Devoir de Philosophie

Peut-on tout critiquer ?

Publié le 25/12/2005

Extrait du document

Il semble donc que la critique soit doublement liée aux fins et aux valeurs : d'une part celles-ci la déterminent, d'autre part, la critique peut se retourner contre elles et les prendre pour objet. On peut voir dans cette réflexivité ce qui donne sens au tout de la question « Peut-on tout critiquer? ». Nous pouvons alors, en retour, déterminer les deux axes du problème à traiter : → toutes les valeurs sont-elles vulnérables face à la critique? Y a-t-il des valeurs dont l'origine les prévient contre toute critique? → toutes les valeurs et toutes les fins sont-elles capables d'orienter des critiques? Enfin, le sijet comporte une troisième ambiguïté : celle du pronom on. De cette équivoque, naissent encore deux axes possibles :  considérer la critique en soi, indépendemment de celui qui l'exerce, et considérer le sujet même de la critique comme ce qui d'elle pose problème : qui peut critiquer? Et en particulier, qui peut critiquer quoi?   ●         Résumons-nous.

La critique renvoie à une dimension essentielle de l’activité rationnelle et, précisément de l’activité philosophique. En effet, critiquer , c’est opérer des partages, des discernements, et porter des jugements. La critique apparaît donc comme une activité judiciaire au sein de la raison, dans la mesure où ce tri et ce jugement lui permettent de distinguer dans les discours ceux qui lui paraissent vrais de ceux qui lui paraissent faux ou infondés. Cette activité contestataire, polémique, voire démystificatrice qu’est la critique est dès lors un aspect essentiel du travail philosophique. Car la critique s ‘exerce de façon rationnelle. Elle est recherche du vrai, mais recherche négative, au sens où plutôt que de dire forcément ce qui est vrai, elle met à jour dans le discours de l’autre ce qui ne l’est pas. C’est ce caractère à la fois rationnel et actif qui la place au fondement de la philosophie. Elle s’exerce dès lors sur des champs d’investigations divers, tels que la science mais également le religieux et le politique. Cependant, si toute connaissance ou tout système politiquement juste est construit par la critique, qui nous empêche de tomber dans l’erreur ou dans l’illusion, par exemple d’une idéologie, peut-on, d’un point de vue logique, tout critiquer ? Il semble que la critique, dès lors qu’elle cherche à s’absolutiser, tombe dans un paradoxe. Car on critique toujours sur la base de ce que l’on croit être vrai. Pour démasquer l’ erreur, il faut soi-même affirmer une thèse différente. La critique, étant une activité rationnelle qui vise le vrai, elle ne saurait s’absolutiser sans révoquer sa prétention à le trouver. Tout critiquer, c’est priver la critique de ce qui la définit. De plus, certaines questions ne semblent pas pouvoir être abordées par la critique. Car si cette dernière juge selon la raison, comment peut-elle juger absolument de ce qui ne relève justement pas d’une connaissance rationnelle, comme la foi religieuse ou encore les premiers principes de la connaissance ? Il s’agit donc d’employer la critique non de manière absolue mais comme une méthode ponctuelle, essentielle à l’activité philosophique, mais qui doit pourtant laisser la place à des convictions elles-mêmes raisonnées. La foi véritable est d’ailleurs un exemple de ce rapport toujours sous tension entre nécessité de la critique et nécessité de l’affirmation sur le mode de la conviction. Pour que la raison puisse s’exercer, nous avons donc besoin de la critique, mais pas comme d’une activité systématique, qui se nierait dès lors elle-même. La recherche de la connaissance a en revanche besoin d’elle comme une méthode, comme une critique justement critique envers elle-même, c’est-à-dire sachant se suspendre à certains moments où elle ne saurait se prononcer.

« créateurs comme lui, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui inscrivent des valeurs nouvelles sur des tablesnouvelles. Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, des moissonneurs qui moissonnent avec lui: car chez lui tout estmûr pour la moisson.

Mais il lui manque les cent faucilles: aussi, plein de colère, arrache-t-il les épis. Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui savent aiguiser leurs faucilles.

On les appelleradestructeurs et contempteurs du bien et du mal.

Mais ce seront eux qui moissonneront et qui seront en fête. Des créateurs comme lui, voilà ce que cherche Zarathoustra, de ceux qui moissonnent et chôment avec lui: qu'a-t-ilà faire de troupeaux, de bergers et de cadavres! Et toi, mon premier compagnon, repose en paix! Je t'ai bien enseveli dans ton arbre creux, je t'ai bien abrité contreles loups.

» Transition Le problème de la subordination de la critique à la valeur ne peut pas se poser.

Car il apparaît que toute critique, pour être, doit naître d'une valeur.

Sans valeur rectrice, la critique n'existe pas.

Cela signifie-t-il que l'onpuisse tout critiquer? Car si la critique est fille d'une valeur, il n'est pas nécessaire que cette valeur soit pertinenteou même compatible avec tout objet.

Qu'une valeur ne soit pas compatible avec un objet signifie que cet objet soitdéjà sous la garde d'une autre valeur.

Que le système de référence auquel l'essence de l'objet lui permet de serapporter, n'est pas nécessairement perméable à toute évaluation.

Ce qu'il nous importe de comprendre à présent,c'est donc le conflit des valeurs.

Lorsque deux valeurs s'affrontent, chacune établissant la critique de l'autre, n'y a-t-il pas, dans l'objet, une détermination qui le lie plus particulièrement à l'une d'elles? En d'autres termes : quelle estla valeur des valeurs? II Est-il légitime d'appliquer ces valeurs à tout objet? Friedrich NIETZSCHE Ainsi parlait Zarathoustra « Mais ainsi le veut ma volonté créatrice, ma destinée.

Ou bien, pour parler plus franchement: c'est cette destinéeque veut ma volonté. Tous mes sentiments souffrent en moi et sont prisonniers: mais mon vouloir arrive toujours libérateur et messager dejoie. "Vouloir” affranchit: c'est là la vraie doctrine de la volonté et de la liberté - c'est ainsi que vous l'enseigneZarathoustra. Ne plus vouloir, et ne plus évaluer, et ne plus créer! ô que cette grande lassitude reste toujours loin de moi. Dans la recherche de la connaissance, ce n'est encore que la joie de la volonté, la joie d'engendrer et de devenirque je sens en moi; et s'il y a de l'innocence dans ma connaissance, c'est parce qu'il y a en elle de la volontéd'engendrer. Cette volonté m'a attiré loin de Dieu et des Dieux; qu'y aurait-il donc à créer, s'il y avait des Dieux? » « Volonté - c'est ainsi que s'appelle le libérateur et le messager de joie.

C'est là ce que je vous enseigne, mes amis!Mais apprenez cela aussi: la volonté elle-même est encore prisonnière. Vouloir délivre: mais comment s'appelle ce qui enchaîne même le libérateur? "Ce fut”: c'est ainsi que s'appelle le grincement de dents et la plus solitaire affliction de la volonté. Impuissante envers tout ce qui a été fait - la volonté est pour tout ce qui est passé un méchant spectateur. La volonté ne peut pas vouloir agir en arrière; ne pas pouvoir briser le temps et le désir du temps,-c'est là la plussolitaire affliction de la volonté. Vouloir délivre: qu'imagine la volonté elle-même pour se délivrer de son affliction et pour narguer son cachot? Hélas! tout prisonnier devient un fou! La volonté prisonnière, elle aussi, se délivre avec folie.

» Transition La valeur de la valeur, c'est qu'elle est pure affirmation, pure création, ce que Nietzsche appelle la joie. Il n'y a donc, en dernière instance, aucun moyen d'évaluer les valeurs : elles sont de l'ordre du fait, du fait brut qui. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles