Pour être soi-même, faut-il le devenir ?
Publié le 30/12/2011
Extrait du document
«
sera jamais un artiste en acte s’il ne produit pas d’œuvre.
Or, cet artiste qu’il va
devenir, ne sera pas l’artiste proprement dit.
Cela signifie que l’essence est toujours
imparfaite par rapport à l’existence.
Un être ne sera jamais vraiment lui -même.
Un
triangle par exemple, ne sera pas la triangularité, ça n’en sera qu’une représentation
imparfaite.
Il en résulte alors le fait qu’aucune existence ne peut réaliser son
essence, même avec tout le temps qu’on pourrait lui offrir.
Cependant, considérer
que l’homme n’est que l’accomplissement imparfait d’une essence, cela voudrait dire
que ce qu’il est est d’ abord hors de lui, que l’essence transcende l’existence.
Et donc
cela viendrait à considérer l’être humain comme un objet.
Or, ce qui caractérise
l’homme, c’est de posséder le « je » dans sa représentation, et d’être justement
différent des objets.
En nous saisissant comme sujet, nous nous ouvrons à une expérience singulière.
Car les objets, eux, sont en effet entièrement déterminés par leurs propriétés, ils ne
peuvent être rien d’autre que ce qu’ils sont.
Ils sont, comme dit Sartre, « en soi ».
L’ê tre humain, lui, n’arrive pas au monde déjà lui -même.
En effet, l’être humain ne
prend conscience de son être qu’à partir d’un certain instant.
Lorsque l’enfant dit
pour la première « Je » il commence à s’exprimer à la première personne et non plus
à la tr oisième.
Il ne dit plus « Julien a faim » mais « j’ai faim ».
Dès lors, il se
distancie du monde et des autres, il prend conscience de son identité.
Avant, il
n’avait simplement le sentiment d’être lui -même, à présent il en a la pensée.
Il n’est
plus « dans le monde » parmi les autres, il est maintenant « devant le monde » et il
doit apprendre à lui faire face afin de s’imposer parmi autrui.
Cette étape est la
première par laquelle l’être devient lui-même.
Le sujet conscient est donc pour soi : il
peut toujours être différent de ce qu’il est, il n’est pas enfermé dans une définition.
Par exemple, on ne dit pas de quelqu’un qu’il est égoïste comme on dit d’un coupe-
papier qu’il est tranchant, parce qu’il est toujours possible de cesser d’ être égoïste.
Pen ser qu’un égoïste est condamné à l’être, c’est le nier comme sujet, c’est le
chosifier.
Parce qu’il est conscient, l’homme est projet dit Sartre, et non objet.
Le
propre de l’homme est d’être libre de se faire lui -même, de choisir son être.
Pic de la
Miram bole définissait l’homme ainsi dans son œuvre De la dignité de l’homme : « si
nous ne t’avons donné, Adam, ni une place déterminée, ni un aspect qui te soit
propre, ni aucun don particulier, c’est afin que la place, l’aspect, les dons que toi -
même auras souhaités, tu les aies et les possèdes selon ton vœu à ton idée.
».
L’homme bénéficie donc de la liberté.
Etre libre, cela veut dire se choisir et se
réaliser par ses actes.
L’homme devient lui -même par ses choix .
Il est libre de choisir
qui il veut être, puisqu’il possède le libre arbitre.
Il peut choisir sans qu’aucune cause
extérieure ne l’y contraigne, et il peut ainsi se choisir, et se réaliser dans le temps.
L’homme est avant tout un projet créé par lui -même qui va se réaliser dans le temps,
et donc dev enir lui-même.
Devenir soi -même, c’est s’opposer à la «mauvaise foi» de
l’homme qui consiste à dire que nous ne sommes pas nous -même car nous sommes
déterminés et donc que nous ne sommes pas responsables de nos actes.
En effet,
s’opposer à l’homme qui se déresponsabilise, c’est dire non à l’irresponsabilité.
Si
l’homme est doté d’une conscience réflexive, c’est que cela doit lui permettre de faire
des choix et de s’auto -déterminer.
«L’homme est condamné à être libre» dit Sartre
dans L’existentialisme est un humanisme, il est donc libre d’apprendre à devenir lui -
même en assumant des choix, c’est-à -dire qu’il deviendra lui -même par ses
engagements..
»
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