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Pourquoi faut-il rendre la justice ?

Publié le 27/02/2008

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b) Il faut noter que cette idée de la justice considère que la vengeance est une vengeance juste quand elle est équitable, c?est-à-dire proportionnée au dommage subi. En effet, livré à ses passions, l?homme qui désire vengeance risque de commettre une nouvelle injustice en se vengeant hors de toute mesure. Ainsi, si l?on n?avait pas le souci de cette équité, il est probable que celui à qui l?on déroberait quelques euros chercherait à se venger en torturant jusqu?à la mort celui qui l?aurait volé. La loi du Talion l?oblige ainsi à rester dans la justice et à ne pas commettre d?injustice en donnant à la vengeance la mesure de l?équité. En organisant la vengeance, la loi du Talion permettrait de « rendre la justice » sur deux plans : elle permettrait à la victime d?exercer son droit naturel à la vengeance et elle l?empêcherait de commettre une injustice en se vengeant au-delà de ce que la justice ordonne. Nietzsche explique que cette conception de la justice prendrait naissance dans l?idée de dette et de créance. Ce philosophe développe l?idée selon laquelle, dans les sociétés primitives, « Le débiteur (?) s?engage, en vertu d?un contrat, auprès d?un créancier, pour le cas où il ne paierait pas, à l?indemniser par quelque chose d?autre qu?il « possède » (?), par exemple son corps, sa femme, sa liberté, voire même sa vie. (?) Mais le créancier pouvait notamment dégrader et torturer de toutes les manières le corps du débiteur, par exemple en couper telle partie qui parût en proportion avec l?importance de la dette (?). Il est accordé au créancier une sorte de satisfaction en manière de remboursement et de compensation ? la satisfaction d?exercer, en toute sécurité, sa puissance sur un être réduit à l?impuissance, la volupté « de faire le mal pour le plaisir de le faire ». » (Généalogie de la morale, deuxième dissertation, §5) La loi du Talion dérive de ce rapport entre le débiteur et son créancier : en commettant un crime, un individu se rend « débiteur » à l?égard de la victime qui devient alors son créancier.
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« Mais la justice n'est pas vengeance, elle est harmonie.

2. a) On remarquera toutefois que cette idée de la justice apparaît bien archaïque, et qu'il n'est pas assuré que cettefaçon de « rendre la justice » s'accorde avec l'idée que l'on se fait de la justice.

En effet, celui qui décide qu'il faut« rendre la justice » pense généralement qu'il doit en être ainsi parce qu'il suppose que lorsque la justice est rendue,le monde est plus juste et l'injustice est réparée.

Pour le dire simplement, il pense qu'il faut « rendre la justice » pourrevenir à une bonne constitution de la société, pour revenir à la justice elle-même qui est un bien.

Mais la loi duTalion permet-elle vraiment de rétablir la justice ? b) Platon explique que la justice est le lien qui permet d'unifier une multiplicité.

Prenantl'exemple de l'âme, Platon expose que l'homme juste est celui qui cherche « à devenir, luiqui a une constitution plurielle, un être entièrement unifié, modéré et en harmonie.

»(République , livre IV, 443e) En appliquant cette métaphore à la société, on peut considérer que la justice est ce qui permet que la société soit « unifiée, modérée et enharmonie » bien qu'elle ait « une constitution plurielle » (la diversité des individus qui lacompose).

D'après ce philosophe, la justice est donc ce qui permet de maintenir enl'âme ou dans la cité un ordre véritable, un ordre qui fonctionne bien parce qu'il est justeet naturel, un ordre qu'on peut donc appeler « harmonie ».c) Si l'on adopte ce point de vue, on peut difficilement soutenir que « rendre la justice »permette d'unifier la société.

En effet, si « rendre la justice » c'est organiser lavengeance, il faut accepter l'idée que « rendre la justice » constitue une actionhaineuse.

Qui veut se venger le fait en effet par une volonté de faire souffrir celui qui l'afait souffrir.

Or, il est peu probable que le coupable qui ait été puni par cette loi duTalion s'en tienne là et considère que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

La haine appelant la haine, il gardera rancune pour cette « justice rendue » et sera donc enclin àcommettre d'autres méfaits.

Dès lors, dans une société où la vengeance serait coutumière, il serait peu probableque l'harmonie s'instaure puisque la haine du prochain y serait monnaie courante.

Une telle façon de « rendre lajustice » aggraverait donc l'injustice en dégradant la justice elle-même.

Loin de rétablir la justice, elle ladéstabiliserait un peu plus.

Transition : Faut-il en déduire pour autant que l'on ne devrait pas rendre la justice ? Il faut « rendre la justice » parce que « rendre la justice », ce n'est pas se venger, mais c'est« rétablir l'harmonie de la société ».

3. a) Etant donné les conclusions auxquelles nous sommes arrivés en deuxième partie, l'on serait enclin à considérerque « rendre justice » est en soi une chose mauvaise et injuste.

Cela étant, peut-être ne doit-on pas juger la choseaussi vite.

Peut-être faut-il simplement redéfinir ce que c'est que « rendre la justice ».b) « Rendre la justice » peut peut-être être compris sur le même mode que « rendre la vue ».

« Rendre la vue àquelqu'un », c'est lui permettre de retrouver la vue alors qu'il l'avait perdue.

On peut alors penser que « rendre lajustice », c'est restaurer la justice là où l'injustice s'était mise en place.

« Rendre la justice », ce serait alors« rétablir l'harmonie de la société » quand quelque chose vient perturber cette harmonie.

Il faut donc « rendre lajustice », non pas pour se venger, car se venger, ce n'est pas véritablement « rendre la justice », mais pour que lasociété soit à nouveau harmonieuse.c) L'harmonie est en effet indispensable à la vie en société, car dans les sociétés où elle n'est pas présente, ladiscorde peut naître en tout lieu et la société peut se scinder en différents groupuscules qui s'affronteront.

Cesdissensions internes qui mènent des groupes à se mesurer à d'autres peuvent encourager des formes de guerresciviles.

Or, « le plus grand des maux est les guerres civiles » ainsi que l'affirme Pascal ( Pensées , 94).

Il faut donc « rendre la justice », c'est-à-dire toujours chercher à rétablir l'harmonie pour que la société ne s'effrite pas jusqu'àse diviser totalement en différents clans.

Conclusion :Dans une première partie, nous avons tenté de définir ce que voulait dire « rendre la justice » en nous situant parrapport à la loi du Talion.

Nous avons, dans une deuxième partie, exposé en quoi cette définition de l'expression« rendre la justice » pose problème puisqu'elle contrevient aux exigences mêmes de la justice.

Nous avons alors,dans une troisième partie, décidé de modifier notre définition de « rendre la justice » et avons considéré que cetteexpression définissait le fait de « rétablir la justice », ce qui nous a permis de conclure qu'il fallait « rendre lajustice » pour « rétablir l'harmonie sociale » et pour éviter les dissensions sociales.. »

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