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Puis-je à la fois affirmer que toutes les valeurs sont équivalentes, et vouloir combattre l'injustice ?

Publié le 03/08/2005

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III. Valeurs culturelles et valeurs de l'humanité

- Se donner bonne conscience par une attitude relativiste peut apparaître comme une trahison à l'égard de l'idée même d'humanité, dès lors qu'il s'agit de ne rien faire, par exemple, pour lutter contre le sous-développement en prétextant que la situation économique du Tiers-Monde est en relation avec des valeurs traditionnelles des sociétés concernées (corruption et obéissance passive seraient ainsi les versions «modernes« de la puissance traditionnellement attribuée au «chef«).

On prendra garde au fait qu'il n'est pas ici demandé si toutes les valeurs sont ou non équivalentes : il ne s'agit donc pas de procéder à une telle démonstration. On demande simplement s'il est logiquement possible de soutenir l'équivalence de toutes les valeurs et de vouloir combattre l'injustice.

À travers l'histoire de ses contacts avec les autres cultures, l'Occident a souvent été incapable de reconnaître qu'elles véhiculaient des valeurs qui, pour être différentes des siennes, n'en possédaient pas moins leur légitimité. Dès lors qu'au contraire, on admet que toutes les valeurs sont équivalentes, se condamne-t-on à l'impossibilité de toute critique, voire de tout combat contre l'injustice?

« Combattre l'injustice, c'est choisir la justice comme valeur suprême, méritant d'être défendue parce qu'elle donne àtous les humains des chances d'atteindre une dignité supplémentaire.

Il apparaît alors que l'on ne peutsimultanément affirmer que toutes les valeurs sont équivalentes: celles qui détermineraient, par leur universalisation,une régression pour l'humanité, ne méritent pas d'être maintenues. On prendra garde au fait qu'il n'est pas ici demandé si toutes les valeurs sont ou non équivalentes : il ne s'agit doncpas de procéder à une telle démonstration.

On demande simplement s'il est logiquement possible de soutenirl'équivalence de toutes les valeurs et de vouloir combattre l'injustice. 1.

Combattre l'injustice par respect du droit positif Si j'affirme que toutes les valeurs sont équivalentes, j'affirme du même coup qu'il n'existe pas en soi de justice oud'injustice, que le droit se ramène uniquement aux divers droits positifs, qui n'ont pas eux non plus de valeurabsolue.

Cependant chacun de ces droits définit de son propre point de vue le juste et l'injuste.

Je puis donc vouloircombattre l'injustice par respect du (d'un) droit positif(celui de la société où je vis), tout en sachant que ce droitn'a qu'une valeur relative, et que ce respect n'est nullement en soi un devoir.

Simplement je choisis arbitrairementde respecter le droit. 2.

Créer ses propres valeurs Si toutes les valeurs sont équivalentes, je puis créer moi-même mes propres valeurs, définir moi-même ce qui vautpour moi ou pour l'humanité, et une fois ces valeurs posées, vouloir combattre ce que j'ai défini comme étantl'injustice.

Ainsi : Selon Max Stirner, c'est à moi de poser ce qui vaut pour moi et d'ériger mes valeurs en absolu tout en sachantqu'elles ne sont fondées sur rien.

« Je suis le propriétaire de ma puissance, et je le suis quand je me sais Unique.Dans l'Unique, le possesseur retourne au Rien créateur dont il est sorti.

Tout Être supérieur à Moi, que ce soit Dieuou que ce soit l'Homme, faiblit devant le sentiment de mon unicité et pâlit au soleil de cette conscience.

Si je basema cause sur Moi, l'Unique, elle repose sur son créateur éphémère et périssable qui se dévore lui-même, et je puisdire : J'ai basé ma cause sur rien » (L'Unique et sa propriété, trad.

Reclaire, Pauvert, p.

333). Selon Nietzsche, semblablement, la tâche du philosophe « requiert de lui qu'il crée des valeurs » (Par-delà le bienet le mal, 10-18, p.

147), car « les véritables philosophes sont ceux qui commandent et légifèrent.

Ils disent : "Voicice qui doit être !" Ce sont eux qui déterminent le sens et le pourquoi de l'évolution humaine, et ils disposent pourcela du travail préparatoire de tous les ouvriers de la philosophie, de tous ceux qui ont liquidé le passé ; ils tendentvers l'avenir des mains créatrices, et pour cette tâche tout ce qui a existé leur sert de moyen, d'outil, de marteau.Pour eux "connaissance" est création, leur œuvre consiste à légiférer, leur volonté de vérité est volonté depuissance » (id., p.

148).. »

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