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Pour etre un bon observateur, faut-il etre un bon théoricien ?

Publié le 17/03/2005

Extrait du document

Analyse du sujet

 

-          On peut définir la théorie scientifique comme un ensemble de connaissances organisées en système et proposant une compréhension d’une classe de phénomènes plus ou moins large. Une théorie scientifique détermine ou fixe des principes d’interprétation des phénomènes et des relations entre objets. Prenons un exemple concret : lorsque Galilée émet la théorie de l’organisation héliocentrique, on le sait, il s’oppose au dogme chrétien du système géocentrique. En affirmant que la Terre n’est pas fixe  mais qu’elle tourne sur elle-même et autour du Soleil, il s’oppose à l’Eglise. On connaît la suite du procès, et de la rétractation de Galilée.

-          Le théoricien est donc celui qui opère une construction rationnelle et synthétique permettant de déduire d’un certain nombre de principes des lois qui expriment les propriétés des objets étudiés, ainsi que les relations des phénomènes à leurs causes ou conditions. Système formel pourvu d’une interprétation empirique, et non simple décalque de l’expérience, la théorie d’un ensemble délimité de phénomènes vise à la coordination des lois qui leur sont applicables. Différente d’une doctrine, la théorie est construite pour être systématiquement mise à l’épreuve, corrigée, complétée. Distincte d’un agrégat d’opinions, elle résulte d’une élaboration méthodique effectuée selon des règles explicites et, dans les sciences exactes, sur la base d’une formalisation mathématique. Sa fécondité est évaluée d’après sa capacité prévisionnelle et explicative.

-          Observer, ce n’est pas simplement voir ni regarder, mais c’est faire preuve d’une grande attention : le but de l’observation est bien de parvenir à une première forme, ou plutôt un premier degré de connaissance. Observer les environs pour se mieux s’orienter par exemple.

-          Il semble donc a priori que la finalité du  théoricien et celle de l’observateur ne soit pas la même : le premier vise une connaissance universelle et scientifique, quand l’autre vise une connaissance plus pratique. Pourtant, au-delà de la dualité, au moins apparente, entre théorie et observation, ce qui se joue ici c’est bien la nature du lien qui unité théorie scientifique et expérience/expérimentation.

-          Il s’agit un effet de se demander si la démarche qui tend à la connaissance véritable peut faire l’économie d’une observation minutieuse du réel, ou au contraire, d’une théorisation rigoureuse.

-          S’interrogeant sur l’origine et sur les conditions de possibilité de la connaissance humaine, les philosophes ont traditionnellement opposé sensibilité (faculté obtenir des sens des impressions sur ce qui existe en dehors de nous), et entendement (faculté de penser les objets de la connaissance, ou « catégories «). La théorie serait donc du côté de l’entendement : un ensemble de représentations et d’explications abstraites d’un domaine de la réalité ; l’expérience, au contraire, comme la sensibilité renverrait à l’idée de contact direct avec les choses. A première pleine de bon sens, « évidente « pour ainsi dire, cette dissociation ne résiste pourtant pas à l’examen. Il suffit même, pour en venir à bout, d’analyser une expérience tout à fait ordinaire.

-          D’où vient la certitude que ce que nous apprenons de l’expérience correspond bien à la façon dont les choses se passent dans la réalité ? En d’autres termes : une telle certitude est-elle vraiment fondée ? Sans doute les répétitions des expériences tend-elle à nous faire croire qu’il y a, entre les faits, les événements, les phénomènes, des relations de cause à effet. Cependant, cette répétition constatée ne suffit pas à établir de façon indubitable l’existence de lois causales dans la nature. Si nombreuses que soient les expériences concordantes, nous ne serons jamais assurés d’avoir étudié la totalité des champ des phénomènes concernés : l’universalité et la nécessité des lois causales resteront donc problématiques. La connaissance scientifique tout entière ne reposerait-elle pas, en dernière instance, que sur une croyance ?

 

Problématique

 

            L’activité d’observation et celle de théorisation sont-elles deux activités indépendantes l’une de l’autre, sans lien, ou bien au contraire sont-elles liées de sorte que l’une soit la condition de possibilité, et a fortiori d’excellence, de l’autre ? Ce qui est ici en jeu c’est l’essence de la science elle-même en ce qu’on la considère a priori comme purement abstraite, universelle et définitive. C’est cette conception qui, en creux, est ici mise à la question.

« · Mais privée de tout autre guide que le désir de résoudre des problèmes immédiats, l'observation n'aboutit qu'à une connaissance fragmentaire de la réalité, entachée de grossières erreurs. · Mais l'homme dispose, pour satisfaire son désir de connaître, d'un outil d'une grande puissance: la raison.

Grâce à cet instrument, dans une perspective proche de l'empirisme, mais néanmoins désireusede ne pas totalement occulter le rôle et la fonction de l'esprit, la connaissance scientifique pourrait êtreenvisagée comme une reconstruction plus rigoureuse de l'expérience commune précédemment analysée.La raison, faculté de distinguer le vrai du faux, enserrait le réel immédiat au moyen de ses idées et deses concepts, clefs introduisant l'unité dans la diversité phénoménale.

D'une manière générale, le travailde l'abstraction serait ici prédominant, l'abstraction pouvant être définie comme l'opération de l'espritqui isole des éléments de la représentation pour les considérer à part.

La formation de l'hypothèse,anticipation de la future loi, est particulièrement caractéristique de ce travail d'abstraction del'intelligence et de l'esprit humain. · Il semble a priori que théorie et observation ont, et plus généralement science et expérience, dans la perspective platonicienne notamment, des valeurs et des objets radicalement opposés.

Lavéritable science est universelle et intangible parce qu'elle dévoile des rapports ou des principesnécessaires et éternels. · Au contraire, l'homme d'expérience possède un savoir sur des réalités changeantes et relatives : il saura que telle saveur plaira à celui-ci et déplaira à celui-là.

Le cuisinier est, par exemple, un hommeexpérimenté et non pas un scientifique.

Pour Platon, la routine, répétition de sensations et derencontres particulières, est l'autre nom de l'expérience ; elle est un savoir incertain parce qu'elle n'aaccès qu'à des réalité contingentes. · Une telle observation est encore insuffisante pour que l'on atteignent une connaissance véritable : l'observation est nécessaire mais elle doit aussi se basée sur une théorie au sens où c'est decette dernière qu'elle tire sa pertinence.

De sorte que par un renversement dialectique, l'on pourrait direque pour être un bon théoricien, il faut être un bon observateur : la valeur de la théorie se découvredans l'expérimentation. II.

Une bonne théorie doit pouvoir se confronter à l'épreuve de l'observation- expérimentation · Tant que l'on distingue deux sphère dans l'être, l'une où tout est changeant, et l'autre où règne la nécessité, l'idée d'une science expérimentale est contradictoire : il ne peut y avoir science de ce quiest éphémère.

Mais si l'on refuse cette partition, et si l'on cherche des enchaînements constants ausein même du sensible, l'expérience sensible réintégrée dans la science. · Cependant ; comment la répétition d'observations singulières pourrait-elle suffire à donner une connaissance scientifique ? Certes, nous observons qu'un bâton plongé dans l'eau parait brisé.

Maisnous formulons alors une proposition générale et non pas universelle : nous n'affirmons pas que toutbâton plongé dans l'eau parait brisé, nous pouvons seulement dire que tous les bâtons que nous avonsvu plongés dans l'eau ont, jusqu'à présent, paru brisés.

Nous n'énonçons pas une loi scientifique, maisune constante de l'expérience.

Reste donc à savoir ce qui manque à l'expérience et s'ajoute à elle pouren faire une science. · Ce qu'il faut, en réalité, comprendre c'est que lors de l'élaboration d'une théorie, son auteur doit chercher effectivement à envisager toutes les critiques que l'on pourrait lui faire.

Il envisage unmaximum d'objections possibles.

Et la réponse à ces objections participe de l'élaboration de la théorieelle-même.

Elle la fortifie et l'affine.

En procédant ainsi, le scientifique prévient un certain nombre decritiques, c'est-à-dire envisage la critique pour mieux élaborer sa théorie. · Mais la théorie elle-même doit être soumise à la critique : elle doit d'abord être soumise à la compréhension de ceux qui en prennent connaissance, car une théorie qui n'est pas en droit intelligiblen'est pas, de fait, scientifique. · C'est en partant de l'idée qu'une théorie devrait se soumettre à la critique pour être dite scientifique (avant même d'être reconnue comme vraie) que Popper a établi un critère de démarcation entre théorie scientifique et théorie non scientifique.

Dans La Logique de la découverte scientifique, ilnomme ce critère de démarcation « falsifiabilité ».

Une théorie scientifique est toujours en effet d'unecertaine manière en sursis.

Une théorie scientifique peut seulement être contredite par l'expériencependant un certain temps.

Elle n'est pas pour autant par là même vérifiée.

Une théorie qui « marche »n'est qu'une théorie dont la fausseté n'a pas encore été démontrée, c'est-à-dire que l'on peut toujoursenvisager qu'une expérience future l'invalide.

Aussi, le propre d'une théorie scientifique est d'êtrefalsifiée.

Une théorie, pour être déclarée scientifique, doit tout faire pour « prêter le flanc » à lacritique.

Elle doit, pour poursuivre la métaphore, « avancer à découvert ».

Autrement dit, la démarchescientifique se situe à l'opposé d'une démarche stratégique, belliqueuse ou bien défensive.

Et c'est là sacondition même de scientificité.

L'impératif de défiance s'inscrit donc à l'intérieur même du concept dethéorie, elle est donc là au titre de principe définitionnel. III. L'irréductible complémentarité de la théorie et de l'observation · La théorie sans l'observation n'est que ruine du savoir : l'expérience sensible précède et suscite la recherche scientifique, comme le souligne Kant.

Aussi, la méthode adoptée par la physique classique,la chimie ou la biologie commencent-elles par l'observation empirique : mais elle se poursuit par la. »

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