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Peut-on tout faire dire a l'histoire ?

Publié le 25/12/2005

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histoire
Mais nous n'avons accès au cours des événements passés que par la reconstruction que nous en faisons à partir des sources historiques, les documents et les témoignages. Il en résulte deux conséquences : 1.) on peut falsifier ces sources et faire ainsi passer pour réel ce qui ne s'est jamais passé ; 2.) on peut interpréter les faits qu'on tire ces sources de différentes manières. En effet, le travail de l'historien n'est pas uniquement de relever le plus fidèlement possible le plus grand nombre de faits, mais de les mettre en perspective pour décrire des processus historiques qui rendent le cours des événements compréhensible et intelligible. Pour cela il doit sélectionner certains faits, donner de l'importance aux uns et minorer le rôle des autres, etc., afin de déceler les processus historiques à l'oeuvre. Il s'en suit que si pour certains historiens une période comme la Révolution française est une rupture avec le passé, pour d'autres, qui sélectionnent d'autres faits qui leur apparaissent plus pertinents, c'est au contraire une période en continuité avec l'Ancien-Régime. Il semble alors, que selon les interprétations, on puisse faire tenir à l'histoire des discours opposés.   Le problème à traiter est donc celui de l'objectivité en historiographie : y a-t-il un discours sur le passé qui puisse être considéré comme vrai par rapport aux autres ? Sinon, faut-il pour autant considérer qu'il n'y a pas de discours faux en historiographie, et accepter les thèses négationnistes par exemple comme équivalentes aux recherches non idéologiquement orientées ?  
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« sources historiques sont capables de faire dire à l'histoire ce qui les arrange pour leurs fins.

Voilà pourquoil'historiographie a toujours été mêlée à la politique, a toujours cherché à en rester indépendante, et que l'on peutcondamner les approches idéologiques de l'histoire comme étant non scientifiques.

Mais la seule condition pour quel'on puisse faire dire ce que l'on veut à l'histoire comme dans 1984 c'est qu'il n'existe plus, comme dans ce roman, de mémoire individuelle qui puisse contredire l'histoire officielle.

C'est un tel témoignage que recherche ensuite Wilson,ce qui n'aboutit à rien parce que les individus eux-mêmes ont été modifiés pour ne pas pouvoir répondre à ce genrede questions.

Tant qu'il existe des témoignages oraux ou écrits, il est difficile de pouvoir falsifier ou modifier lessources historiques sans que cela apparaisse au grand jour.

Il semble donc qu'on ne puisse pas, à moins de setrouver dans un Etat totalitaire tel que celui décrit 1984 , faire dire ce que l'on veut à l'histoire. Néanmoins, il semble toujours possible, d'interpréter les sources différemment, même si on ne les transforme pas.Dès lors, l'histoire semble pouvoir donner des explications et des leçons très différentes, voire carrément opposées.

III./ Le caractère interprétatif du travail de l'historien empêche-t-il son objectivité ? A./ Le rôle de l'historien, on l'a dit, n'est pas seulement de dresser des annales de ce qui s'est déroulé dans lepassé, des relevés d'événements et de dates, mais aussi de montrer comment s'enchaînent ces événements.

Or,face à la masse d'événements qui arrivent chaque jour dans une société, il est nécessaire de sélectionner ceux quisemblent importants et ceux qui ne le semblent pas.

Ne risque-t-on pas alors de laisser les différences d'opinion deshistoriens affecter leur explication de l'histoire, et donc de lui faire dire ce qu'ils veulent qu'elle dise.

Si un historienexplique par exemple la Terreur par la pression de la guerre extérieure, il la condamne moins que celui qui y voit uneprocédure d'épuration organisée par certains révolutionnaires afin de verrouiller leur pouvoir.B./ Mais ce n'est pas forcément parce que le travail de l'historien implique qu'il fasse des choix parmi lesévénements et qu'il les relie selon un certain schéma causal qu'il est purement subjectif et qu'il ne saurait y avoird'objectivité dans cette science.

Dilthey, dans la dernière partie de L'édification du monde historique dans les sciences de l'esprit , ouvrage consacré à l'épistémologie des sciences humaines, remarque que l'historien, effectivement, cherche à extraire des sources des « ensembles interactifs », c'est-à-dire des liaisons entre desévénements, des institutions, des personnages historiques, etc., qui expliquent la manière dont s'est déroulée uneépoque.

Ce travail repose sur la subjectivité de l'historien : c'est lui qui sélectionne les éléments de cet ensemble,c'est parce qu'il est un être humain doté d'une certaine compréhension des fins qu'il peut comprendre que cetensemble est finalisé, qu'il vise un but, etc.

Mais pour autant, y a-t-il un manque d'objectivité ? Non, car cetensemble est doté d'un sens : il vise une certaine chose.

Un système juridique par exemple, peut avoir un sens quivise à punir les coupables, un autre peut avoir pour sens de préserver la société et la coexistence pacifique entreles citoyens, un troisième de chercher à réinsérer les criminels en les « guérissant », etc.

L'historien, s'il fait bienappel à sa subjectivité pour réaliser son travail, doit pourtant rechercher la fin immanente aux ensembles interactifsqu'il isole, rechercher leur sens propre.C./ Ainsi, il est tout à fait possible d'évaluer la pertinence d'une explication historique en remarquant qu'elle rendplus intelligible la succession des faits passés en restituant leur sens exact.

Ainsi par exemple, je restituerai mieux leXIXe siècle anglais si je montre que l'industrialisation y a une place fondamentale, à la fois dans les institutionspolitiques et économiques, que si j'invoque, pour l'expliquer les traits de caractères des différents souverains anglaisde l'époque.

Il y a donc bien une certaine forme d'objectivité en historiographie, qui garantit que l'on ne peut faireque des interprétations pertinentes des sources, mais que certaines sont plu adaptées à expliquer le cours desévénements, et sont donc plus vraies.

Il semble ainsi clair qu'aussi bien la forme que le contenu du discours historique ne peuvent être modifiés à satiétépour pouvoir dire n'importe quoi.

On ne peut tout faire dire à l'histoire à moins d'être capable de modifier l'ensembledes sources disponibles à une époque donnée, ce qui implique de modifier aussi les divers témoignages de ceux quiont connu l'objet historique en question.

Il y a donc bien une forme d'objectivité en histoire, même si celle-ci n'estpas donnée comme dans les sciences de la nature, mais construite par les différentes hypothèses formulées par leshistoriens pour expliquer le devenir historique.. »

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