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Quel enseignement peut-on recevoir de l'expérience?

Publié le 26/07/2005

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Rien ne paraît permettre à l'expérience de nous enseigner quoi que ce soit : elle nous dit bien que quelque chose est, mais elle ne nous en donne pas la raison. Il ne suffit donc pas d'avoir de l'expérience pour être instruit.           L'expérience en elle-même n'est donc pas susceptible de nous instruire réellement. Et si nos connaissances nous sont certes enseignées par l'expérience, elles n'en dérivent pas toutes : pour KANT, il faudra que l'entendement intervienne pour exploiter cette expérience « brute « afin qu'elle devienne réellement un savoir. C'est donc en quelque sorte l'esprit lui-même, qui, avec un savoir antérieur à l'expérience, pourra « instruire « cette expérience. Finalement, loin d'être l'origine de tout savoir, peut-être est-ce plutôt à l'égard de notre savoir que l'expérience est instructive ? Dans le début de la « Première introduction « à la Critique de la Raison Pure, KANT montre tout d'abord que l'expérience est bien « le premier produit que notre entendement obtient en élaborant la matière brute des sensations « et que c'est ce qui fait d'elle l'enseignement premier et inépuisable en instructions nouvelles. Toutefois, KANT dit aussi que l'expérience est également dans tous les cas particulière ; elle n'a donc en elle rien d'universel et de nécessaire. Elle est de plus a posteriori, c'est-à-dire qu'on ne peut tirer tout notre savoir de notre expérience, car le savoir-faire est caractérisé avant tout par ces  caractères qui manquent à cette dernière : l'universalité et la nécessité.         Passons maintenant à un autre niveau d'expérience que celui duquel nous sommes partis qui était l'expérience en tant que contact immédiat avec le réel puis en tant que savoir-faire acquis par l'usage de la vie, par la répétition et l'habitude.

Introduction

 

  • I. On reçoit tout enseignement de l'expérience.

1. L'expérience comme pratique : l'expérience enseigne le savoir-faire.

2. L'expérience comme rencontre du « réel «.

3. L'expérience, par opposition au discours, est la seule source d'un enseignement véritable.

 

  • II. L'enseignement n'est pas « reçu « de l'expérience, mais tiré d'elle.

1. Il n'y a d'enseignement de l'expérience que par une activité de l'esprit.

2. Premier aspect de cette activité : le langage.

3. Second aspect : la construction de l'expérience scientifique.

 

  • III. Le paradoxe de l'expérience : l'esprit s'instruit auprès d'une expérience qu'il construit lui-même.

1. L'esprit n'est pas produit par l'expérience : critique de Condillac.

2. L'esprit précède l'expérience : existence d'un enseignement qui n'est pas reçu de l'expérience.

3. La collaboration de l'esprit et de l'expérience : Kant.

Conclusion

 

« l'esprit à la naissance serait, selon une image à nouveau empruntée à ARISTOTE, comme une « tabula rasa », c'est- à-dire une tablette de cire vierge ; et qui serait ensuite « imprimée » deconnaissances grâce à l'expérience et par l'intermédiaire des sens.

On peutdonc arriver à la conclusion que c'est sur notre expérience sensible querepose tout enseignement.

Notre instruction proviendrait ainsi de tout ce que l'on appelle les «leçons de vie ».

L'expérience entendue maintenant au sens pratique, desavoir-faire, serait également source de sagesse.

Elle seule en effet, enopposition à l'enseignement scolaire, théorique, nous instruit de la façon d'agirdans la réalité.

Dans n'importe quel métier, c'est par l'expérience que l'onapprend ; l'on acquiert la technique uniquement par la pratique.

Aucun livrene pourrait par exemple remplacer l'expérience quotidienne du médecin.

Cen'est pas de manière théorique qu'il acquiert son savoir-faire : l'expérience oula pratique, la répétition dont résulte l'habitude propre à celui qui estcompétent est irremplaçable.

Seule la connaissance de cas concrets peut luienseigner la capacité d'appliquer avec sagesse des principes généraux.Contrairement au théoricien qui ignore la particularité des concrets, celui quia de l'expérience saura adapter les idées générales, théoriques, aux casparticuliers.

L'expérience nous enseigne donc notre métier, mais c'est aussigrâce à elle que l'on apprend à vivre.

Elle permet en effet d'éviter de répéterles erreurs du passé, elle nous donne des leçons.

Vivre une expérience, quelle qu'elle soit, est toujours enrichissante et nous permet de nous « construire ».

Combien plus riches nous paraissentles voyageurs et les aventuriers,, ceux qui ont « beaucoup vécu », parce qu'ils ont une expérience plus vaste etplus diverse que la nôtre.

L'expérience est donc une connaissance concrète qui nous semble supérieure à la théorie,apprise dans les livres, parce qu'il s'agit d'un savoir direct.

L'expérience entendue comme répétition de mêmes actes,est donc tout à fait susceptible de nous enseigner une certaine « connaissance de la vie ».

Elle nous apporte unenseignement que l'on ne peut savoir d'avance, mais seulement par l'usage.

Elle est donc indispensable et doitnécessairement compléter l'éducation qui, sans elle, resterait abstraite.

Pourtant, il est remarquable que le senscommun attribue une grande valeur à cette acquisition passive, souvent répétitive et routinière.

Nous avons donc vu que l'expérience instruit, mais encore qu'il est nécessaire, voire indispensable de passer parelle, que ce soit simplement pour acquérir un savoir-faire, mais aussi pour actualiser, appliquer un savoir théorique.Pourtant, avoir de l'expérience, cela suffit-il pour être instruit ? Certes, l'expérience, ici entendue comme contactimmédiat avec le réel, est à l'origine de nos connaissances, mais suffit-elle à rendre compte entièrement de celles-ci? Elle nous instruit, assurément, mais à quelles conditions ? En effet, d'après la thèse que nous enseignent lesempiristes, l'expérience sensible est à l'origine de toutes nos connaissances.

Mais, si leur thèse était cohérente, ilfaudrait qu'il soit possible de reconstituer tout notre savoir à partir de l'expérience seule.

Cependant, la sensibiliténous donne les notions les plus importantes des objets, mais elle ne nous dit jamais le « pourquoi » de la chose.Ainsi, la sensation ne nous explique jamais pourquoi le feu est chaud, elle nous informe simplement qu'il nous brûle.On peut se demander également si dans la constatation sensible d'un fait, l'expérience que l'on croît avoir n'est-ellepas en réalité construite par le sujet qui observe ce fait ? En effet l'expérience sensible, immédiate, est construitepar la langue, le passé du sujet, car tous ces éléments impliquant une certaine conception du monde ne reflètentpas forcément la réalité de celui-ci, la Vérité.

L'expérience n'apparaît donc pas à elle-même comme une activité, elleest spontanéité du sujet.

L'image ou la forme sensible d'un objet ne renvoie qu'à elle-même c'est-à-dire à une visiondonnée par l'affectivité, les croyances, les habitudes, les connotations des mots, qui produisent un monde tel que jesuis et non tel qu'il est.

L'expérience sensible varie donc en fonction du sujet ; en ce sens elle ne nous enseigne pasla réalité, mais que l'illusion et le préjugé.

Il faudrait donc toujours corriger nos impressions immédiates, ce quisignifie que l'expérience immédiate ne nous instruit pas, et peut même se révéler être une source d'erreur.

On peut également douter que l'expérience, cette fois-ci en tant qu'expérience morale, puisse être un véritablesavoir et par conséquent qu'elle soit si instructive que le croit l'opinion commune quand elle loue l'hommed'expérience.

En effet, plusieurs objections peuvent discréditer l'expérience morale en tant qu'enseignementvéritable de la vie : tout d'abord, l'homme d'expérience ne connaît pas le « pourquoi », la cause des choses qu'il aacquises avec l'expérience.

De plus, son savoir concerne uniquement des situations, des circonstances particulières,individuelles.

Or, de sa connaissance de cas particuliers, il ne peut déduire d'énoncés universels.

La premièreobjection consiste en effet à dire que l'expérience, loin d'être une véritable connaissance, n'est en fait qu'unehabitude : elle ne nous apprend qu'à reproduire machinalement ce que nous avons déjà fait plusieurs fois.

Enconséquence, elle peut, loin de nous instruire, nous tromper, nous induire en erreur.

Reprenons par exemplel'expérience du médecin : il peut croire que tel patient est atteint du même mal que le précédent parce qu'ilprésente les mêmes symptômes ; pourtant le mal dont il souffre peut être différent.

Ici l'habitude l'induit en erreurcar il ne cherche pas la cause véritable des choses mais se fie uniquement à tort à ses acquis.

La secondeobjection remet en question tout enseignement qui prétendait être fondé sur l'expérience : elle critique icil'induction.

Ce qui ne fait pas de l'expérience un réel savoir est le fait qu'elle ne soit qu'une connaissance de chosesparticulières.

On ne peut donc tirer d'enseignement réel de l'expérience elle-même, puisque rien ne prouve que ce. »

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