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Pourquoi parlons nous ?

Publié le 01/02/2005

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Parler est sans doute l'acte le plus quotidien de l'homme. Cela nous est si naturel que nous ne nous interrogeons même pas sur l'origine et la but de ce processus. Pour que la prise de parole devienne source d'interrogation, il faut que des circonstances bien particulières soient réunies, telles que le fait d'entendre quelqu'un s'exprimer dans une langue non seulement étrangère, mais radicalement étrangère à notre propre langue : le fait de parler peut alors nous apparaître comme un acte neuf et mystérieux. On peut demander à quelqu'un pourquoi il crie, pourquoi il pleure ou pourquoi il rit, mais jamais pourquoi il parle. La réponse serait d'ailleurs toujours une réponse circonstancielle : je parle à ce moment précis pour dire cela. À la question « pourquoi parlons-nous ? » on serait tout simplement tenté de répondre : parce que nous avons quelque chose à dire. Mais ce serait là négliger une portée possible de la question : elle peut en effet se comprendre comme « dans quel but parlons-nous » ou comme « en raison de quoi parlons-nous ? ». Le « pourquoi » peut porter sur la cause comme sur la fin. La question est donc de savoir ce que le fait de parler révèle de la nature humaine, étant donné que le pronom « nous » fait bien ici référence à la communauté des hommes.

« se faire entendre par signe.

Qui plus est, on ne saurait se contenter de dire que les animaux ont moins deraison que les hommes, puisque même les hommes qui en ont très peu savent parler.

La différence n'est doncpas simplement de degré, mais bien de nature.

Transition : la raison est donc la condition indispensable à notre parole.

Mais, puisque le lien entre parole et pensée est si étroit, ne pourrions nous pas dire qu'à l'inverse, la parole est indispensable à l'exercice de notreraison ? III. Nous parlons pour penser A.

La dernière hypothèse que nous avons évoquée est juste, mais insuffisante.

Elle assoit incontestablement un lien entre la raison et la parole : nous ne pourrions parler si nous n'étions doués de raison.

Pour autant,elle est peut être limitée dans la mesure où en faisant de la pensée la condition nécessaire à la parole, ellenous conduit à estimer que la pensée, produit de la raison, précède le langage et ne fait que venir s'yincarner.

On peut retrouver cette idée dans les concepts d'indicible et d'ineffable : il arrive en effet qu'encertaines circonstances, on dise « je ne trouve pas les bons mots » ou « c'est impossible de dire ce que jeressens » ou encore « il n'y a pas de mot pour exprimer ce que je pense ».

Toute ces expressions fontréférence à quelque chose qui pourrait être pensé mais ne pourrait être formulé explicitement.

Dans cettehypothèse, le lien entre pensée et parole est rompu.

B.

Pourtant, Hegel nous montre dans le paragraphe 462 de L'encyclopédie des sciences philosophiques que « vouloir penser sans les mots est une déraison » Les mots ne sont pas les moyens d'extérioriser une penséedéjà formée sans les mots : le mot est ce qui donne une forme à la pensée car le mot est à la fois intérioritéet extériorité, il est activité psychique et en même temps, indissociablement, manifestation extérieure decette activité « interne ».

Autrement dit, la pensée doit passer par son autre (la parole, puisque celle-ci sedistingue de la pensée) pour devenir vraiment elle-même, pour devenir une pensée vraie.

La première pensée,celle qui reste informulée et qui peut appartenir à la catégorie de l'ineffable n'a donc de pensée que le nom,ou plutôt, elle est une pensée en germe.

Pour que le germe se révèle, il doit passer par l'épreuve de l'autre,et cet autre, c'est la parole.

« Ainsi, le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.Sans doute, on peut se perdre dans un flux de mots sans saisir la chose.

Mais la faute en est à la penséeimparfaite, indéterminée et vide, elle n'en est pas au mot.

» Celui qui ne s'exprime pas clairement ne pensedonc pas clairement. Conclusion En conclusion, nous pouvons dire que nous parlons certes parce que nous sommes des êtres sensibles, mais surtout et avant tout parce que nous sommes doués de raison.

C'est là la condition nécessaire à toute parole.

Maisnous pensons aussi parce que nous avons un dessein : celui de penser.

Or, la parole est une forme du langage quiest le plus proche de la pensée : contrairement à l'écriture, la parole est vivante, elle nous permet de nous exprimerbien plus rapidement que par écrit.

Nous parlons donc certes pour échanger des informations, des sentiments, oupour en demander, mais avant tout pour faire advenir nos pensées.. »

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