le mal est-iljustifiable? 1.3 Ethique de conviction : tous les moyens sont-ils bons ? L'éthique de conviction est une expression utilisée par Max Weber dans Le politique, elle désigne une éthique mettant au premier plan la fin.

Tous les moyens sont alors jugés bons pour pouvoir réaliser et défendre saconviction.

« Il semble donc que c'est bien le problème de la justification des moyens par la fin qui voue en généralà l'échec l'éthique de conviction.

En fait, il ne lui reste logiquement d'autre possibilité que celle de repousser touteaction qui fait appel à des moyens moralement dangereux.

Je dis bien : logiquement.

Car dans le mondes des réalitésnous constatons sans cesse par expérience que le partisan de l'éthique de conviction fait brusquement volte-facepour devenir un prophète millénariste et que les mêmes individus qui, quelques instants auparavant, avaient prêchéla doctrine de « l'amour opposé à la force », font, justement appel quelques minutes plus tard à cette même force –à l'ultime force qui aboutira à l'anéantissement final de toute violence- à la manière de nos chefs militaires quiproclamaient lors de chaque nouvelle offensive : c'est la dernière, celle qui nous conduit à la victoire et qui nousapportera la paix.

» Transition : Il est possible de trouver une harmonie entre le mal et le bien, mais jusqu'où cette légitimation du mal peut-elle tenir ? Deuxième partie : L'injustifiable.

2.1 Les massacre des innocents : tout est-il permis ? Peut-on admettre que les crimes soient rachetés par l'espérance d'une harmonie éternelle ? « A la fin du drame quand apparaîtra l'harmonie éternelle, une révélation se produira, précieuse au point d'attendrir tous lescœurs, de calmer toutes les indignations, de racheter tous les crimes et le sang versé ; de sorte qu'on pourra, nonseulement pardonner, mais justifier tout ce qui s'est passé sur la terre.

Que tout cela se réalise, soit, mais je ne. »

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