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Quel est le propre de l'homme ?

Publié le 24/05/2009

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Le propre d’une chose est ce qui lui est le plus essentiel. En ce sens, nous parlons d’essence ou de quiddité ; cette dernière étant le plus essentiel de l’essence. Savoir ce qu’est le propre de l’homme c’est tenter de définir ce que nous sommes. L’approche définitionnelle doit donc nous permette de nous spécifier. Cependant, produire une telle définition ne va pas de soi. En effet, l’homme est avant un concept et partant il est abstrait. Il s’agirait alors de trouver le dénominateur commun. Mais n’est-ce pas faire preuve alors d’imagination. Plus simplement, une telle définition est-elle possible ? C’est bien ce qui fait ici tout l’enjeu du sujet. S’il s’agit de définir dans un premier temps la quiddité ou l’essence de l’homme (1ère partie), faut-il s’interroger nécessairement la valeur d’une telle définition (2nd partie) donc envisager une nouvelle recherche (3ème partie).

« a) En effet, La Mettrie dans son ouvrage L'homme-machine réfute l'idée d'une âme organisatrice de l'homme, de son corps etc.

Pour lui, l'homme est un ensemble de rouage que l'on peut définir et trouver par la recherchemédicale.

Rien n'échappe au mécanisme intégral.

Nous sommes montés à la manière d'un montre ou d'une horloge quifonctionne seule sans intervention extérieure.

Ce que l'on nomme l'âme n'est rien d'autre qu'un rouage de lamachine.

Autrement dit, l'âme n'existe pas en tant que substance immatérielle : l'homme dans son ensemble n'estqu'une machine : une composition de rouages et de ressorts complexes ; son corps.

Mais même l'âme, qui est aucentre du cerveau, est un rouage de cette machine, son premier rouage.

Et les animaux aussi ont une âme.Cependant, la différence entre les animaux et les hommes est que les hommes ont reçu la loi naturelle c'est-à-dire,en somme, la raison : « L'Ame n'est donc qu'un vain terme dont on n'a point d'idée, & dont un bon Esprit ne doit seservir que pour nommer la partie qui pense en nous.

Posé le moindre principe de mouvement, les corps animésauront tout ce qu'il leur faut pour se mouvoir, sentir, penser, se repentir, & se conduire en un mot dans le Physique,& dans le Moral qui en dépend […] l'Ame n'est qu'un principe de mouvement, ou une Partie matérielle sensible duCerveau, qu'on peut, sans craindre l'erreur, regarder comme un ressort principal de toute la Machine, qui a uneinfluence visible sur tous les autres, & même paroit avoir été fait le premier ».

Avec humour alors, La Mettrie définitl'homme comme un « serpent marchant verticalement ».b) Il faut donc s'interroger sur la possibilité d'une définition a priori de l'homme et de ses implications.

Le problèmedéfinitionnel auquel nous devons faire face est bien la constitution d'un concept d'homme générique.

Or nous neconnaissons pas l'homme ne tant que tel, nous ne connaissons que des hommes ce qui reviendrait d'une certainemanière à la critique de Joseph de Maistre.

Bien plus, il faut donc voir que nos concepts sont formés comme leprécise Kant dans la Logique soit par comparaison, soit par réflexion, soit par abstraction.

Dans tous les cas il y a un travail effectif de la raison pour produire une définition.

Ainsi ma définition du chien diffère de celle de mon voisinmême si tous les deux nous pouvons nous entendre sur le sens à donner au terme de chien.

La question est donc detrouver un dénominateur commun.

Or la définition nominale a essentiellement un but pratique référentiel.

Il s'agit derendre compte d'une réalité.

Au-delà donc de l'objectivité de la définition il faut en saisir sa scientificité voire safécondité cognitive.c) Mais le problème définitionnel auquel nous sommes confrontés à pour origine le fait comme Spinoza le met en exergue au livre III, proposition II de l' Ethique .

Le problème alors est que chaque définition, lorsque nous essayons de produire un universel ne peut être le fruit que de l'expérience et de l'imagination.

C'est bien ce que note Spinoza dans l' Ethique , livre II, prop.

40 : « Scholie I : Je viens d'expliquer la cause de ces notions qu'on nomme communes, et qui sont les bases du raisonnement.

Mais il y a d'autres causes de certains axiomes ou notions qu'il serait dansnotre sujet d'expliquer ici par la méthode que nous suivons ; car on verrait par là quelles sont parmi toutes cesnotions celles qui ont vraiment une utilité supérieure, et celles qui ne sont presque d'aucun usage.

On verrait aussiquelles sont celles qui sont communes à tous, et celles qui ne sont claires et distinctes que pour les esprits dégagésde la maladie des préjugés, celles enfin qui sont mal fondées.

En outre, on apercevrait l'origine de ces notions qu'onnomme secondes, et par suite les axiomes, qui reposent sur elles, et plusieurs autres choses qui me sont venues en la pensée par la méditation de celles-ci.

— Mais ayant destiné à un autre traité, tout cet ordre de considérations etcraignant d'ailleurs de tomber dans une prolixité excessive, j'ai pris le parti de m'abstenir ici de toucher à cettematière.

Toutefois, comme je ne voudrais rien omettre en ce livre qu'il fût nécessaire de savoir, je dirai en peu demots quelle est l'origine de ces termes qu'on appelle transcendantaux, comme être, chose, quelque chose.

Ces termes viennent de ce que le corps humain, à cause de sa nature limitée, n'est capable de former à la fois, d'unemanière distincte, qu'un nombre déterminé d'images (j'ai expliqué ce que c'est qu'une image dans le Schol.

de laPropos.

17, partie 2).

De telle façon que si ce nombre est dépassé, les images commencent de se confondre ; et s'ilest dépassé plus encore, ces images se mêlent les unes avec les autres dans une confusion universelle.

Or, on saitparfaitement (par le Corollaire de la Propos.

17 et la Propos.

18, partie 2) que l'âme humaine est capable d'imaginerà la fois d'une manière distincte un nombre de corps d'autant plus grand qu'il se peut former dans le corps humainplus d'images.

Ainsi, dès que les images sont livrées dans le corps à une entière confusion, l'âme n'imagine plus lescorps que d'une manière confuse et sans aucune distinction, et les comprend toutes comme dans un seul attribut,l'attribut être ou chose, etc.

Ces notions, du reste, peuvent être aussi expliquées par les divers degrés de force quereçoivent les images, et encore par d'autres causes analogues qu'il n'est pas besoin d'expliquer ici, puisqu'il suffitpour le but que nous poursuivons d'en considérer une seule, et que toutes reviennent à ceci, savoir, que les termesdont nous parlons ne désignent rien autre chose que les idées à leur plus haut degré de confusion.

C'est par descauses semblables que se sont formées les notions qu'on nomme universelles ; par exemple, l'homme, le cheval, le chien, etc.

Ainsi, il se produit à la fois dans le corps humain tant d'images d'hommes, que notre force imaginative,sans être épuisée entièrement, est pourtant affaiblie à ce point que l'âme humaine ne peut plus imaginer le nombreprécis de ces images, ni les petites différences, de couleur, de grandeur, etc., qui distinguent chacune d'elles.

Celaseul est distinctement imaginé qui est commun à toutes les images, en tant que le corps humain est affecté parelles ; et il en est ainsi, parce que ce dont le corps humain a été le plus affecté, c'est précisément ce qui estcommun à toutes les images ; et c'est cela qu'on exprime par le mot homme, et qu'on affirme de tous les individus humains en nombre infini, le nombre déterminé des images échappant à l'imagination, comme nous l'avons déjàexpliqué.— Maintenant, il faut remarquer que ces notions ne sont pas formées de la même façon par tout le monde ;elles varient pour chacun, suivant ce qui dans les images a le plus souvent affecté son corps, et suivant ce quel'âme imagine ou rappelle avec plus de facilité.

Par exemple, ceux qui ont souvent contemplé avec admiration lastature de l'homme entendent sous le nom d'homme un animal à stature droite ; ceux qui ont été frappés d'un autrecaractère se forment de l'homme en général une autre image ; c'est un animal capable de rire, un animal bipèdesans plumes, un animal raisonnable, et chacun se forme ainsi, suivant la disposition de son corps, des imagesgénérales des choses.

Il n'y a donc rien de surprenant à ce que tant de controverses se soient élevées entre lesphilosophes qui ont voulu expliquer les choses naturelles par les seules images que nous nous en formons ».

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