Devoir de Philosophie

POURQUOI L'HOMME PEUT-IL ÊTRE INHUMAIN ?

Publié le 13/03/2004

Extrait du document

Dans cette perspective, comment dire d'un acte qu'il est inhumain ? Il se rapporte à ce que la réalité humaine est, à l'infini de nos déterminations.Mais on peut se placer aussi du point de vue de la condition humaine. Cette dernière désigne la situation commune à tous les hommes, la nécessité pour l'homme d'être dans le monde, au milieu des autres et d'y être mortel. Or, de ce point de vue également, on ne peut dire d'un acte qu'il est inhumain. Il renvoie, même monstrueux ou « barbare », à cette altérité qui nous « définit » ou s'inscrit en nous, à ce Mitsein, cet « être-avec » qui est constitutif de cette condition humaine. L'horreur, la violence, la torture, la mise à mort de l'enfant innocent ? Elles prennent place dans cette condition humaine, dans cette situation où s'inscrit notre être. Donc l'inhumanité s'inscrit dans l'humanité.Transition Mais ne pourrait-on se placer à un autre niveau, plus révélateur, dans ce cas, des possibilités humaines ?

« d'inhumain semble détenir un sens : l'homme est liberté rationnelle, obéissance à la loi morale de la raison, au devoiret l'inhumain désigne alors ce champ non rationnel, se situant en dehors des exigences de l'intelligence et de laratio.

Homme = raison.

Inhumanité = non-obéissance à la raison.

Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ? S'il sesitue en dehors de la sphère du logos, la raison, il est, en quelque sorte, inhumain.Toutefois, cette vision de la liberté est très restrictive et il nous semble légitime de l'élargir.

La liberté est aussifaculté consistant à dire « oui » ou « non », puissance que détient la conscience de nier tout donné, quel qu'il soit.L'homme ne subit pas la loi des choses.

Il est libre et expérimente sa liberté dans toutes les situations.

L'homme estchoix perpétuel puisqu'il est ce qu'il se fait.

C'est un pur néant (Fichte), une liberté indéfinie se découvrant dansl'angoisse (Sartre).

Dès lors, peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ? Ce n'est pas légitime, puisque la libertédésigne l'infini des possibles.

L'homme est totalement libre, devant les valeurs, devant la vie et devant la mort.

Lecrime contre l'humanité sera-t-il inhumain ? Non, puisqu'il exprime l'infini (et parfois atroce) possibilité humaine.

Noussommes de part en part dans un monde humain.

La torture ? Le bourreau choisit, dans sa terrible et infinie liberté.On pourrait multiplier les exemples. Transition. Toutefois, la question de l'humain et de l'inhumain est si constante et énigmatique qu'il semble nécessaire deretrouver un nouveau noyau signifiant pour accéder à la compréhension de ces termes.

L'homme n'est passeulement un être de raison, de liberté infinie.

Il est aussi un être qui imagine.

C'est peut-être vers cettenouvelle zone qu'il faut maintenant avancer. C.

Imaginaire et inhumanité. Ici, le surréel retiendra notre attention : n'y a-t-il pas, dans l'homme,une imagination surréelle, comme pouvoir de création et d'invention ?L'imagination humaine est riche d'une potentialité, elle aussi, infinie.L'horreur, l'inhumanité s'enracinent dans un fond mental et esthétiquepuissant, comme nous le signalent les origines du théâtre et, enparticulier, le mythe de Dionysos.

Nietzsche a bien montré que latragédie est d'abord modelée par le dieu de l'ivresse (Dionysos) etexprime ce qui correspond à un déchaînement et à une ivresseextatique, dépassant la mesure et l'ordre.

« Le mot "dionysiaque"exprime le besoin de l'unité, tout ce qui dépasse la personnalité, laréalité quotidienne, la société, la réalité, l'abîme de l'éphémère [...] uneaffirmation extasiée de l'existence dans son ensemble, [...] la grandeparticipation panthéiste à toute joie et à toute peine.

» (Nietzsche, LaVolonté de puissance, trad.

Blanquis, Gallimard).Ainsi, qu'exprime Dionysos ? L'ivresse de l'alcool, mais aussi celle de lacruauté.

Le persécuté, le souffrant, l'extase, l'effroi, l'inhumain semodèlent et se manifestent sous le signe de Dionysos, ce dieu de lasauvagerie, cette divinité dont l'apparition met les êtres humains endélire.

D'ailleurs, Dionysos apparaissait aux Anciens sous la forme d'untaureau, incarnation de la folie furieuse.

Donc l'imaginaire dionysiaque(cf.

Eschyle, mais aussi Shakespeare et bien d'autres dramaturges)exprime de l'inhumain, de la cruauté, le besoin d'exercer une totale puissance.

Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain, étranger à l'homme, enraciné en une étrange divinitéd'extase et d'horreur ? Oui, en un sens, mais, en vérité, nous savons que les dieux ne sont que de l'humain etdonc qu'ici encore, nul acte n'est inhumain.

Dionysos, c'est la cruauté et le monde sans entraves de l'homme.Ici encore, l'inhumain s'inscrit au plus profond de l'humanité de l'homme : dans son imaginaire pétri d'étrangesvirtualités. 3) Conclusion. L'imaginaire est profondément lié à l'inhumanité, comme le montrent les tragédies de mort et d'horreur deShakespeare.

Toutefois, il est difficile et même illégitime de dire d'un acte qu'il est inhumain.

L'homme estpartout, dans un monde où le divin s'est, depuis longtemps, retiré.

L'inhumain réside dans l'homme.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles