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Pouvons-nous dire n'importe quoi n'importe comment ?

Publié le 29/07/2005

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Pouvoir faire quelque chose, c'est ou bien en avoir la capacité, ou bien en avoir le droit : les deux sens sont possibles ici.

« Dire n'importe quoi « peut avoir plusieurs sens : c'est ou bien dire des mots sans ordre, sans se soucier de leur sens, voire des mots qui n'existent pas, ou bien tenir un discours semblable au discours vrai, mais complètement faux dans son contenu, son fonctionnement ou sa pertinence. Faire quelque chose « n'importe comment «, c'est ou bien la faire sans aucune logique, ou bien la faire d'une manière non conforme à certaines conventions établies.

Est donc ici en question, d'une manière générale, l'exigence de rigueur et de respect des conventions que peut contenir l'idée de l'usage du langage : dans quelle mesure le langage est-il un code dont il faut respecter les règles ? Quelles libertés peut-on prendre par rapport à lui ? Quelles sont les conséquences de cette éventuelle prise de liberté quant au statut du langage lui-même ?

Cette question peut être traitée selon deux points de vue qui sont au reste liés: celui du droit et de la morale.

  • Du point de vue du droit la question est en fait celle de la liberté d'expression: Avons-nous le droit de dire n'importe quoi n'importe comment ?
  • Du point de vue morale, la question est celle du devoir: sommes-nous autorisés à dire n'importe quoi n'importe comment ?

Notons qu'il est encore possible de traiter ce sujet dans une tout autre direction, à savoir sur le plan du langage et du sens.

 

  • I. Le langage comme code collectif exigeant une certaine rigueur
  • II.  Les conséquences d'un mauvais emploi du langage

 

  • III. Langage et vérité : les limites du « n'importe quoi, n'importe comment «

 

 

« comment » et disant « n'importe quoi » : une telle utilisation est contraire à la raison d'être même du langage.

Lemensonge empêche la communication vraie, par exemple, il n'est communication qu'en apparence.

Le risque final estcelui d'une perte de sens totale du langage – le langage est tributaire de l'usage qu'on en fait. Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral « Le menteur utilise les désignations valables, les mots, pour faire apparaître l'irréel comme réel ; il dit par exemple :« je suis riche » alors que « pauvre » serait pour son état la désignation correcte.

Il maltraite les conventionsétablies par des substitutions arbitraires et même des inversions de noms.

S'il fait cela par intérêt et en plus d'unefaçon nuisible, la société lui retirera sa confiance et du même coup l'exclura.

Ici les hommes ne craignent pas tant lefait d'être trompés que le fait qu'on leur nuise par cette tromperie : à ce niveau-là aussi, ils ne haïssent pas au fondl'illusion, mais les conséquences pénibles et néfastes de certains genres d'illusions.

Une restriction analogue vautpour l'homme qui veut seulement la vérité : il désire les conséquences agréables de la vérité, celles qui conserventla vie, mais il reste indifférent face à la connaissance pure et sans effets et ressent même de l'hostilité à l'égard desvérités éventuellement nuisibles et destructrices.

» III.

Langage et vérité : les limites du « n'importe quoi » On peut peut-être résoudre ce problème de l'efficace pernicieuse d'un mauvais emploi du langage en envisageant unlien étroit du langage à la vérité, lien qui serait à la fois d'expression et d'adéquation.

Cela permettrait de sauver enmême temps l'existence du langage, et de ménager une place au « n'importe quoi » ou au « n'importe comment » entant que ceux-ci peuvent être créateurs d'idées ou transformateurs positifs du langage. Foucault, Les mots et les choses « Sous sa forme première, quand il fut donné aux hommes par Dieu lui-même, le langage était un signe des chosesabsolument certain et transparent, parce qu'il leur ressemblait.

Les noms étaient déposés sur ce qu'ils désignaient,comme la force est écrite dans le corps du lion, la royauté dans le regard de l'aigle, comme l'influence des planètesest marquée sur le front des hommes : par la forme de la similitude.

Cette transparence fut détruite à Babel pour lapunition des hommes.

Les langues ne furent séparées les unes des autres et ne devinrent incompatibles que dans lamesure où fut effacée d'abord cette ressemblance aux choses qui avait été la première raison d'être du langage.(...) Mais si le langage ne ressemble plus immédiatement aux choses qu'il nomme, il n'est pas pour autant séparé dumonde ; il continue, sous une autre forme, à être le lieu des révélations et à faire partie de l'espace où la vérité, àla fois, se manifeste et s'énonce.

Certes, il n'est plus la nature dans sa visibilité d'origine, mais il n'est pas non plusun instrument mystérieux dont quelques-uns seulement, privilégiés, connaîtraient les pouvoirs.

Il est plutôt la figured'un monde en train de se racheter et se mettant enfin à l'écoute de la vraie parole.

(...) Pour établir le grand tableau sans faille des espèces, des genres, et des classes, il a fallu que l'histoire naturelleutilise, critique, classe et finalement reconstitue à nouveaux frais un langage.

(...) Les choses et les mots sont trèsrigoureusement entrecroisés : la nature ne se donne qu'à travers la grille des dénominations, et elle qui, sans de telsnoms, resterait muette et invisible, scintille au loin derrière eux, continûment présente au-delà de ce quadrillage quil'offre pourtant au savoir et ne la rend visible que toute traversée de langage.

». »

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