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Popper et les mondes

Publié le 27/02/2008

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Popper Il n'y a aucun doute que la prise de conscience que l'homme est un animal et que le désir de nous voir faire partie de la nature soient l'argument philosophique fondamental en faveur du déterminisme laplacien et de la théorie de la fermeture causale du Monde 1. Je crois que la raison est juste; si la nature était entièrement déterministe, le royaume des activités humaines le serait aussi. Il n'y aurait, en fait, aucune action, mais tout au plus l'apparence d'actions. Mais l'argument opposé est également solide. Si l'homme est libre, au moins en partie, la nature l'est aussi; et le Monde 1, physique, est ouvert. Et il y a toutes les raisons de croire que l'homme est libre, du moins en partie. Le point de vue opposé - celui de Laplace - mène à la prédestination. Il conduit à l'idée que, il y a des billions d'années, les particules élémentaires du Monde 1 contenaient la poésie d'Homère, la philosophie de Platon et les symphonies de Beethoven, comme une graine contient la plante; il mène à l'idée que l'histoire humaine est prédestinée et, avec elle, toutes les manifestations de la créativité humaine. Et la version de la théorie quantique est tout aussi mauvaise. Elle fait de la créativité humaine une question de simple hasard. Il y a sans doute un élément de hasard. Cependant, la théorie selon laquelle la création d'oeuvres d'art ou de musique peut, en dernière analyse, être expliquée en termes de chimie ou de physique me paraît absurde. Dans la mesure où la création musicale peut être expliquée, elle doit l'être, au moins en partie, en faisant intervenir la structure, les lois et les contraintes internes qui jouent un rôle si important dans la musique et dans tous les phénomènes du Monde 3 - lois et contraintes dont l'assimilation et parfois le refus sont d'une très grande importance pour la créativité des musiciens. Ainsi, notre liberté, et surtout notre liberté de créer est soumise clairement aux restrictions des trois Mondes. Si Beethoven, par quelque infortune, avait été sourd de naissance, il ne serait pas devenu compositeur. En tant que compositeur, il soumit librement sa liberté d'inventer aux restrictions structurales du Monde 3. Le Monde 3, autonome, fut celui où il fit ses découvertes les plus grandes et les plus authentiques, libre qu'il était de choisir son chemin, comme un explorateur dans l'Himalaya, mais étant aussi limité à la fois par le chemin choisi jusque-là et par les suggestions et les restrictions internes du nouveau monde ouvert qu'il était en train de découvrir. Popper

Dans ce texte, le thème abordé par l’auteur est celui de la compréhension scientifique de la liberté humaine. Pour Popper, il existe une certaine forme de liberté humaine que l’on reconnaît dans les productions de l’esprit humain. Le problème posé par la liberté humaine est que celle-ci est difficilement explicable par les sciences qui auront tendance à pencher soit du côté d’un déterminisme absolu, soit du côté d’un déterminisme appuyé par le hasard. Popper essaye de dépasser ces deux conceptions en proposant une théorie plus forte de la liberté.

Dans un premier temps, Popper va exposer deux thèses opposées souvent mises en avant lorsqu’on s’intéresse à ce sujet : celle du déterminisme absolu et celle de la liberté. Dans un second temps, le philosophe va renvoyer ces deux théories dos à dos. Enfin, dans un troisième temps, ce penseur va aborder sa propre théorie, dans laquelle il pose l’existence d’un mode de fonctionnement spécifique à celui des productions de l’esprit humain.

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« notion postule que tout événement physique doit avoir une cause physique, et qu'on ne peut en appeler à un déterminisme extérieur.

Un tel système exclut donc la liberté humaine. Remarquons au passage l'expression énigmatique ici mise en avant par Popper : « le Monde 1 » qui fait référence à la philosophie même de Popper.

Popper propose de distinguer « trois mondes » dans notre monde.

Il lesdéfinit ainsi dans son ouvrage L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme : « Par « Monde 1 », j'entends ce qui, d'habitude, est appelé le monde de la physique, des pierres, des arbres et des champs physiques des forces.J'entends également y inclure les mondes de la chimie et de la biologie.

(…) Par « Monde 2 » j'entends le mondepsychologique, qui d'habitude, est étudié par les psychologues d'animaux aussi bien que par ceux qui s'occupent deshommes, c'est-à-dire le monde des sentiments, de la crainte et de l'espoir, des dispositions à agir et de toutessortes d'expériences subjectives, y compris les expériences subconscientes et inconscientes.

(…) Par « Monde 3 »,j'entends le monde des productions de l'esprit humain.

Quoique j'y inclue les œuvres d'art ainsi que les valeurséthiques et les institutions sociales (et donc, autant dire les sociétés), je me limiterai en grande partie au mondedes bibliothèques scientifiques, des livres, des problèmes scientifiques et des théories, y compris les fausses.

» Il serait opportun de noter que Popper ne se contente pas de présenter la théorie déterministe, mais qu'il insiste sur les raisons qui peuvent pousser quelqu'un à opter pour la théorie déterministe.

Il suppose que cetteraison est celle-ci : en science, on suppose que la nature est déterminée, aussi, si l'on veut intégrer l'homme à lanature (ce qui est normal lorsque l'on prend « conscience que l'homme est un animal ») il faut accepter que l'hommel'est aussi.

On bascule alors dans un déterminisme absolu.

En voulant intégrer ainsi l'homme à la nature, onabandonne la liberté humaine.

C'est ce que Popper signale lorsqu'il écrit qu'il « n'y aurait, en fait, aucune action,mais tout au plus l'apparence d'actions ».

En effet, on entend généralement par « action » une « action libre », eton l'oppose à l' « acte » qui, pour sa part, est pensé sur le modèle du réflexe, de l'acte instinctuel.

b) De « Mais l'argument opposé… » à « l'homme est libre, du moins en partie.

» : Le philosophe expose la théorie censée « sauver » la liberté.

Celle-ci propose d'intégrer l'homme à la nature d'une autre façon : en postulant que la nature est libre, elle aussi.

La théorie qui postule ceci est la théoriequantique.

Elle « sauve » en quelque sorte la liberté, en affirmant qu'au niveau des particules, il subsiste une partde hasard.

On se fonde principalement sur le « principe d'incertitude » d'Heisenberg, qui énonce que, pour uneparticule donnée, on ne peut connaître simultanément sa position et sa vitesse.

Ainsi, ce qui fonde la matière (lesparticules) étant encore quelque peu chaotique, l'idée du déterminisme se trouve réduite à néant : on ne peutsoutenir à la fois l'existence du hasard et celle du déterminisme absolu.

Cette théorie est intéressante en celaqu'elle semble laisser la porte ouverte à l'idée de la liberté.Transition : En quoi consiste plus précisément ces deux théories, quelles sont leurs implications ? De « Le point de vue opposé », jusqu'à « physique me paraît absurde » : Popper explique les deuxthéories et les renvoie dos à dos. 2. a) De « Le point de vue opposé… » à « les manifestations de la créativité humaine.

» : Popper montre que le déterminisme laplacien conduit à l'idée de prédestination.

Laplace est devenu célèbreentre autres pour son fameux « démon de Laplace ».

Ce « démon » est une hypothèse posée par Laplace,l'hypothèse d'une intelligence supérieure.

Laplace écrit que « Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre.

Une intelligence qui, pour un instantdonné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent,si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule lesmouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome; rien ne serait incertain pour elle, etl'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.

» ( Essai philosophique sur les probabilités ) On comprend, dès lors, que le déterminisme laplacien constitue une version athée du fatalisme et de la prédestination : l'intégralité del'histoire du monde est déjà contenue dans les premières causes du monde.

Ceci pourrait être logique si l'on neprenait en compte que des billes sur un billard, mais pour Popper, cela est choquant dès lors qu'on veut inclure « lesmanifestations de la créativité humaine » dans cette prédestination.

b) De « Et la version de la théorie quantique… » à « un élément de hasard.

» : Mais Popper montre par ailleurs que « la version de la théorie quantique est tout aussi mauvaise » car elle« fait de la créativité humaine une question de simple hasard.

» En effet, il est difficile d'appeler vraiment « liberté »ce qui n'est que le fruit du hasard.

Dans la liberté intervient également l'idée de choix : on est libre quand on estcapable de choisir, mais lorsque le hasard décide pour nous, on n'est finalement pas plus libre que lorsqu'on estdéterminé.

c) De « Cependant, la théorie… » à « me paraît absurde.

» : Popper montre ainsi que le déterminisme laplacien et la théorie quantique se valent pour ce qu'il en est deleur point de vue sur la liberté.

En réalité, c'est « la théorie selon laquelle la création d'oeuvres d'art ou de musiquepeut, en dernière analyse, être expliquée en termes de chimie ou de physique » qui « paraît absurde ».

Peu importequ'il s'agisse de déterminisme ou de théorie quantique, le fait est qu'on perd quelque chose de la liberté humaine dèslors qu'on ne prend en compte qu'un point de vue radicalement matérialiste.Transition : Comment, dès lors, expliquer la créativité humaine ? De « Dans la mesure où » à la fin du texte : Popper met en avant l'exigence épistémologique où l'onse trouve de poser ce qu'il appelle le « Monde 3 » pour expliquer l'activité créatrice. 3.. »

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