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Quel est le rôle de la tradition dans la morale ?

Publié le 27/02/2008

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morale
Accorder à la tradition une valeur absolue, c'est s'interdire tout progrès; c'est même se contredire. Un traditionaliste logique doit mettre son idéal à reproduire servilement ce qui s'est fait jadis, à penser docilement ce que ses ancêtres ont pensé, rejetant comme une tentation mauvaise toute idée d'amélioration possible. Or, une telle conception méconnaît le caractère spécifique de l'homme, ce qui fait sa valeur morale : le pouvoir de s'élever de plus en plus au-dessus de l'animalité. Cette attitude implique même une contradiction interne. En réalité, le traditionaliste ne juge pas de la valeur d'une tradition d'après son ancienneté : personne ne songe à revenir à l'âge de la pierre taillée ou même à l'époque gallo-romaine. On s'attache à des traditions relativement récentes, point d'aboutissement de siècles d'évolution. Ainsi, on tient d'un côté qu'il n'y a qu'une règle de conduite bonne, la tradition; mais d'un autre côté on prend comme modèles des ancêtres qui se sont montrés relativement indépendants à l'égard des traditions reçues du passé, qui les ont modifiées, qui ont introduit des pratiques nouvelles et de nouveaux modes de pensée. On voit donc qu'un attachement illimité à la tradition serait une absurdité. Mais il y aurait aussi peu de sagesse dans un rationalisme rejetant tout ce qui nous est transmis du passé. En effet, les traditions ne sont pas créées artificiellement par le législateur.
morale

« pouvait être considérée par le traditionalisme théologique comme le roc sur lequel on pouvait bâtir sans crainte; lesconceptions ou les pratiques de nos ancêtres, elles, ne peuvent pas être tenues pour indiscutables.En effet, de ce qu'une chose a été crue pendant des siècles, il ne s'ensuit pas qu'elle est vraie; de ce qu'unepratique est générale depuis des générations, on ne peut pas en conclure qu'elle est juste ou bienfaisante.

De cequi est, on ne peut pas conclure à ce qui doit être.

Or, la morale indique ce qui doit être.D'ailleurs, nous constatons des divergences notables entre les traditions des diverses familles et des diversesnations : dans cette maison, on est traditionnellement protestant, tandis que la maison voisine esttraditionnellement catholique; ici, les sentiments royalistes semblent héréditaires, et là on est républicain de père enfils.

Cependant, la vérité est une.

Il y a donc, dans beaucoup de traditions, des préjugés erronés que nous avons ledevoir, dans la mesure du possible, de déceler et de rejeter.Les traditions doivent donc être soumises au jugement de la raison.

A chaque génération de voir si elles s'accordentavec une conception rationnelle de l'homme et de la société.

A chaque génération de les adapter aux circonstancesparticulières qui ont pu faire apparaître des exigences nouvelles.Ainsi, ce n'est pas la tradition qui fonde la morale.

La morale se fonde sur la raison, et la tradition elle-même ne peutêtre intégrée dans la morale qu'une fois contrôlée par la raison.

III.

LA COLLABORATION DE LA TRADITION ET DE LA RAISON. Une morale solide ne peut pas se fonder sur la tradition seule; mais le moraliste ne la négligera pas : il chercheraune collaboration étroite de la tradition et de la raison.Accorder à la tradition une valeur absolue, c'est s'interdire tout progrès; c'est même se contredire.Un traditionaliste logique doit mettre son idéal à reproduire servilement ce qui s'est fait jadis, à penser docilement ceque ses ancêtres ont pensé, rejetant comme une tentation mauvaise toute idée d'amélioration possible.

Or, unetelle conception méconnaît le caractère spécifique de l'homme, ce qui fait sa valeur morale : le pouvoir de s'éleverde plus en plus au-dessus de l'animalité.Cette attitude implique même une contradiction interne.

En réalité, le traditionaliste ne juge pas de la valeur d'unetradition d'après son ancienneté : personne ne songe à revenir à l'âge de la pierre taillée ou même à l'époque gallo-romaine.

On s'attache à des traditions relativement récentes, point d'aboutissement de siècles d'évolution.

Ainsi, ontient d'un côté qu'il n'y a qu'une règle de conduite bonne, la tradition; mais d'un autre côté on prend commemodèles des ancêtres qui se sont montrés relativement indépendants à l'égard des traditions reçues du passé, quiles ont modifiées, qui ont introduit des pratiques nouvelles et de nouveaux modes de pensée.

On voit donc qu'unattachement illimité à la tradition serait une absurdité.Mais il y aurait aussi peu de sagesse dans un rationalisme rejetant tout ce qui nous est transmis du passé.

En effet,les traditions ne sont pas créées artificiellement par le législateur.

Elles sont le résidu d'expériences et de contre-expériences multiples; il faut les considérer comme la solution à laquelle, après des tâtonnements en sens divers,s'est arrêtée la sagesse des siècles.

C'est donc la raison qui a créé les traditions; les traditions, qui nous paraissentactuellement irrationnelles, ne se fixèrent que parce que nos ancêtres en voyaient la raison, et on a pu dire qu'unpréjugé est une raison qui s'ignore.Respectueuse de tout ce qui est rationnel, la raison ne traite qu'avec respect les traditions dans lesquelles seconcrétise en quelque sorte la pensée rationnelle des temps passés.Enfin, la raison elle-même doit le reconnaître, tout n'est pas purement rationnel dans l'activité humaine.

Bien plus,avec la seule raison l'homme comprendrait les rapports des choses; il n'agirait pas.

Le ressort de l'action, c'estl'affectivité, le désir, le sentiment.

Or, on sait la puissance et la valeur de l'attachement aux traditions.La fidélité à la tradition est intimement liée à deux sentiments qui exercent une grande emprise sur le coeur humain :l'amour de la famille et le patriotisme.

Si nous tenons à certaines traditions, ce n'est pas ou ce n'est guère par goût,de l'archaïque; ces traditions nous sont chères parce que dans notre esprit elles sont indissolublement associées ausouvenir d'êtres à qui nous restons profondément attachés : ce sont nos parents et nos ancêtres que nous aimonsdans les traditions qu'ils nous ont léguées, et c'est pour cela que la tradition a un tel pouvoir sur nous.Ensuite, l'amour de la tradition détache l'homme de lui-même et l'insère dans le grand courant humain.L'individualiste, rivé à son point de vue, est nécessairement étroit, et il tombe tout naturellement dans l'égoïsme.

Letraditionaliste a des idées plus larges et rien de ce qui intéresse l'homme ne lui est étranger : il se considère commel'héritier d'un long passé; mais il n'oublie pas qu'il est aussi le père d'un avenir illimité.

Ainsi, l'esprit de tradition metl'homme à sa vraie place, lui fait prendre conscience de ses responsabilités.Il n'y a donc pas d'opposition entre la raison et la tradition.

L'homme doit sans doute contrôler le bien-fondé destraditions qui tendent à s'imposer à lui, mais il ne doit pas négliger les forces précieuses qu'il peut trouver dans lafidélité aux traditions familiales et nationales. CONCLUSION.

— Les progrès des sciences et de l'industrie ont bouleversé le monde moderne.

Que l'on compare les conditions de vie au début du XIXe siècle avec celles de la vie actuelle ?Ayant abandonné comme désuètes beaucoup de pratiques du temps passé, l'homme moderne a été facilementamené à considérer comme un anachronisme les pensées de ses ancêtres, leur conception de la vie et leur idéal;trop souvent il a rejeté les traditions les plus sacrées.C'est oublier qu'il est des lois éternelles que les progrès enregistrés dans les temps modernes ne sauraient rendrecaduques.

Le développement du machinisme peut bien poser des problèmes pratiques nouveaux; mais ces problèmesne peuvent être résolus qu'à la lumière des grands principes élaborés par la sagesse des peuples au cours des âges.Il faut être l'homme de son temps, mais éclairer son temps à la lumière du passé, à la lumière de la tradition.. »

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