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Pouvons-nous être certains que nous ne sommes pas toujours en train de rêver ?

Publié le 17/01/2022

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Mais, dès lors que de la réalité on ne se réveille pas, elle pourrait être illusoire sans qu'il y ait moyen de le savoir. Quelle stratégie adopter ? Il faut tout d'abord trouver le ton juste : d'une part, il faut remettre en question l'évidence naïve, pour qui le réel est le réel, d'une façon absolue et incontestable ; d'autre part, il faut éviter toute tentation de délire. Pour cela, le bon point de vue est celui de la conscience : efforcez-vous d'envisager le sujet en ayant toujours à l'esprit non pas le réel en lui-même, mais la façon dont chaque conscience le vit et se le représente. La première remarque que l'on peut faire en considérant les choses ainsi, c'est que si nous avons la ferme et inébranlable conviction de ne pas rêver, il n'en reste pas moins que souvent la réalité nous surprend.Pour commencer la réflexion, il faut analyser les différences entre le rêve et la réalité telles donc qu'elles apparaissent à la conscience. Ceci pourra constituer la première partie. Trois éléments peuvent être mis en évidence. Premièrement, dans le rêve la continuité spatio-temporelle est brisée. Deuxièmement, la réalité semble beaucoup plus cohérente, cesignifie surtout que l'on doit assumer ce qui s'y passe, au sens où l'on ne peut pas toujours vraiment faire comme si ce qui est arrivé n'était pas arrivé.

Si un artisan rêvait chaque nuit, douze heures durant de suite, qu'il est roi, il ne serait pas moins heureux qu'un roi réel, écrit PASCAL (Pensées. B 3861). Une pareille supposition est - elle si extravagante et si folle, comme le proclame la première Méditation Métaphysique de DESCARTES ("Mais quoi ? ce sont des fous ...") ? Mais alors ce serait une folie bien ordinaire que celle qui nous fait déclarer : "Il me semble que je rêve", tandis que nous ne sommes pas en mesure de distinguer la veille et le rêve. Savoir que nous ne rêvons pas suppose d'abord qu'une frontière sépare chacun de ces deux états, frontière constante, d'autre part que nous puissions disposer de moyens par lesquels nous pouvons nous assurer infailliblement que nous sommes éveillés. Mais quels sont ces moyens et quelle valeur leur accorder ?

« I.

— « Nul ne sait s'il dort ou s'il veille.

a Cet argument des sceptiques est assez faible, car la distinction de laréalité et du rêve est facile et spontanée. II.

— Descartes a cru trouver un critérium décisif pour distinguer le rêve de la veille : C'est que dans le rêve lesidées ne sont pas enchaînées logiquement comme à l'état de veille.

Ce critérium est insuffisant.

On peut faire deuxobjections : 1° Il y a des rêves bien liés ; 2° les rêveries de la veille ressemblent beaucoup au rêve. III. — Deuxième critérium : le rêve est individuel ; les perceptions de la veille sont collectives, c'est-à-dire que nos perceptions sont confirmées par le témoignage de nos semblables.On pourrait toutefois objecter que, lorsque nous rêvons (car il ne faut pas identifier le rêve et le souvenir du rêve),nous mêlons à nos songes des personnages qui semblent avoir les mêmes perceptions que nous. IV. — Distinctions plus rigoureuses : La veille connaît le rêve ; le rêve ignore la veille. V.

— On se réveille du rêve; on ne se réveille pas de la veille. VI. — La perception explique le rêve ; le rêve n'explique pas la perception.

L'une est un état primaire; l'autre un état secondaire.

Un aveugle-né, par exemple, n'aura jamais de rêves visuels. VII. — Le rêve ne peut se relier, comme les perceptions de la veille, à l'ensemble de notre expérience. VIII. — Entre le rêve et la réalité il y a une transition : ce sont les états hypnagogiques.

On entend par là les images hallucinatoires qui se produisent quand on passe de la veille au sommeil et réciproquement, et qui sont liéesà un vague sentiment de leur caractère illusoire.

Cela tient à ce que les sens ne sont pas complètement assoupis. Introduction Si lorsque je rêve, je crois véritablement agir, comment m'assurer lorsque j'agis réellement en ce monde que je nerêve point ? Comment distinguer le rêve de la réalité ? Si le rêve m'apparaît comme une réalité imaginaire, commentêtre certain que je n'imagine pas la réalité dans laquelle je vis ? Il s'agit là non pas d'un problème psychologique,mais d'une question ontologique : si le rêve possède une réalité propre, comment la distinguer de notre réalité ? Etnotre réalité est-elle la véritable réalité ? Ou n'est-elle que l'image d'une réalité supérieure ? Première partie - Si, à l'instar des sceptiques, je puis douter que le monde dans lequel j'agis est réel, comment distinguer l'état deveille du rêve ? Diogène Laërce donne ainsi une description extravagante de Pyrrhon, qui doutant de l'existence detoutes choses, « n'évitait rien », « ne se gardait de rien », « affrontait tous les risques comme ils venaient, lescharrettes, les précipices, les chiens » et « ne se fiait nullement à ses sensations » (cf.

article sur Pyrrhon par J.Brunschwig in Philosophie grecque , dir.

M.

Canto-Sperber, PUF, 1997, pp.463-475).

La perception ne me permet pas d'assurer la réalité du monde extérieur, et donc de distinguer entre le rêve et la réalité (cf.

aussi Hume, Enquête sur l'entendement humain , chap.

XII).. »

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