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Peut-on triompher de la mort ?

Publié le 17/01/2022

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Une réflexion sur la mort a un caractère paradoxal puisqu'elle n'existe que quand je n'existe plus ! Personne ne peut développer le savoir objectif sur la mort. En effet, comme l'a montré Kant, une connaissance de la mort est impossible car elle se situe en dehors de l'expérience possible, et donc hors des limites de la connaissance humaine. Mais, une chose est sûre: nous savons que nous mourons. C'est la vérité première pour tout individu et c'est elle qui donne son sens à la vie.

"La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort". Par cette définition, Bichat entendait insister sur le fait que la mort est la règle et la vie l'exception, par défintion ménacée. La vie est donc un combat contre la mort, mais peut-on triompher de la mort ? Nous distinguerons dans ce devoir la théorie de la pratique. En effet, nous verrons dans un temps temps, qu'il est impossible pour l'homme de triompher de la mort, en théorie, puis nous étudierons les différentes façons de vaincre, de l'emporter sur la mort en pratique.

Il faut remarquer le paradoxe : nous sommes tous mortels, c'est la mort qui triomphe de nous, objectivement. Comment pourrions-nous triompher d'elle? Il ne peut s'agir que d'une réflexion sur les différentes manières d'envisager le temps. Il ne faut pas parler de la mort en général, mais en réfléchissant sur le mot "triomphe", qui indique plus que de la sérénité, envisager le sens que peut avoir une appréhension active du temps. Il faut donc distinguer la mort et l'idée de la mort.

« La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'unede ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur dela mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignentconfusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-êtreen punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imaginerontque quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dansles flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si toutdans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtresvivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce nesont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notrecorps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade),puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort,« la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âmepourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même estfaite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'unagrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même,selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à sedécomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, desensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort secaractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation. » En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. Un deuxième moyen est de chercher à s'immortaliser à travers les couvres qu'on accomplit et dans la mémoire desgénérations postérieures.

Ceci est possible puisque, au-delà de la mort de l'individu, demeurent les générations etles civilisations.On peut encore chercher à donner sens à sa mort. Lire : Platon, L'Apologie de Socrate où l'on voit que la mort a un sens quand elle accomplit une existence, qu'elle estl'aboutissement logique d'une fidélité à un engagement. Examiner d'une manière critique les limites de ces moyens. Ne pas craindre la mort n'est qu'un moyen de mieux vivre en fuyant sa réalité future.

S'immortaliser dans la mémoiredes autres n'élimine pas la fin de l'individu.

Donner du sens à sa vie et à sa mort, cela représente une valeur pour lesautres, non pour l'individu qui est mort.

A moins que la mort ne soit qu'un passage à une autre existence où seconservent sens et conscience, mais dont on ne sait rien. Ce qui était en jeu: La finitude de l'existence humaine, sa contradiction avec le désir d'immortalité et le choix d'une sagesse. « Philosopher c'est apprendre à mourir.

» Montaigne, Essais, 1580-1588.. »

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