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Pourquoi s'engager ?

Publié le 04/08/2009

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S’engager, c’est tout d’abord initier une action. L’engagement signifie alors le commencement d’une histoire, la décision première qui oriente et structure les décisions et actes à venir. L’engagement construit ainsi l’unité temporelle à partir d’un avenir identifié comme valeur (on s’engage pour quelque chose). En ce sens, s’engager revient toujours à parier, prendre un risque sur la cause, la raison pour laquelle on s’engage. Ce risque ou cette incertitude porte alors sur deux points : la possibilité de réaliser cette cause (car on s’engage sur quelque chose laquelle, on suppose, a une chance d’aboutir) et la validité intrinsèque de cette cause (on attribue une valeur à la cause). S’engager, c’est s’avancer (comme lorsqu’on dit « je m’avance un peu mais… «), au sens où l’on va au delà de ce qui est certain et rationnellement prévisible. L’engagement contient donc toujours le risque de l’erreur. Mais il y a plus : s’engager soi-même n’est pas simplement engager ou risquer (des troupes, des fonds). C’est aussi se mettre en gage, autrement dit jouer la totalité de son être ou de son existence pour une décision dont on a dit qu’elle comprenait toujours risque et incertitude. Dès lors, s’engager paraît toujours être excessif, déraisonnable, un manque de prudence. Car il suffit de remarquer que les résultats de mon action m’échappent toujours, celle-ci s’insérant dans le jeu complexe des relations causales extérieures à moi, et que la faible probabilité de réussite met en jeu mon existence même. S’engager serait donc un pari toujours un peu fou. Car l’engagement se doit d’être d’autant plus grand que la cause paraît fragile. En ce sens, s’engager apparaît comme quelque chose d’absurde, d’irrationnel, relevant d’une ignorance. S’engager est téméraire.

Cependant, refuser de s’engager c’est aussi refuser d’agir, et plus précisément refuser de se construire dans le temps. En effet, ce que je suis maintenant, dans mon présent, est fonction de mon passé, certes, mais aussi de l’avenir que je projette. Dès lors, un moi non engagé est un moi sans unité, disloqué par les événements qui se succèdent sans s’unifier en un projet. Un moi passif, en somme, sans personnalité. Ne pas s’engager serait donc ne pas être, si tant est que le moi se constitue dans ses actes. On s’engage donc pour exister. Ceci implique alors que l’existence est par définition risquée.

L’enjeu philosophique fondamental que soulève alors ce sujet est celui de savoir si ce que je suis peut avoir un sens hors de mes engagements ou bien si ce ne sont pas mes engagements qui me font. Si dans le premier sens s’engager est un acte absurde car trop risqué, dans le second c’est le seul acte qui fait émerger le sens par l’unité qu’il produit. C’est donc l’acte sensé par excellence.

« comme valeur première, qui peut aller jusqu'au sacrifice total de sa personne pour une cause perdued'avance.

S'engager totalement serait alors un acte de pur foi (ex.

attentats suicides), l'acte de celui quipréfère mourir qu'accepter une réalité qu'il rejette.

Autrement dit, l'idée de s'engagement suppose toujoursde relativiser le soi à un cause plus grande (la patrie etc.) afin que la valeur de la perte possible de ce quiest en gage (moi) soit compensée par le gain très élevé de la valeur qui pourrait être produite (la causespour laquelle on s'engage).

S'engager est donc un acte de foi, mais en un autre.

Si donc on suppose quetous les actes visent notre bonheur, un acte qui pourrait conduire à notre négation est irrationnel. - On ne peut donc pas donner des raisons pour expliquer l'engagement de son être, mais sans doute des causes.

Si cet acte est irrationnel, c'est qu'il est alors le fruit d'une passion ou d'un aveuglement de l'individu(on peut penser ici à la propagande qui fabrique des martyrs).

En ce sens, quand je m'engage, je me perdscomme être rationnel et je n'agis que sous l'impulsion de mes sentiments et de mes émotions, lesquelles medépassent.

L'engagé, l'amoureux, le militant, sont donc des pantins tirés par les ficelles de leur passions : lacause pour laquelle ils s'engagent (la patrie, une femme, une idée). - Il faut donc conclure que s'engager, c'est toujours relativiser sa propre valeur à la valeur d'un autre car c'est prendre le risque de se perdre.

En ce sens, cet acte ne peut être rationnel et ne peut avoir que descauses : la passion.

S'engager supposerait donc soit une faible estime de soi-même (peu de valeur), soit unetrop haute estime (présomption) soit une forme d'imbécillité (témérité). II- Mais si la valeur première c'est le moi, et si le moi est un projet, alors cela veut dire que la valeurfondamentale, c'est de s'engager.

On s'engage alors pour créer du sens.

- Cependant, c'est supposer une conception du moi comme substance ou nature fixée une fois pour toute, hors du temps et non pas constitué par ses actes, mais sous-jacents à ceux-ci.

C'est cette conception quirend l'idée d'un engagement de soi-même total relativement dépourvu de sens.

Mais si l'on remarque à lasuite de Bergson que la conscience est une durée qui est constituée par une action anticipatrice du futur surla base d'une mémoire du passé, ce qui fait de notre présent le passage continu de l'avenir dans le passé,alors il ne peut y avoir de conscience sans engagement, c'est-à-dire sans inscription dans le temps.

Or,notre moi est essentiellement une conscience qui suppose alors un projet. - En ce sens, comme le remarquait Sartre dans l'Etre et le Néant, s'engager est le mode spécifique de l'être qui existe, et qui n'est pas simplement là, immobile, en soi (comme une pierre).

La différence entre êtreet exister, c'est que le second mode se caractérise par le fait d'être ce qu'on n'est pas, et ne pas être cequ'on est.

Ainsi, le désir est l'essence de l'homme, et le désir est ce projeter au delà de soi-même.

C'estcette inscription du désir dans la réalité que traduit l'engagement de soi.

Ainsi, si « nous sommes condamnésà être libre », c'est que nous sommes condamnés à nous engager.

Ne pas s'engager, c'est refuser d'exister.Pascal expliquait déjà, à propos de l'existence de Dieu, qu'il nous fallait parier sur son existence ou sa nonexistence.

Nous sommes jetés dans le monde, engagé par lui à nous engager.

S'engager revient alors à seconstituer son identité, un moi.

L'homme sans engagement est un être sans personnalité.

Ceci néanmoins,n'est pas sans risque, et c'est pourquoi l'angoisse est le propre de l'être humain.

Si je suis mes engagements,et si le doute est toujours possible à propos de leur validité, c'est la validité de ma propre existence qui esttoujours douteuse.

S'engager est donc l'acte le plus nécessaire et le plus risqué. - On pourra alors dire que, loin qu'il s'agisse dans le fait de s'engager, d'une dévalorisation du moi au profit d'une autre valeur, il est au contraire question de s'autoconstituer, la valeur du moi s'adossant à la valeur dela force de notre engagement.

Et de ce point de vue, peut importe le contenu de l'engagement.

En ce sens,la morale de l'incertitude recommande la résolution, comme l'a bien montré Descartes, dans les Lettres à Elisabeth : au promeneur perdu dans la forêt, il est recommander de suivre un chemin au hasard, ce qui n'est rien d'autre que s'engager, et de le suivre résolument.

S'engager résolument est donc bien la seule actionpossible dans un monde d'incertitude dans lequel nous voulons pourtant affirmer notre identité. - Enfin, le risque de la mort présent dans l'engagement de soi pour une valeur est justement le propre de la liberté humaine, comme l'a parfaitement montré Hegel.

En effet, dans les Principes de la philosophie du droit il montre combien la liberté s'acquiert dans une lutte contre les instincts naturels, au premier rang duquel l'instinct de conservation.

Ceci implique qu'un peuple sans risque de guerre, qui n'est pas prêt àrisquer sa nature pour une valeur (un élément spirituel) est un peuple qui ne peut être libre. Conclusion On s'engage donc parce que nous n'avons pas d'autre choix pour exister, l'existence étant entendue au sens d'uneconscience libre qui inscrit son action dans le temps.

Ce sont nos actions qui constituent notre identité.

Refuser des'engager, c'est refuser de prendre le risque de vivre, c'est vouloir conserver une nature donnée immédiate et stableau détriment des possibilités de l'existence humaine.

Alors certes, l'incertitude est inscrite au cœur de notreengagement quant au résultat.

Cependant, il n'est requis que d'être résolu dans son engagement (à distinguer, biensûr, de l'entêtement contre les évidence).

Prendre un risque en mettant en jeu son être, c'est en cela que consisteune existence libre.. »

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