Devoir de Philosophie

Pourquoi la parole nous engage-t-elle ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Analyse du sujet

 

-          Plusieurs formes de silence existent, mais le plus incompréhensible de tous semble être celui qui naît d’une incapacité à pouvoir communiquer. Le bruit, les mots nous sont si familiers qu’on se représente difficilement ce qu’il resterait de nous, en tant qu’êtres en société, s’il n’y avait ni mots, ni son et ni capacité d’audition. Ce mur du silence serait par nature infécond, c’est-à-dire intrinsèque incapable de donner forme, sens et vie à notre pensée.

-          Pourtant, il y a bien une différence de nature, et non pas simplement de degré (c’est-à-dire de qualité et non pas de quantité) entre le silence et l’absence de bruit. Car ce n’est pas la même chose que d’exiger le silence et de ne rien entendre. Ici, le silence n’est pas l’absence de bruit mais l’absence de communication. Le silence est donc en quelque sorte ce refus d’entrer dans la sphère de la communication, et donc on voit difficilement, en ce sens, comme un tel silence pourrait être créateur de lien, de communication, de projet, etc. Il ne peut pas être autre chose, dans cette perspective que le refus de tout processus de création (de sens, de communication, d’interaction, etc.). En ce sens, non seulement le silence ne dit rien, mais, bien plus encore, il se définit par ce refus de dire quoi que ce soit.

-          L’entrée dans le langage peut en cela être rapprochée d’une véritable naissance (et donc de création en quelque sorte). Le silence est donc, à l’inverse, le non-engendrement de soi, le refus de se créer soi-même dans et par les mots. La parole est donc d’emblée comprise comme un engagement de l’homme au monde par opposition au silence qui symbolise le refus de l’homme à entrer dans le monde et a fortiori dans le groupe.

-          A ce propos, il semble que l’exemple de la promesse que l’on fait à un proche soit figuratif : il n’y a pas de contrat signer entre les deux protagonistes. Une telle parole, comprise comme promesse, apparaît basée sur un rapport de confiance. Dans la promesse, je m’engage. Rien pourtant matériellement me contraint à tenir cette promesse.

-          S’engager c’est s’obliger, se lier au monde et aux autres. Or, ce qu’il s’agit précisément de mettre ici à la question c’est la nature de cette engagement relatif à la parole. Si nous nous sentons engager en affirmant telle promesse, d’où cela vient-il et de quoi cela témoigne-t-il ? A travers l’analyse de la parole, c’est en réalité le rapport de l’homme à soi et à sa responsabilité qui se trouve ici engendré.

 

Problématique

            En quel sens doit-on comprendre que la parole nous engage, c’est-à-dire nous fait prendre parti dans le monde et envers les autres ? De quoi la parole est-elle figurative ? C’est en effet en cherchant ce qu’elle exprime en propre que nous pourrons comprendre en quel sens et pourquoi elle parole engage toujours celui qui la prononce, c’est-à-dire le rend responsable de ces paroles qui sont aussi du même coup des actes à part entière.

 

« de vue un élément de libération car il a bien pour fonction de rendre possible une forme decommunication indispensable à la vie en société. · On comprend donc à quel point, dans cette perspective, la parole engage l'homme, en tant qu'homme, à prendre parti dans le monde : il s'installe dans un monde qu'il conçoit dès lors qu'il parlecomme un monde à connaître, à sentir, à interpréter, etc.

la parole en ce sens engage notre proprehumanité. II.

L'engagement et sa signification dans et par la parole · La description stoïcienne (Epictète, Manuel, « Pensées » 1 à 16) de la souffrance nous permet de comprendre comment l'idée de liberté de penser met en jeu l'idée d'une coupure entre l'extérieur etl'intérieur, entre le propre et l'étranger.

Avec eux, on s'aperçoit que si les événements et les chosesne dépendent pas de nous, le jugement que je porte sur elle dépend entièrement de nous.

Parconséquent, nous sommes les maîtres absolus de notre pensée et de nos jugements.

La liberté depenser peut donc se définir comme un dialogue de soi avec soi, dialogue qui peut tout à fait, puisquenous en sommes le guide et le maître, porter sur tout et n'importe quoi (entendu comme tout ce qu'onveut, même). · L'opposition entre l'intérieur et l'extérieur, entre le propre et l'étranger, on manque une dimension importante : la constitution de la personnalité de chacun.

Celle-ci implique l'apprentissage du langage,des codes sociaux, etc.

Avant de pouvoir se poser la question de notre libre pensée, l'éducation aprovoqué une intériorisation de la culture du milieu (personnel, professionnel, etc.) dans lequel on vit.Affirmer que sa liberté de penser consiste donc à penser tout et n'importe quoi, c'est du même coupaffirmer que cette pensée n'est pas libérée (à travers une réflexion sur elle-même) des préjugés. · La « Première Méditation » de Descartes, ainsi que le début du Discours de la méthode ou des Principes, montrent comment toute affirmation de sa pensée en première personne commence par unemise en doute radicale de tout (ce « tout et n'importe quoi » justement) ce qui été reçu passivementdes autres.

Parce que nous avons été enfants avant d'avoir été des adultes dotés d'une raisonindépendante, toute tentative de juger par soi-même se confronte à du « déjà jugé », à du « déjàpensé ».

On comprend alors qu'on ne peut, en droit, faire consister la liberté de penser en pouvoir depenser tout et n'importe quoi car cela reviendrait à opérer sur des préjugés, des opinions qui noussont bien plus inculqués (plutôt que nous en soyons les auteurs).

Or on ne peut pas faire consister laliberté de penser dans une passivité de la pensée. · La critique du préjugé a ainsi une signification profonde.

Dans le préjugé, je crois penser et juger, alors que les autres jugent et pensent à travers moi.

Affirmer sa liberté c'est donc se réapproprier sapensée. · On peut ainsi faire référence à la définition kantienne de la liberté de penser ® Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? On pense d'abord qu'elle s'oppose à la contrainte civile, puis qu'elles'oppose à la contrainte exercée par la conscience.

Or en réalité « En troisième lieu, la liberté depenser signifie que la raison ne se soumette à aucune autre loi que celle qu'elle se donne à elle-même.

Et son contraire est la maxime d'un usage sans loi de la raison » ® si absence de loi « la liberté de penser y trouve sa perte » « et puisque ce n'est nullement la faute d'un malheurquelconque, mais d'un véritable orgueil, la liberté de penser est perdue par étourderie au sens proprede ce terme.

» · On comprend dans cette perspective que la parole nous engage en tant qu'elle est justement la source d'une libération et ce qui rend effective la liberté de penser.

Comprenons donc que la parole,en tant qu'expression de la liberté de penser, est un acte éminemment engageant pour l'homme parcequ'il en est le seul et unique responsable. · Comprenons alors à quel point liberté et obéissance à la loi sont, dans la parole, mis en relation : je ne suis à proprement libre que lorsque, ayant conscience de l'engagement que je prends nonseulement par rapport au monde mais aussi par rapport aux autres à travers l'acte de parler, je metiens à cette parole.

Ainsi, une promesse, même orale, est un véritable engagement, si ce n'est d'unpoint de vue contractuel, au moins d'un point de vue moral : en effet, la promesse ainsi énoncé, jeme dois, je m'oblige, à la respecter.

En ce sens comprenons que la parole est acte et qu'elle estfigurative de la véritable liberté intérieure du sujet. III. La parole est acte parce que la liberté est engagement · Puisque agir, c'est agir sous l'emprise d'une loi, loi morale ou loi de la nature, et qu'il nous faut agir, la liberté ne peut consister qu'en une action soumise à une loi qu'on se donne à soi-même.Opposée à l'hétéronomie, l'autonomie est le fait de se donner cette loi ; plus que l'indépendance,simple négation de la détermination par autre chose, l'autonomie est de plus autodétermination.

La parole est alors acte, elle est ce par quoi l'homme s'engage et engage avec lui le devenir del'homme lui-même.

En effet, parler c'est prendre part au monde et à la vie humaine, c'est vouloirdonner une image et construire un projet : or, en tant que la parole est construction, en acte,d'un projet pour et de l'homme, elle est du même coup éminemment engageante. · Pour que rien ne m'attire vers telle ou telle action, il ne faut pas que ce soit l'objet même de mon vouloir qui soit déterminant, mais seulement la façon dont je le veux ; la seule loi d'autonomie. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles