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Que faut il pour être un artiste ?

Publié le 05/01/2005

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Il se distingue de l'artisan ou du technicien par sa capacité non pas à mettre en oeuvre, plus ou moins habilement, une règle de production, mais à inventer la règle qui préside à la constitution de son oeuvre. -          On comprend alors que la reconnaissance de l'artiste n'est pas un problème technique = relativiser le savoir-faire en tant que critère de distinctif de l'artiste, c'est refuser que l'appréciation d'un artiste et de sa valeur se réduise à un examen technique qu'il faudrait abandonner à un spécialiste. On peut en effet louer un artiste pour son savoir-faire, mais cette reconnaissance technique n'implique pas nécessairement la reconnaissance d'un talent artistique. Celle-ci se fonde davantage sur l'émotion suscitée par la contemplation d'une oeuvre. Si pour Kant le jugement esthétique tend vers l'universalité, on pourrait en dire de même de la reconnaissance de l'artiste : d'une part parce qu'elle n'est pas limitée par la nécessité d'un savoir préalable, et d'autre part parce qu'en reconnaissant un artiste comme tel le sujet prétend donner à son jugement une extension universelle. -          Pourtant, rejeter le savoir-faire en tant que critère distinctif de l'artiste et donc a fortiori des beaux-arts, est-ce pour autant rejeter la nécessité de ce savoir-faire. Le savoir-faire apparaît alors comme une condition nécessaire mais non suffisante pour que l'on puisse définir essentiellement ce qu'est un artiste.       III-             La reconnaissance du statut nécessaire du savoir-faire   -          Le savoir-faire est ainsi nécessaire, comme connaissance des règles de production, à l'innovation et au développement de l'art et de ses techniques = on peut ainsi reconnaître l'artiste dans sa capacité à bousculer un savoir-faire parfois un peu sclérosé. S'il ne s'agit pas de refuser le savoir-faire comme tel, c'est plutôt une ré-interrogation des règles et de leurs limites qui s'engage : c'est pourquoi la connaissance de ce savoir-faire est un préalable nécessaire à sa transgression. -          De la même manière, la maîtrise technique est une condition nécessaire de la création artistique = si le génie ne s'apprend pas, ce talent ne peut s'exercer que grâce au savoir-faire.

On remarque d’emblée que la définition complexe et mouvante de ce que l’on considère comme étant de l’art, va fortement jouer dans notre définition de l’artiste. Parce qu’au fond, se demander ce qu’il faut pour être appelé artiste, c’est-à-dire à quels critères se reconnaît un artiste, revient à chercher une définition propre de celui-ci. Or, si la définition e l’art change, c’est a fortiori celle de l’artiste qui bouge aussi – l’art étant la matière qu’il travaille, ou du moins à laquelle il veut aboutir.

Se demander ce qu’il faut à un homme pour être un artiste revient au fond à interroger la pertinence du savoir-faire comme critère de distinction d’un artiste et de l’art en général. En effet, on met parfois en avant le savoir-faire d’un artiste, son sens aigu de la couleur, ou une grande économie de moyens, comme caractéristiques permettant de reconnaître son travail. Mais dans ce cas, quelle limite existe-t-il encore entre l’artiste et l’artisan ?

La question de la définition de l’artiste, définition périlleuse, engage en réalité celle de l’art, toute aussi périlleuse d’ailleurs. Ce n’est qu’en liant les deux que l’on pourra prétendre atteindre l’essentiel des caractéristiques qui font qu’un homme est artiste.

« fait de l'habileté dans le savoir-faire le critère de reconnaissance de l'artiste et a fortiori des beaux-arts ?Tout artisan, en tant qu'il produit des objets, se caractérise lui aussi par son savoir-faire.

On distinguepourtant les productions de l'artiste et de l'artisan.

Il semble donc que le critère du savoir-faire ne suffisepas à reconnaître et distinguer les beaux-arts comme tels. II- Un génie à l'œuvre - L'artiste, pour être défini comme tel, doit se reconnaître à son génie = si l'on veut penser la distinction entre l'artiste et l'artisan ou le technicien, c'est le génie qui apparaît comme le critère spécifique des beaux-arts.

Ce qui fait la spécificité de l'artiste et signe son talent, ce n'est pas son savoir-faire comme habiletétechnique, mais le talent qui procure à son œuvre beauté, puissance et originalité.

On peut ainsi avec Kantvoir dans le génie le véritable critère de reconnaissance de l'artiste.

Le génie est un talent inné qui fait del'artiste un « favori de la nature » : l'artiste est capable de produire de la beauté, grâce à la capacitéoriginale d'invention de son imagination dans son libre jeu avec l'entendement.

Il se distingue de l'artisan oudu technicien par sa capacité non pas à mettre en œuvre, plus ou moins habilement, une règle deproduction, mais à inventer la règle qui préside à la constitution de son œuvre. « Les beaux-arts sont les arts du génie...

» KANT. Le terme « art » a pendant toute l'Antiquité et le Moyen Age, simplementdésigné la forme de la production artisanale.Ainsi, Platon oppose la « theôria », connaissance purement contemplative, ausavoir-faire lié à la production matérielle (« technè »).

Cette dernièreconcerne la production et se définit comme création:« Ce qui, pour quoi que ce soit, est cause de son passage de la non-existence à l'existence, est, dans tous les cas, une création; en sorte quetoutes les opérations qui sont du domaine des arts sont des créations, et quesont créateurs tous les ouvriers de ces opérations.» (« LE Banquet »).C'est pourquoi, pour Platon, les artisans sont tous poètes.

En effet, «poésie»signifie étymologiquement «faire», ce qui consiste essentiellement à faire êtrece qui n'était pas, c'est-à-dire à créer.Si la technique (ou l'art) est création, elle porte sur le contingent, c'est-à-dire sur ce qui peut aussi bien être que n'être pas.

C'est en cela que latechnique (ou l'art) s'oppose à la science.

Cette dernière porte, en effet, surdes essences idéales, c'est-à-dire éternelles et immuables.

On comprend, dèslors, que Platon, reconnaissant la fonction sociale de la technique, ne luiaccorde aucune valeur humaine.

Insensible à la beauté de l'Acropole, il nesemble voir de la beauté que dans la nature (les beaux corps des jeunesgarçons), dans la morale (les belles actions), dans les sciences (mathématiques et philosophie).C'est à partir du XVIIIE siècle que l'art se distingue aussi bien de l'artisanat que de la technique et acquiert ainsi unstatut spécifique.

D'où l'apparition de l'esthétique comme théorie des beaux-arts.

Et, dans la Critique de la facultéde juger (1791), Kant, même s'il ne prétend pas faire une théorie des objets beaux (car, selon lui, le beau n'est pasune qualité des objets : il n'y a pas de règle du beau ni donc de science du beau), affirme qu'il n'existe pas de bellessciences, mais seulement des beaux-arts.

Il accorde même, d'une ..

certaine manière, une supériorité à l'art sur lessciences et la technique, puisqu'il considère qu'il n'y a de génie que dans les Beaux-Arts : «Les Beaux-Arts sont lesarts du génie.

»Dans la civilisation artisanale, l'artiste, qu'il bâtisse et orne les lieux du culte ou qu'il décore les palais, était auservice de la religion ou des princes.

Le développement de l'industrie permet à l'art de s'émanciper.

Désormaisindépendant, l'artiste découvre qu'il ne tient pas son pouvoir de créer de Dieu, mais que celui-ci lui appartient enpropre.

C'est ce pouvoir de créer qui, d'une certaine manière, rend l'artiste égal à Dieu, qu'on appelle le génie.Application de la science, la technique repose sur une méthode scientifique précise dont toutes les démarches sonttransmissibles, renouvelables.

Même les techniques les plus complexes peuvent être décomposées, analysées dansleurs moindres détails, et réduites à des gestes simples.

Il suffit généralement de savoir ce qu'il faut faire pourréussir.

Quant à l'artisanat, il ne requiert aucune faculté d'invention ou génie particulier.

Seul l'art, qui repose sur lafantaisie créatrice de l'artiste, demande autre chose que « l'aptitude à savoir faire ce qui peut être appris d'aprèsune règle quelconque ».

Les Beaux-Arts doivent donc nécessairement « être considérés comme des arts du génie ».Que faut-il entendre par génie sinon « un talent qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règledéterminée » ? Certes, l'art, comme toute production, exige des règles, mais celles-ci ne préexistent pas à l'œuvre.Aussi le génie peut-il être défini plus précisément comme le talent naturel de « donner des règles à l'art ».

Il n'obéitdonc qu'aux règles qu'il se donne à lui-même.

Et puisque « le talent comme faculté productrice innée de l'artiste,appartient lui-même à la nature, on pourrait également s'exprimer ainsi: le génie est la disposition innée de l'esprit(ingenium) grâce à laquelle la nature donne des règles à l'art ».Sans doute doit-on trouver dans les produits de l'art « toute la ponctualité voulue dans l'accord avec les règles,d'après lesquelles seul le produit peut être ce qu'il doit être »; mais cela ne doit cependant pas être pénible« Il ne faut pas que le produit laisse transparaître la forme de l'école, c'est-à-dire qu'il porte trace apparente quel'artiste a eu la règle sous les yeux et que celle-ci a imposé des chaînes aux facultés de son esprit.

». »

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