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Qu'échange-t-on par un baiser ?

Publié le 27/02/2008

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Ce sont cependant des amours de natures très diverses que le baiser pourra signifier : aussi bien l'amour charnel que la passion amoureuse. Remarquons que ces significations ne s'excluent pas les unes les autres entre deux mêmes amants : un baiser pourra survenir lors d'un fort désir sexuel mutel et, une autre fois, à l'occasion d'un simple moment de tendresse. Le baiser nous ouvre donc à un problème : une même activité de chair peut recevoir de nombreux sens distincts. Il nous faut donc comprendre ce qui peut donner sens au baiser comme simple activité de chair, et ce, à quelles conditions. ●         La question de la réciprocité, abordée plus haut, nous permet de creuser ce problème de la constitution d'un sens au baiser. Il apparaît en effet que cette  constitution est double : un sens surgit d'abord pour soi - c'est-à-dire que celui qui embrasse donne à son geste un sens - tandis qu'un autre surgit pour autrui - c'est-à-dire que celui qui est embrassé voit dans le geste d'autrui un sens qu'il reçoit de lui. Ces constitutions ne sont pas entièrement spontanées : elles s'appuient sur des habitudes et des représentations culturelles, c'est même en un sens à partir d'elles qu'il peut y avoir quelque chose comme un baiser. Elles ne sont pas cependant totalement prédéterminées : le baiser répond souvent à un désir immédiat d'embrasser, exprimant par là dans sa spécificité la vérité du désir de l'amant. ●         Le baiser peut-il, dès lors, donner lieu à un échange véritable? Ou ce qu'il y a d'échange dans le baiser n'en est-il pas que le niveau minimal, celui où rien du désir propre des amants ne transparaît, où seul un ensemble de significations toujours valables pour une culture donnée est une fois de plus réactivé?

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