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Quel est l'objet du désir ?

Publié le 12/06/2012

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Dans la recherche de l’objet comme réalité sensible, plusieurs choses ont été mises en évidence : la possession, but immédiat du désir, aboutit à la négation de l’objet, à une impossible satisfaction. L’obscurité de la recherche du désir révèle l’obscurité de l’essence du désir et l’obscurité de ce qui est poursuivi à travers l’objet. Il semble que l’homme désire l’objet non pour lui-même mais pour la dimension symbolique qui lui est rattachée et pour ce que cette dimension doit lui apporter. Cette dimension symbolique suggère alors que l’objet réel du désir n’est pas l’objet sensible, concret, mais un objet transcendant ou peut-être un objet qui ne préexiste pas au désir. Il convient donc de repenser à la fois la nature de l’objet et l’essence du désir. Revenir sur la question posée à partir du constat que la possession de l’objet poursuivi est également négation de ce même objet et par conséquent que le désir serait ce mouvement de négation de l’altérité.    Se faire, se conquérir en niant l’objet, telle est la finalité du sujet qui désire.  Le manque précède l’objet. Il est plus fondamental, plus essentiel qu’une absence d’objet. Le manque est manque d’être de telle sorte que le désir peut se définir comme absence à soi. Ceci explique que l’objet de l’épithumia conduise à une errance du sujet parce qu’il n’est qu’un substitut. Ce substitut renvoie... 

« ainsi réunies.

Le désir est recherche de l’achèvement de sa nature.

Le discours d’Aristophane souligne la souffrance de l’incomplétude qui crée le désir commeaspiration à dépasser cette incomplétude et souligne que la véritable nature du désir est Eros, donc porte sur l’autre comme autre soi, l’autre qui pourrait venirachever notre nature.

L’unité du sujet ne serait atteinte que dans la rencontre de l’autre, rencontre qui prendrait la forme d’une reconnaissance donc deretrouvailles de soi à travers l’autre.Cette dialectique complexe de la recherche de soi à travers l’autre, même que soi et autre que soi, Hegel lui donne une dimension plus universelle que ladimension amoureuse et remonte plus avant dans l’analyse de l’essence du désir.La dialectique du maître et de l’esclave montre que le désir fondamental a pour objet ultime la conscience de soi pleinement unifiée et révélée à elle-même.L’unité de la conscience n’est atteinte que si le désir porte sur une autre conscience qui joue à la fois le rôle de miroir et de médiateur.

Ce que le désir poursuitest une image stable du sujet dans la mesure où l’homme, livré à lui-même dans sa finitude et son inachèvement, est voué à l’angoisse.

Il ne coïncide pas aveclui-même et cette non coïncidence se manifeste par un désir errant, aveugle, jusqu’à ce que le désir se porte sur une autre conscience dans laquelle il pourra sereconnaître et par laquelle il pourra être reconnu.

Les objets sensibles immédiats n’avaient pu satisfaire notre désir car aucun objet ne nous permet de nousrassembler ou de nous retrouver ou de nous reconnaître.

Aussi dans la poursuite d’un objet sensible et de la jouissance, le sujet se perd et le manque demeureintact car il se manque lui-même.

D’où la nécessité d’un objet transcendant à sa manière càd non assimilable et d’un objet qui est désir lui-même.Allons plus loin : cette conscience hantée par le désir ne peut se trouver que lorsque son désir se porte sur un autre désir ; le désir est désir du désir de l’autre.En effet à quelles conditions la conscience est-elle reconnue ? Lorsqu’elle devient sujet du désir de l’autre.

Elle s’accomplie en provoquant le désir chez l’autre etelle se reconnaît dans sa dimension désirante en rencontrant le désir chez l’autre, le désir de l’autre portant sur soi.Le moi est bien le véritable objet du désir mais il ne le devient que confirmé par la reconnaissance de l’autre et devenu objet du désir de l’autre.

Mais n’y a-t-ilpas ici renversement dans lequel du statut de sujet nous passerions à celui d’objet ? Nous serions l’objet du désir.

Le désir devient le sujet.

Au fond le désir nese poursuit-il pas lui-même?Notons sur ce dernier point : que le désir soit désir du désir de l’autre pour mieux se retrouver soi, nous l’avions déjà en puissance dans le désir d’objet.

L’objetsuprêmement désirable c’est l’objet élu par l’autre ou possédé par l’autre.

Je désire ce que l’autre désire, à quelle fin ? Il y a certes le mimétisme par lequel toutsujet humain, fini et inachevé (donc qui doit se faire) se construit mais par delà ce mimétisme nous retrouvons le désir de devenir soi-même envié, désiré parl’autre.

C’est aussi ce que manifestait la dimension symbolique clairement ou obscurément attachée à l’objet du désir.

Cette dimension devait m’apporter un être- plus suscitant le désir chez l’autre. Le désir de soi semblait passer par la négation, l’assimilation de l’objet sensible mais laissait le sujet dans le manque, face au désir nu et dépourvu d’espérance(cf partie I)Le désir dans sa vérité serait désir de l’autre non comme autre mais comme même que moi.

(partie II)Le désir est supposé manifestation d’un manque.Mais il semble que le désir ne se poursuive que lui-même (ce qui expliquerait peut-être pourquoi il ne s’éteint jamais) .La relation établie à l’autre échoue qu’elle soit relation d’amour, recherche de fusion ou relation de lutte dans laquelle le sujet qui se cherche se met en positionde devenir objet.Les amants d’Aristophane ne retrouvent pas l’union originelle : deux ils demeurent ; la dialectique de Hegel n’atteint pas la reconnaissance de la conscience parune autre conscience.Avons-nous correctement identifié le désir en le posant comme manque ? (Dépasser l’hypothèse initiale) III)Nous avons déjà suggéré l’idée que l’objet du désir pouvait être un objet transcendant et nous avons vu une forme de transcendance avec le désir qui se portaitsur l’autre, comme médiateur vers soi.

L’objet transcendant peut être un objet non sensible ou un objet à créer par le désir.La première forme de transcendance était déjà présente dans la dimension symbolique de l’objet poursuivi.

En effet l’objet désiré est désiré parce qu’il noussemble bon et beau ; il est par conséquent plus que lui-même, porteur de ces valeurs vers lesquelles il fait signe.

Ce sont peut-être ces valeurs qui donnent unsens à la définition première du désir comme tendance qui nous pousse vers un objet que l’on imagine source de satisfaction.Ces valeurs du beau et du bon rendent au désir sa véritable nature qui est sa dimension spirituelle et son pouvoir de dépassement.

Elles rendent l’homme à lui-même.Alors que dans l’épithumia le désir errait d’objet en objet et l’homme se perdait dans un vide qui ne faisait qu’accuser, creuser son manque, dans le désirauthentique, la quête devient accomplissement de soi.

C’est le trajet qui importe et la finalité ultime qui permet d’effectuer le trajet.

Cette finalité c’est l’objettranscendant, objet qui est à la fois altérité et identité au sujet.

L’objet permet la réalisation du désir comme puissance et l’accomplisement de l’homme quand iltend vers cet objet.

L’objet c’est le divin dans la figure du Beau et du Bien.Le discours de Diotime (dans Le Banquet de Platon), montre que le désir est puissance de dépassement, tension vers le divin.

Puissance de dépassement ducorps vers l’esprit, du plaisir vers le bonheur, du sensible vers l’intelligible, de la multiplicité vers l’unité, de l’incomplet vers la plénitude d’être, de l’humain versle divin, du temporel vers l’éternel.

Tous ces termes jouent comme des équivalences.

Le terme visé par la dialectique ascendante est le Beau.

Lorsque le termeest atteint, le manque est dépassé car l’objet transcendant ne vient pas combler un vide mais rendre à l’absence son vrai visage : le désir est la nostalgiequ’éprouvait l’âme de sa vraie patrie.Touché par le Beau, l’unification avec soi-même prend sens, le désir dévoile le sens de la quête : c’est celle du sens de la vie.

La vie humaine doit s’accomplir àtravers des valeurs qui n’appartiennent qu’à l’homme.En quoi le désir s’affirme-t-il ici comme puissance et non comme manque ?Dans la rencontre du Beau, l’homme connaît l’envie d’enfanter.

Le Beau et le Bien donnent envie d’être plus et de créer de l’être.

L’homme comprend alors quecette tension du désir n’était pas un vide mais un trop plein qui demande à féconder.

Le désir est puissance de dépassement et puissance de création (par lecorps ou l’esprit).

Par lui l’homme excède la finitude initiale et son incomplétude.

Aucun objet du monde ne saurait lui offrir la complétude car le désir tend versautre chose et a pour finalité la sortie de l’homme de lui-même afin de créer et en créant, il s’accomplit.Donc le désir se désire bien lui-même en tant qu’il est cette puissance de dépassement par laquelle l’homme apprend à se connaître, à se réaliser et à viserl’immortalité.Le désir est la puissance d’exister qui se poursuit elle-même et qui est créatrice, nous avons cette dimension dans la pensée de Spinoza : l’effort propre àl’homme de persévérer dans son être.L’objet transcendant du désir est l’éternité dont la visée permet à l’homme de se connaître, de se dépasser et donc de s’accomplir. Conclusion : L’objet du désir est donc à la fois autre et même que le sujet ; en dehors car transcendant et au-dedans de nous ; préexistant au désir et crée parle désir.

C’est en atteignant l’objet que se dévoile la véritable nature du désir et que l’homme réalise que sa quête a été accomplissement de lui-même,accomplissement par lequel il a réussi et à se dépasser et à se retrouver.. »

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