Que nous apprennent les beautés de la nature sur la nature même de la beauté?
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— Chez Kant, la beauté de et dans la nature (beauté qu’il qualifie d’adhérente, par opposition à celle de l’art, qui est « libre ») est encore attachée à la singularité de l’objet et se trouve déterminée par un point de vue au moins partiellement finalisé (un beau cheval de course est différent d’un beau cheval de labour parce qu’on n’attend de lui ni les mêmes fonctions ni en conséquence les mêmes qualités). Même différence entre sublime « mathématique » (d’origine humaine : les Pyramides) et sublime «dynamique» (dans la nature), qui renvoie à l’idée de création divine.
D’où l’on peut déduire, si l’on admet ainsi l’existence de beautés de la nature, qu’elles nous apprennent précisément à repérer ce qui leur manque pour accéder à la dimension purement esthétique.
« -Chez Kant, la beauté de et dans la nature (beauté qu'il qualifie d'adhérente, par opposition à celle de l'art, qui est« libre») est encore attachée à la singularité de l'objet et se trouve déterminée par un point de vue au moins partiellement finalisé (un beau cheval de course est différent d'un beau cheval de labour parce qu'on n'attend de lui ni les mêmes fonctions ni en conséquence les mêmes qualités). Même différence entre sublime «mathématique» (d'origine humaine: les Pyra mides) et sublime «dynamique» (dans la nature), qui renvoie à l'idée de création divine. D'où l'on peut déduire, si l'on admet ainsi l'existence de beautés de la nature, qu'elles nous apprennent précisément à repérer ce qui leur manque pour accéder à la dimension purement esthétique. - Le chant du rossignol nous séduit à partir du moment où l'on croit y percevoir l'expression de sentiments humains, c'est-à-dire quelque chose qui se situe au-delà du rossignol naturel (Hegel). De la même façon, selon Kant, un bois usé par un torrent nous semble obéir à une volonté artistique, et c'est pourquoi il nous paraît émouvant. - Hegel est plus catégorique: la prétendue beauté de la nature ne peut rien nous enseigner sur la nature de la beauté dans la mesure où elle est de très loin inférieure puisque lui fait défaut la marque de l'esprit et de sa liberté. III. LA BEAUTÉ ARTISTIQUE DÉFINIT LES BEAUTÉS DE LA NATURE - Les beautés de la nature ne sont pas perçues universellement: ce qui est pour moi un beau paysage peut n'être qu'un ensemble d'obstacles pour le promeneur ou un terrain riche en gibier pour le chasseur. Pour les percevoir, il faut être désintéressé (au sens kantien) et cette absence d'intérêt dépend des circonstances dans lesquelles se trouve le sujet (ce qui n'est pas Je cas pour la beauté artistique). - Elles ne sont pas non plus perçues uniformément à travers l'histoire. Le« beau paysage» n'apparaît «beau» que relativement à la représentation (picturale, littéraire, photographique, cinématographique ... ) artistique d'un paysage (symbo liquement, on peut considérer que c'est Rousseau qui, au xvm• siècle, affirme définitivement que la nature peut être «belle»). -La perception de la «beauté» naturelle n'est donc pas immédiate: elle suppose au contraire l'intervention d'un travail artistique préalable (et donc d'une conception culturelle de la beauté). C'est ce dernier qui, en sélectionnant certains éléments de la nature et en les transformant, définit leur beauté potentielle et attire sur eux l'attention. CONCLUSION Les beautés de la nature, parce qu'elles ne sont ni spontanément ni «naïvement» perçues, ne font que confirmer le caractère culturel de la Beauté. Ce n'est qu'après l'élaboration de cette dernière qu'elles peuvent en évoquer -métaphoriquement - certains aspects. 90 »
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- Jean-Claude Tournand écrit : «Il a fallu que s'élaborent au moyen d'une longue expérience les règles de chaque genre, que les écrivains apprennent à en dominer les contraintes et à conquérir à travers elles l'art de communiquer leurs plus intimes pensées. L'idéal classique exige à la fois une idée suffisamment claire pour être totalement communicable, et un langage suffisamment précis pour communiquer cette idée et elle seule : l'idée ne doit pas échapper au langage, mais le langage doit rendre toute la singularité de l'idée. Cet accord profond qui supprime toute dualité entre la vérité d'une pensée et la justesse de son expression ne se distingue pas de la beauté. (...) C'est déjà par le moyen d'un discours bien lié que Descartes prétendait devenir «maître et possesseur de la nature», et il est bien, en cela, le premier des classiques. Sa méthode ne consiste-t-elle pas à réduire toute difficulté en un langage clair qui est analyse, mise en ordre, de telle sorte que la vérité apparaisse comme d'elle-même ? Aucune idée n'est admise pour vraie ni aucune œuvre admise pour belle si le langage n'élimine pas toutes les ombres, de manière à garantir que l'on n'a pas triché avec la réalité. Les Pensées de Pascal témoignent d'un vaste effort pour expliciter la mystérieuse action de la foi, et, lorsqu'on veut désavouer la raison, c'est à la raison que l'on demande ce désaveu. L'art de plaire lui-même doit pouvoir s'exprimer logiquement. Toute l'esthétique classique se réduit à chercher, toujours plus loin dans la complexité vivante d'une réalité - visage, idée, sentiment -, l'ordre qui permet de la saisir, à inventer entre les ressources du langage l'équilibre qui correspond seul à cette réalité-là, et à n'admettre dans l'œuvre aucun élément qui ne participe pas à cette correspondance.» (Introduction à la vie littéraire du XVIIe siècle, Bordas, 1970.) Acceptez-vous cette vision du classicisme ?