Prendre conscience me rend-il extérieur à moi-même ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
C'est le fameux : « je pense donc je suis » du
Discours de la méthode, le « cogito ergo sum » de la première partie
des Principes. Dans la Méditation seconde, Descartes écrit de
même : « Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde,
qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucun esprit ni aucun corps. Ne me
suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? Non certes, j'étais sans
doute si je me suis persuadé, ou seulement si j'ai pensé quelque chose. » Et il
tient ainsi « pour constant que cette proposition : je suis, j'existe, est
nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois
en mon esprit ».Ainsi prendre conscience me renferme sur ma sphère individuelle
et m'enferme dans le solipsisme, solipsisme inconfortable dont il faudra
s'extraire
2La nécessité de l'expérience de l'autre, contre
le solipsisme.
Alors que la fondation cartésienne de la science passait par le dualisme de
l'âme et du corps, la refondation husserlienne comprend au contraire le « corps
propre » (Leib, ce que les phénoménologues contemporains, à la suite en
particulier de Merleau-Ponty, préfèrent appeler la chair) radicalement
autrement que les corps en général, tels qu'ils nous sont donnés à connaître par
la physique. Lorsque la conscience met le monde entre parenthèses, s'isolant
comme solus ipse, elle produit une apparence d'elle-même, que
l'explication phénoménologique, faisant retour sur « l'intuition » d'être au
monde, permet de dissiper. Brisant net les frontières induites par une
philosophie de la conscience psychologique, l'intentionnalité reconnaît ainsi
son propre fondement dans « l'expérience de l'autre ». Elle se rapporte à une
« Nature intersubjective » qui est la condition (la « première forme », écrit
Husserl) de toute « objectivité ».
Il ne faut pas ramener la prise de conscience à un processus purement intérieur, à une expérience psychologique qui ne nécessiterait aucun rapport avec le monde extérieur. Ce sujet tente de nous faire réfléchir à se paradoxe de la fondation de la conscience qui aurait besoin d’un autre qu’elle-même et qui de fait amènerait le sujet à se décentrer, à sortir de lui-même, à s’ouvrir à l’altérité. C’est aussi en repensant les philosophies existentialistes et phénoménologiques qui ont tenté de donner une réelle place à l’extériorité dans le phénomène de la prise de conscience.
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